Quel genre d’échanges as-tu avec tes lecteurs ?

Vous l’aurez remarqué, vous qui avez atterri sur ce blog : je suis de la race des auteurs qui communiquent. Qui se racontent. Qui se confient. Voire qui se déversent. Cette communication n’est pas tout à fait à sens unique, car il m’arrive parfois de découvrir (non sans ravissement) que mes élucubrations suscitent des réactions. D’où échange. Vous devez aussi commencer à savoir que je suis quelqu’un d’organisée (du moins en apparence). En invoquant cette capacité spéciale, j’ai établi une taxonomie* de mes correspondances avec mes lecteurs que je vais de ce pas vous livrer.

(*Ce qui ne signifie pas que j’ai décidé de les empailler.)

A. « Je veux bien le tome I gratuit comme indiqué dans la pub »

Ça commence souvent comme ça. Un petit message via le formulaire de contact, ou un MP sur un forum où je suis allée me poser avec mon tabouret et mon porte-voix. Ces premiers messages sont la plupart du temps courts, parfois un peu gênés aux entournures de demander à économiser 2,99€. (Faut pas, hein, c’est moi qui propose !). Il y en a de plus verbeux, aussi, dont les auteurs commentent déjà ce qu’ils pensent savoir de moi. Je réponds avec un message de longueur équivalente à celui qui a été émis. Sans réaction perceptible des primo-récipiendaires, j’envoie ensuite un petit mail « coucou, c’est remoi » après quelques semaines. Histoire de voir si LTPR – le tome I a fini sa vie sur un coin de disque dur où il prend la poussière, ou si la lecture s’est arrêtée dès la première page, ou si l’intégrale de la série a déjà été achetée en douze exemplaires. Les 3 cas sont possibles. Et la suite de l’échange nous permet justement de distinguer plusieurs sous-familles.

A.1. « Silence radio »

C’est ce qui arrive à peu près dans 60-70% des cas : je n’ai plus de nouvelle. Bah, tant pis.

A.2. « Heu, oui, désolé, mais j’ai pas eu le temps, là »

Ainsi que je le disais justement à l’un de mes lecteurs, le temps est décidément mon pire ennemi, celui qui me sépare de la gloire et de la fortune.

A.3. « Oh, tiens, j’avais oublié. Où est-ce que je vous ai fourrée, déjà ? »

On laisse tomber la double interprétation (hum) et on relance la machine.

A.4. « Désolé, mais vous ne correspondez pas à la ligne éditoriale de la maison »

De l’intérêt d’offrir le 1er tome gratuitement pour éviter les déceptions. Ce genre de réponse est toutefois assez rare. Je pense que ceux qui n’aiment pas ne répondent pas. Et je les comprends.

A.5. « Et sinon, on peut avoir le tome 2 gratuitement aussi ? »

Oui, j’ai déjà eu ce genre de question. Et la réponse est non. (J’ai un illustrateur intéressé aux bénéfices qui compte sur moi, dites donc !)

(Enfin je dis ça… parfois je me laisse amadouer quand même… mais chut !)

A.6. « Je suis votre plus grand fan »

Ce cas de figure, tout à fait intéressant, est traité en D.

B. « Moi aussi, j’écris des bouquins »

Etre auteur n’empêche pas d’être lecteur. J’ai l’honneur d’en compter quelques-uns dans mon lectorat. Taxonomisons en distinguant deux familles.

B.1. « Je suis passé(e) du côté lumineux de la Force, j’ai trouvé un éditeur »

Avec ceux-là, j’échange sur le plaisir d’écrire, le rapport aux mots, la quête de la phrase juste. Tout en essuyant le filet de bave qui s’est formé à la commissure de mes lèvres.

B.2. « Quelle baudruche, ce Marc Lévy »

La détestation de Musso-Lévy-50 shades est un cri de ralliement pour les auteurs non publiés. Avec ceux-là, j’échange sur le plaisir d’écrire, le rapport aux mots, la quête de la phrase juste. J’économise simplement un peu de salive.

C. « J’ai vu une faute, là »

Oui, bon, voilà, ça arrive. Et le lecteur féru d’orthographe, de grammaire et de syntaxe n’hésite pas à me faire remarquer les bugs que je m’empresse de corriger.

D. « Je suis votre plus grand fan »

Ahem. Reconnaissons-le, personne ne m’a jamais dit ça. Mais je range dans cette catégorie les « ça surpoutre des poneys », les « j’ai fini à trois heures du matin »,  les « quand sort le tome suivant ? », et les « j'ai adapté votre roman en scénario de film ». Oui, l'investissement de certains lecteurs est assez surprenant. Et effectivement, je peux passer des heures à discuter avec eux de l’évolution de mes personnages, de la cohérence de mes intrigues, de leur interprétation des courants de fond qui alimentent la Tentation. Parfois, on finit par parler de tout à fait autre chose. La relation s’est équilibrée ; nous sommes devenus amis.

Je termine ce post en image, avec ces photos envoyées ou postées par des lecteurs.

"Je suis bien entourée" version livre papier (crédits: Frag-Zéro)

"Je suis bien entourée" version numérique (crédits: Ewi)

Cette photo est juste parfaite (crédits: JeanNo)

Et puis si vous voulez savoir comment des auteurs plus grands que moi communiquent avec leurs lecteurs: Rue89 - Cher écrivain, lettres d'amour, d'admiration et de désespoir.

(Merci à TL de m'avoir envoyé ce lien qui m'a inspiré ce post.)

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Et résumer LTPR en 10 mots, tu sais faire?

Si j'ai droit à dix mots par tome, je peux essayer.

La tentation de la pseudo-réciproque: Mes profs sont des espions à la solde du gouvernement.

A l'X, le bicorne est incontournable: Perdu laboratoire top secret dans les méandres de l'administration.

Carrément à l'OUEST: Sea, sex & sun en Bretagne: trouvez l'intrus.

L'abominable canard des neiges: J'ai choisi de ne pas devenir maître du monde.

Comme un chien dans un jeu de bowling: Meurtre en chambre close dans une distillerie de whisky.

Opération Platypus: L'ornithorynque est à Las Vegas, je répète, l'ornithorynque est...

Là où les tortues luttent: Une fin possible à tout ce bordel. Ou pas.

...

Pas évident. Vous avez mieux à proposer?

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L'autoédition, c'est un truc de maso, en fait, non?

Non.

J'en veux pour preuve cet article que je postai tantôt sur un forum consacré à l'écriture (toujours le même) et qui me permet d'apporter une réponse si ce n'est définitive, du moins circonstanciée, à cette épineuse question.

Les plaisirs de l’autoédition.

Oui, vous avez bien lu. Ce que beaucoup vouent aux gémonies, comme une pratique honteuse dont les adeptes souffriraient d’une étrange combinaison de peste bubonique et de narcissisme congénital, peut être source de différents plaisirs.

- Le livre

Je parle bien du livre physique, celui avec des pages qui se froissent et se marquent de l’empreinte d’un pouce enduit de Nutella, celui avec une jolie couverture qui brille et une quatrième de couv comportant votre bobine ou tout autre avatar de votre choix, votre bio sur trois ligne et un résumé de votre opus (plus un code barre représentant votre ISBN et, oui, le prix unique de vente). Lorsque vous recevez ça par la poste en échange d’une dizaine d’euros, croyez-moi, vous êtes tout jouasse. Et il y aura forcément quelqu’un pour s’exclamer dans votre entourage: « oh, on dirait un vrai ». (D’ailleurs, c’est un vrai.)

Vous prendrez ensuite un plaisir certain à vous relire sur ce support imprimé. J’ai toujours trouvé que les fautes et les maladresses s’y voyaient plus qu’ailleurs, donc c’est déjà une bonne étape en termes de relecture finale.

- Les rencontres

L’autoédition ne peut pas être un exercice solitaire. Vous irez forcément à la rencontre de tout un tas de personnages : votre illustrateur, vos bêta-relecteurs, celui qui vous apprendra à sauvegarder automatiquement votre blog, les modos de ces sites où vous comptez faire votre pub, cerbères qu’il faudra dompter… Ces échanges se révèlent souvent passionnants et vous permettent de croiser des gens qui sont totalement en dehors de votre sphère habituelle.

- Les retours de lecteurs

C’est sans doute ce qui apportera le plus de petits frissons de joie le long de votre échine. Car contrairement à l’auteur d’un roman qui reste enfermé sur le disque dur d’un ordinateur en attendant un hypothétique éditeur, vous aurez des lecteurs. Quelques-uns, une poignée, que vous serez peut-être allé chercher par la peau du cou. Mais des vrais, pas des gens de votre entourage, pas des gens qui vous connaissent : des anonymes qui ne vous doivent rien. Et quand ils aiment, ceux-là, et qu’ils le disent publiquement ou en privé, vous n’en avez plus rien à faire d’être autoédité ou non. Je n’échangerai contre rien ces messages de deux-trois lignes ou parfois de plusieurs pages reçus de la part de ces lecteurs que j’ai réussi à embarquer dans mon univers, dont j’ai changé la vie pour ces quelques heures qu’ils ont passées en compagnie de mes personnages, qui ont vibré pour eux et – oh que je les en remercie – me l’ont fait savoir. Il est probable que je n’aurais pas continué à écrire sans eux.

- La maîtrise du temps

Vous êtes aux commandes. C’est vous qui décidez. Quand votre livre va paraître, sur quelles plateformes. Pas besoin d’attendre un an dans le doute de savoir si ça va marcher ou non, si vous arriverez à écrire la suite ou pas. Vous êtes le chef d’orchestre de votre marche en avant.

- La liberté

C’est casse-gueule, certes. Vous êtes libre de partir en vrille. D’être à côté de la plaque. Mais vous êtes aussi libre de faire exactement le livre que vous vouliez, vous n’êtes pas obligés de rentrer dans des cases, thriller, horreur, romance, fantasy, de vous plier à des règles commerciales de format et de style. Vous avez la liberté de faire quelque chose de différent.

- C’est moi qui l’ai fait

Cette petite courbe des ventes qui monte et qui descend, c’est le résultat de vos efforts. Quand elle monte, cela vous rend encore plus heureux.

Tout le monde sait que l’édition classique par une grande maison est une espèce de graal qui brille quelque part là-bas, très loin, dans une nuit sans étoile qui rend les chemins qui y mènent pratiquement invisibles. Ça n’empêche pas d’essayer de les emprunter. Mais ne pas toucher le rêve du doigt ne signifie pas que l’on en soit indigne.

Pour ma part, je crois aux rencontres qui se font ou ne se font pas. Aux yeux qui se posent sur la bonne ligne ou non. Au hasard, que l’on peut certes manipuler pour le faire tendre là où on voudrait aller (ça s’appelle mettre toutes les chances de son côté) mais qui gardera toujours sa part de secret, de mystère, d’aléatoire.

Je précise également que je ne méprise pas du tout l’édition classique, le cycle de vie du livre avec ses passionnés et ses emplois à la clé. C’est un système qui fonctionne, qui a fait ses preuves, et j’espère qu’il va durer. Je ne suis d’ailleurs pas à l’abri de faire un jour appel à lui, pour la Tentation ou pour autre chose. J’ai simplement envie de pousser le plus loin possible ma propre logique, de continuer, tant que cela m’amuse, à courir entre le four et le moulin… avant de me rabattre peut-être vers une tentative d’édition par ces maisons que tant d'autres convoitent.

En attendant, j’espère avoir réussi à passer un petit coup de bombe désodorisante autour de l’étiquette « autoédité ». Et que cela permettra à quelques histoires délaissées d’aller finalement à la rencontre de leurs lecteurs.

Même s’ils ne sont qu’une poignée.

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"Le journal d'un écrivain sans succès": quoi qu'est-ce donc?

Il y a des bouquins qui vous tombent dessus comme une évidence : un titre qui vous titille ; une couverture qui vous intrigue ; un pitch qui vous dit « j’ai été écrit pour toi, lis-moi » ; un auteur inconnu mais qui a le bon goût discutable de se cacher derrière un pseudo absurde et une photo de primate sur son profil Facebook.

Bon, « Le journal d’un écrivain sans succès » n’a pas tout à fait été de ceux-là.

Mais il aurait pu.

J’ai rencontré son auteur sur un forum de jeunes écrivains (toujours le même, malgré un ravalement de façade plutôt réussi) et nous nous sommes liés sur Facebook pour nous tenir au courant de nos activités respectives. Oui, les auteurs entre eux ont aussi cette tendance un peu mystérieuse à se renifler le train. (Histoire peut-être d’essayer de se piquer des lecteurs ?)

J’ai donc été avertie par voie de blog/Facebook/Twitter de la sortie imminente (qui plus est chez un éditeur-un-vrai) du journal en question. Son blog m’ayant donné un a priori favorable sur le style pince-sans-rire et vannesque de Jean-Fabien, c’est avec une réelle curiosité que j’ai pris connaissance du thème de son roman.

Il était une fois un ingénieur informaticien qui caressait l'espoir de devenir écrivain...

Tiens, me dis-je in petto, nous foulons les mêmes plates-bandes. Dès lors, l’étude de la concurrence s’imposait.

Profitant d’un passage à Paris (où j’échouai dans mon objectif principal qui consistait à placer subrepticement des exemplaires de LTPR dans les rayons de Gibert), je me procurai à la source un exemplaire du dit-bouquin. (Donc maintenant, en plus d’une dédicace de Tim Powers et de Terry Pratchett, j’en ai une de Jean-Fabien).

La grippe saisonnière me le fit dans un premier temps mettre de côté, mais comme il n’y a heureusement pas que les meilleures choses qui ont une fin, je retrouvai bientôt l’usage de mes connecteurs neuronaux – ceux dont j’ai besoin pour lire autre chose que la notice d’une boîte de Doliprane.

Très rapidement (dès la couv, en fait), je suis tombée sur ce passage, citant une lettre manuscrite reçue par Jean-Fab’ (je vous rappelle qu’on est potes sur Facebook, je l’appelle comme je veux) de la part d’un éditeur :

« Cher Jean-Fabien,
Merci de la confiance que vous nous avez témoignée en nous confiant votre manuscrit.
A vous de nous faire confiance désormais en nous lisant.
Si je prends ma plume, c’est que l’encre de mon stylo coûte moins cher que celle de l’imprimante, et que nous sommes en période de rationalisation de nos coûts.
Je vous en conjure donc : croyez-moi si je vous dis que vous êtes à la littérature ce que le hachis Parmentier Findus est à la grande cuisine.
Je vous avoue cependant ne pas avoir osé mettre votre « œuvre » dans le micro-ondes, même si telle est sans doute plus sa place que sur une étagère de bibliothèque.
Bien à vous, et sans rancune.
Alphonse V. »
 

Une telle communauté de destin ne peut être qu’un signe, me dis-je in petto pour la deuxième fois. (Nous noterons au passage la clairvoyance de cet Alphonse V. qui avait, semble-t-il, su détecter avant tout le monde les errements équins de la firme aux lasagnes frelatés.)

Et de me plonger à corps perdu dans les aventures de ce chef de projet informatique qui a l’idée de se prétendre écrivain pour draguer la minette (aka femme de sa vie de pseudo-geek pseudo-macho) pendant qu’autour de lui, son entreprise, ses collègues, son chef, partent gentiment en vrille, façon tourniquet (les systèmes round robin, ça vous parle ?).

Alors c’est drôle. Parfois trop. « Trop de vannes qui tuent tuent la vanne qui tue », me disait d’ailleurs un éditeur célèbre qui argua justement de ce motif pour refuser mes propres écrits.

Mais tant pis parce que moi, qui ne suis pas éditeur, j’aime bien.

D’échanges de SMS en extraits de blogs, en passant par des confidences sur polochon, on finit par le trouver attachant, ce Jean-Fabien habité d’un wannabeisme émouvant. Il a pourtant l’air de se foutre de beaucoup de choses, drapé dans son cynisme et son machisme comme dans une armure (drapé dans une armure ? Vraiment ?). Une armure qui protégerait finalement de tout, sauf de la solitude.

Le truc un peu troublant, c’est qu’il devient difficile de faire la part des choses entre ce que raconte le personnage Jean-Fabien et ce que raconte son auteur, Jean-Fabien. J’imagine que l’ambiguïté est voulue. Sinon, il y a quelque chose qui a foiré grave. Mais cette mise en abyme rend le livre d’autant plus intéressant (je vous rappelle que je suis juste pote sur Facebook avec JF, hein, ça veut dire que je ne le connais pas vraiment.) Le rapport à l’écriture (plus que celui au métier d’ingénieur, ou avec le sexe opposé) est un fil rouge sur lequel s’articule la trame du récit. C’est ce qui importe, au fond. Ce qui reste.

Je vous laisse juger si ce roman peut plaire à quelqu’un qui n’a pas fait des études d’ingénieur, qui n’abuse pas de la vanne pour masquer les doutes qui parcourent son moi profond et qui n’entretient pas avec l’écriture une relation psychotique.

Pour des raisons assez évidentes, je n’ai pas de réponse à cette question.

Et sinon, moi, ça m’a bien plu.

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J'ai plein de questions, je peux t'interviewer ?

Je ne connais pas beaucoup d'auteurs qui ne soient pas capables de passer des heures à parler de leur passion pour l'écriture et de leur rapport à la virgule.

Voici donc une interview réalisée par Renaud L., directeur de la publication du Coup de Venst, le journal des étudiants de Télécom Bretagne.

Pourquoi avoir commencé l'écriture ? Vous faisiez autre chose avant ?

J’ai eu la chance de pouvoir m’essayer très jeune à plusieurs activités comme le tennis, la danse, le violon et même la programmation informatique en plus de l’écriture. J’ai décidé de persévérer dans celle où j’avais l’impression de contrôler autre chose que des petites balles jaunes, de ne pas mettre mon corps ni celui de mes voisins en danger, d’épargner l’audition de mes proches et de réussir à faire passer des émotions. Même si je ne doute pas qu’un programme informatique particulièrement bien codé puisse faire venir les larmes aux yeux.

Et maintenant, que préférez-vous dans l'écriture ?

Il y a trois phases dans ma façon de travailler pour créer un livre : la mise en place de l’intrigue, avec la complexité inhérente à des histoires policières, l’écriture elle-même faite de ces moments de joie où le bon mot se retrouve exactement à la bonne place, et l’attente angoissée des retours de mes lecteurs. Ce que je préfère, c’est la succession de ces trois phases et de prendre un plaisir égal à chacune d’entre elles.

Je vois sur votre site que vous gagnez apparemment de 1000 à 10 000€ par an : donc vous ne vivez pas de l'écriture. Comment concilier votre vrai travail à l'écriture et les autres activités sociales ?

Hem, mon activité littéraire me rapporte même beaucoup moins que ça ! Il n’y a d’ailleurs guère plus d’une centaine d’auteurs en France qui peuvent vivre exclusivement de leur plume de romancier. Concilier son travail d’écriture avec la vraie vie, celle où on passe du temps avec son conjoint et ses enfants, celle où l’on doit gagner de l’argent pour payer son loyer, c’est donc le lot de milliers d'écrivains. Il n’y a pas de secret, pour y parvenir, il faut de l’organisation. Savoir segmenter ; se concentrer ; équilibrer ; dormir peu. Un conjoint compréhensif, ça aide beaucoup aussi.

Vous voyez l'écriture comme un besoin, un hobby, une source de gloire ... ? Si c'est un besoin, est-ce sain comme addiction ?

C’est un besoin, un hobby et une source de gloire, même si on ne rencontre cette dernière qu’à travers quelques "like" sur sa page Facebook. Il faut savoir que c’est une addiction. L’envie d’écrire peut tout engloutir sur son passage et mettre en péril votre relation avec la vie réelle si vous n’apprenez pas à la maîtriser. Ce qui la rend acceptable, à défaut de saine, c’est la capacité du drogué à se faire passer pour un être normal auprès de son entourage. Même si lui sait qu’il n’est est rien. Mouhahaha (rire dément).

Considérez-vous vos romans comme autobiographiques ? Est-ce plus facile d'écrire sur un sujet que l'on connaît si bien ?

La Tentation de la pseudo-réciproque n’est pas une autobiographie (je n’ai jamais déjoué d’attentat visant à faire exploser mon lycée et je doute que la laverie de Télécom Bretagne abrite le genre de fantôme dont je parle dans le tome 3…) mais elle contient évidemment des éléments tirés de mon expérience. Le lycée Pépin-le-Bref est un concentré de Louis-le-Grand et de Fénelon, l’école d’ingénieurs OUEST et son campus battu par les vents situés sur la Pointe des Corsaire rappelle bien sûr TB (et le Karrément à l’Ouest le CDV…). Mais j’y ai surtout glissé mes doutes, mes angoisses, et mes espoirs. Je ne sais pas si c’est plus facile de parler de quelque chose que l’on connaît, mais pour ma part, c’est ce que j’avais envie de faire.

Maintenant, avec le recul, que pensez-vous de votre prépa ? Des regrets ?

Non, aucun ! Même si j’en ai bavé à l’époque. Sans doute pour de mauvaises raisons. Mais sans ce passage-là, je ne serais pas là où je suis actuellement : pile au bon endroit ! Mon seul regret, c’est que le rythme de la prépa ne m’a pas donné le temps de prendre du plaisir à apprendre. Je me rattrape maintenant, grâce notamment à ma collaboration avec le magasine Tangente Sup pour lequel j’écris des « nouvelles à caractère mathématique ». Cela m’oblige à remettre de temps en temps le nez dans des équations.

Est-ce que votre formation vous a aidée pour l'écriture ?

C’est plutôt l’écriture qui m’a aidée dans ma formation, puis dans mon métier d’ingénieur. Etre capable de s’exprimer, de se faire comprendre, de donner à vos interlocuteurs l’envie de vous lire et de vous écouter, ça sert à bien d’autres choses qu’à écrire des livres.

Vous décrivez vos livres comme scientifiques, policiers, initiatiques, d'espionnage, politiques, d'amour, d'horreur. Vous ne semblez apparemment pas capable de vous cantonner à un style. Est-ce pareil dans la vraie vie?

Je n'ai pas volontairement cherché à écrire quelque chose qui soit à cheval sur plusieurs cases, j'ai simplement pris conscience que je n'entrais vraiment dans aucune quand je me suis mise en quête d'un éditeur. Un éditeur, contrairement à moi, ça aime bien les cases. Mais pour exister, mon histoire a besoin de toutes ces composantes qui peuvent paraître disparates. Et puis il s'agit moins d'une diversité de styles que d'une diversité de genres au service d'une trame que je crois (que j'espère!) originale. Ensuite, dans la vraie vie... je pense que je ne ressemble pas à ce que j'écris. Kylie Ravera n'est au final qu'un personnage de mon histoire, et je sais m'en détacher quand il s'agit de faire des choses où la folie n'a pas sa place (écrire un cahier des charges, concevoir une présentation powerpoint, calculer un ROI, préparer le dîner...)

Vos lectures sont-elles aussi éclectiques ?

Mes lectures sont effectivement éclectiques: grands classiques français et anglais, polar, SF, Fantasy. Il n'y a guère qu'avec le roman contemporain français que j'ai du mal. Beaucoup de succès actuels me font lever un sourcil cironspect. Et souvent les deux.

Que conseillerez-vous à quelqu'un qui veut se lancer dans l'écriture ?

De ne pas se poser de question. La gloire ou la fortune, je ne pense pas que l’on puisse se fixer comme objectif de les atteindre, car c’est complètement aléatoire. On écrit parce qu’on ne peut pas faire autrement. Se faire lire, ensuite, c’est une autre histoire…

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C’est quoi, le « Manège des amertumes » ? Et c’est qui, Isabelle Baldacchino ?

Une fois n’est pas coutume, je vais prendre les choses à rebours et tâcher de répondre d’abord à la deuxième question. Alors :

« Isabelle Baldacchino est née en Hainaut (Belgique) et y vit toujours. Professeur de français, patronne de restaurant, comédienne, animatrice d’atelier d’écriture... Elle trouve même le temps d’écrire. En 2010, elle ose enfin confronter sa prose au regard du public. Elle remporte des concours de nouvelles et publie dans des ouvrages collectifs. Elle séduit enfin les Editions Quadrature en 2011 qui retiennent « Le manège des amertumes », une œuvre soutenue par le Fonds National de la Littérature. »

Bon, je ne prends pas beaucoup de risques, c’est comme ça que les Editions Quadrature présentent très officiellement leur nouvel auteur.

Mais Isabelle, c’est aussi la plume derrière ce blog, celle qui vous donne des envies de vous tordre en deux en tapant du pied sous la table (parce que rire ça peut faire mal des fois. Elle vous conseillera d’ailleurs sûrement de vous remettre de vos émotions à coups de liqueur extraites de chocolats Mon chéri.) Enfin ça, c’est quand elle était maudite. Que nous trinquions ensemble entre auteurs non-édités, elle au mazarelli et moi au chouchen (particularisme régional oblige) pour oublier dans les vapeurs d’alcool les piques scélérates d’éditeurs forcément torves, véreux et moches. Faut croire qu’on s’était trompées sur au moins l’un d’entre eux. Puisque Isabelle est passée de l’autre côté, celui lumineux de la Force, et voilà donc un an qu’elle prépare la sortie de son premier recueil de nouvelles chez Quadrature : Le manège des amertumes.

Nous y sommes, je vais pouvoir aborder la première question. Et vous en dire un peu plus sur ce qui tourne en rond dans le Manège d’Isabelle.

Déjà, elle cache bien son jeu, la coquine. On la sent toute guillerette derrière son blog, à s’enivrer virtuellement de bons mots tout en haranguant le passant avec une gouaille généreuse. Le titre de son opus m’avait certes mis la puce à l’oreille (« amertume guillerette » n’est pas une expression très usitée, reconnaissons-le) mais j’avais tout de même en tête quelque chose de léger, de fun, de marrant, quand j’ai double-cliqué sur son pdf (reçu en avant-première en ma qualité de blogueuse littéraire… hum).

Autant vous dire que ça m’a fait comme un choc. Non, on n’est pas dans le léger, le fun, le marrant. Mais dans le dur, le réel, le froid, le clinique. Parfois, le glaçant. Ce que nous raconte Isabelle – à travers les 4 nouvelles que j’ai pu lire en tout cas – ce sont des tranches de vies maltraitées, abîmées, tiraillées, qui laissent sur le bout de la langue l’amertume promise. Pas de tromperie sur la marchandise. Même si, quelque part, en raison de ce que je lis, en raison de ce qui habituellement me plaît, j’aurais voulu être trompée. Pourquoi ne me suis-je pas arrêtée dans ma lecture, dès le thème de la première nouvelle compris et encaissé ? A cause des mots d’Isabelle. De leur force hypnotique. De leur façon de rimer et de vibrer en harmonie avec un je-ne-sais-quoi, chez nous, qui demande à être violenté.

« Je le regarde, le sens, le respire, le touche, le caresse.
Je le pense à cent mots, à mille messages.
Je pense, mais je n’arrive pas à dire.
Mes voix multiples se coincent dans ma gorge sèche. »
 
« Je pose enfin les armes. J’ai enlevé ma cuirasse et ma muselière.
Je parle, raconte, avoue, bafouille, chuchote, murmure.
Le moment arrive où on ignore la suite, où l’histoire n’a pas de chute.
Où l’attente se donne pour seule compagne. »
 

La mise en forme n'est pas l'originale, mais j'ai voulu disposer ces phrases ainsi pour souligner leur scansion. Car c'est cette poésie en prose qui m’a conduite à travers les pages aussi sûrement que si un spectre m’avait tenue par la main. On a rarement envie de suivre un spectre mais pas tellement envie de le contrarier non plus. Et le désir de découvrir où il va nous mener finit par être plus fort que tout.

Je n’ai pas encore fait le tour du manège d’Isabelle, peut-être réserve-t-il d’autres surprises, des chevaux de bois aux canines de vampires ou une sirène prête à nous entrainer au fond d’une cave – un endroit bien pire que le fond de la mer. Mais je le conseille aux amoureux des belles phrases qui veulent bien se laisser captiver par des histoires en quête d’espérance.

Oh, et je finis quand même par une petite preuve que l’humour n'a pas complètement déserté le carrousel :

« 22h30 : Merde, mon patron m’offre un verre.
02h04 : Je me réveille. Ouf. J’ai fait un cauchemar horrible : j’ai rêvé que je fraternisais avec l’ennemi du prolétariat.
02h04 et 10 secondes. C’est qui ce type dans mon lit ?
02h05 : Je suis au lit avec mon patron. »
 

 Je n'hésiterai pas, pour ma part, à monter à bord.

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J’aime bien ce que tu écris. Je peux faire quelque chose pour t’aider ?

C’est gentil, ça, ami lecteur. Ça mérite un bisou.

Et j’ai effectivement quelques idées sur ce que tu pourrais faire pour contribuer à assouvir mon désir dévorant de gloire et de reconnaissance.

Pour te rendre la tâche plus facile, je les ai même classées suivant le principe dit de la liste.

  •  Glisser, l’air de rien, sur un webforum (où tu es de préférence un membre reconnu et respecté, voire un admin) : Hé, les poteaux, j’ai lu un chouette bouquin sur un étudiant en math sup qui pense qu’un diplôme d’ingénieur permet d’ouvrir les portes de la félicité éternelle, que ses profs sont des espions à la solde du gouvernement et que les pâtes lyophilisées, c’est le bien. Et aussi, il parle à son chat. Qui lit l’avenir dans les bols de croquettes.* (*Ce résumé est évidemment adaptable. Pour ma part, je crois que je viens de commettre le pire d’entre eux en 6 ans de promo.)
  • Liker ma page Facebook. En fait, je ne sais toujours pas bien à quoi ça sert, mais dans les dîners en ville, se balader avec ses « j’aime » autour du cou fait toujours son petit effet.
  • Me suivre sur Twitter (@kylieravera). Ce qui n’offre pas un énorme intérêt littéraire parce que je suis assez nulle en haïkus, mais permet d’être au courant de mon actualité (qui se résume en général à : « la barre de progression de #LTPR tome x est rendue à y% »).
  • Offrir le tome I de LTPR au format papier à tes potes (ou à ta mère, ou à qui tu veux, je ne suis pas très regardante sur le profil de mes lecteurs.) Variante : offrir les 7 tomes. Variante : les offrir par palettes de 100.
  • Poster une critique sur Amazon ou Sens Critique. Pas trop bonne parce que sinon ça fait chiqué. Ou assassine-moi, tant que tu y es, pour voir s’il se trouvera quelqu’un pour me défendre !
  • Te tatouer « Perlipopette 4ever », sur une partie visible de ton corps (autrement, l’impact publicitaire est limité. A moins d’être naturiste. Ou champion de plongeon. Ou participant à une émission de téléréalité munie d’une piscine. Dans ce dernier cas, j’offre le tatouage.)
  • T’enchaîner au portail des Editions Albin Michel et refuser d’en être délogé tant qu’ils n’accepteront pas d’éditer LTPR. Prévoir une doudoune, un duvet et des réserves de nourriture pour plusieurs années.
  • Transformer les 7 tomes de LTPR en scénario pour 8 films (tu trouveras bien le moyen de couper le septième en deux), recruter un acteur genre aimable loser (Ben Stiller jeune ?) pour le rôle de Peter, une inconnue au charme fou pour Eléanore, un chat pour jouer Perlipopette, et un réalisateur un peu dingue qui sait faire passer des messages très sérieux sous couvert de plaisanterie. Puis obtenir un droit de tournage dans des lieux aussi divers que le lycée Louis-le-Grand, le campus de Télécom Bretagne à Plouzané, les hôtels Bellagio et Wynn de Las Vegas, et le Taj Mahal. Et tourner.
  • A défaut, produire pour Youtube un petit film de promo décalé avec des photos de chats tout rigolos et tout mignons qui raconteraient l’histoire de la saga LTPR sur une musique tour à tour envoûtante et endiablée
  • M’obtenir un passage à la télé dans l’émission de… en fait non, je ne vois pas ce qui pourrait m’intéresser. La radio, c’est mieux.
  • Mettre la bouille du chat Perlipopette sur des mugs de café / t-shirt / stylos / chauffe-tasse USB et aller les distribuer devant les lycées
  • Faire une anti-razzia dans la librairie Gibert Joseph en glissant subrepticement des paquets de LTPR dans les sections polar, science, politique, société, romance et plus si affinité
  • Ne pas faire de lipdub (je parie que tu ne sais même plus ce que c’est, de toute façon)
  • Racheter Virgin et mettre LTPR en tête de gondole dans chaque magasin
  • Ou coller des flyers sur la devanture de ton boulanger

Tu vois, il y a plein de possibilités, et des scénarios pour toutes les bourses. Tu es libre d’inventer les tiens. C’est un exercice amusant.

Mais même si tu ne fais rien de tout cela, ami lecteur, laisse-moi tout de même te remercier pour tes rires et tes larmes. Que tu les partages ou les gardes pour toi, au final, n'a que peu d'importance. Je suis simplement heureuse, et tellement fière, d'avoir réussi à te toucher.

 

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Le tome 7 est dans les bacs... Comment ça va?

Alors, en vrac, ce qui me passe par le cerveau :

- fierté : j’ai mené à son terme un projet débuté il y a 6 ans. Si quelqu’un m’avait dit à l’époque de cette fameuse balade dans une forêt tchèque que j’écrirais près de 2000 pages… ben je pense que je l’aurais cru, parce que quand j’ai foi en une idée, je ne lâche rien. 😉

- doute : comment mes lecteurs vont-ils accueillir la fin que je leur propose ?

- angoisse : ils vont détester. Non, pire : être déçus.

- joie : 6 ventes une heure après le lancement (à minuit, pourtant)

- stress : est-ce que j’ai mis les numéros de page ?

- chouchen : je prendrais bien un p’tit coup, en fait. Histoire de me détendre.

- déception : y a plus de chouchen dans la réserve.

- existentialisme : mais que signifie la littérature dans un monde qui a faim ?

- détachement : ce n’est pas comme si je faisais ça pour gagner ma vie…

- youpi : une septième vente !

- inquiétude : ça fait vingt minutes que le compteur n’a pas bougé (bon, il est 1h30 du matin, d’accord…)

- espoir : et si un type comme Alexandre Astier tombait sur LTPR et décidait de l’adapter en film ?

- espoir (bis) : et si Woody Allen… Non.

Ascenseur émotionnel… Je veux descendre !

Mais je me dis que connaître tout ça, c’est déjà une chance exceptionnelle. Quel que soit le verdict de la foule.

J'ai quand même réussi à dormir cette nuit.

 

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Qu’est-ce que tu as reçu pour Noël ? Et c’est quoi le rapport avec un entonnoir ?

Pour Noël, un lecteur m’a fait une jolie surprise : il a fait paraître dans l’e-newsletter des Mines un petit article disant, en substance, « venez découvrir La tentation de la pseudo-réciproque, une saga en 7 tomes qu’elle est chouette ». Suivi d’un lien sur mon site.

Et voici ce que ça a donné en termes d’impact (attention, dans ce qui suit, des bouts de marketing inside) :

- La diffusion de la newsletter concerne une population d’environ 400 personnes, anciens élèves des Grandes Ecoles des Mines. Une base de lecteurs potentiels plutôt bien ciblée, donc.

- J’ai pu constater, dans les deux jours suivants l’envoi de l’e-mail, un pic de fréquentation de mon site : 85 nouveaux visiteurs, alors qu’en général, en l’absence de toute actualité, je suis plutôt aux alentours de heu… 5. Hop, sur les 85 nouveaux venus, attribuons-en 80 à la newsletter !

- Via mon formulaire de contact prévu à cet effet, 15 personnes m’ont fait une demande pour obtenir le tome I que je propose gratuitement au format électronique. Des messages aux corps divers et variés, allant du vide (mais tant que j’ai une adresse mail valide, je réponds avec un pdf en pièce jointe !) à de longs et précieux encouragements (et ça, c’est vraiment super sympa !).

- En une semaine, 5 ex-mineurs m’ont acheté des livres : une série complète au format électronique, 2 tomes 1 pdf/kindle, 2 tomes 1 au format papier, soit 10 bouquins au total.

Ces chiffres nous permettent d’illustrer la notion « d’entonnoir des ventes » (à prononcer sur un ton docte et sérieux si vous voulez faire votre petit effet).

Sur un dessin, ça donne ça :

Vous voyez d’où elle vient, cette histoire d’entonnoir ?

Eh bien voilà mon cadeau de Noël :-).

Il ne me reste plus qu'à espérer que les mérites du tome I de LTPR permettront à cet entonnoir de continuer à s'évaser...

Et à vous remercier, amis lecteurs, pour votre envie de me partager.

 

 

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Comment ça se passe avec ton illustrateur?

Et voilà comment les choses se passent avec M. Sam Drakulls…

J’ai toujours des idées très arrêtée sur les éléments clés que je veux voir apparaître sur les dessins de couverture. Chaque illustration doit être une énigme en elle-même, avec des détails qui ne se révèlent qu’après un examen attentif. Je fournis ma liste des courses à Sam qui commence par me traiter de malade mentale. Mais comme il est du genre à relever les défis (et qu’il reconnaît être un peu malade lui aussi), il accepte le projet. Passent quelques mois, pendant lesquels, en général, son PC crashe, ce qui fait qu’il perd mon briefe. J’en profite pour finir mon bouquin et je commence gentiment à le harceler. Alors il se met au travail à partir des bases que je lui ai données. Il aime bien teaser aussi, le bougre, alors j’ai droit à des bouts d’image de temps en temps. Je n’ai jamais eu à le reprendre sur la composition qui a toujours correspondu pile-poil à ce que j’avais imaginé. Ensuite, on discute des détails, de ces petits trucs spéciaux qui feront que l’illustration collera parfaitement à l’histoire. On tombe toujours d’accord au bout de quelques minutes d’échange, au point que je me demande parfois s’il n’a pas placé une sonde dans mon cerveau. Le lendemain (parce que lui aussi en phase créative ne doit dormir que cinq heures par nuit), j’ai une première version qui me fait exécuter une danse de la joie. Forcément, derrière, Sam va passer des heures en peaufinage parce qu’il est perfectionniste, mais à ce stade-là, je sais déjà que c’est gagné.

Il n’y a que pour le tome III que les choses se sont déroulées un peu différemment. A cette occasion, c’est moi qui ai modifié mon roman pour m’adapter à la couverture. Elle représente le détail d'un tableau qui joue un rôle central dans l’intrigue.

Ces illustrations font à présent partie intégrante du cycle de la Tentation.

Et je souhaite à Sam, Belge venu s’installer en France, que son talent lui fasse un jour payer énormément d’impôts.

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