Qu’est-ce que ça fait de devenir maman ?

Alors d’aucuns demanderont quel est le rapport du biniou avec la saga de la Tentation. C’est vrai, quoi, on n’est pas là chez Delarue à déballer notre vie privée. A ceux-là je répondrais que : primo, taper sur un clavier d’ordinateur d’une seule main, ça prend vachement plus de temps et qu’il risque d’y avoir un impact non négligeable sur la date de sortie du tome 5. Deuxio : on est là aussi dans un processus de création, fait de doutes, de questionnements, d’inquiétudes et d’espoir. Puissance douze. Tertio : c’est mon blog, j’y parle de ce que je veux.

Donc, qu’est-ce que ça fait de devenir maman : déjà, ça fait mal. Mais je ne m’étendrai pas sur ce point, je me permets de vous rediriger vers le sketch de Florence Forresti qui traite cela de façon quasi documentaire. Ensuite, cela déclenche dans votre vie un séisme de degré douze (encore) sur l’échelle de Richter qui en compte neuf. Rien ne sera plus jamais comme avant. Vous avez beau avoir lu des dizaines de bouquins sur le sujet, regardé chaque émission des Maternelles pendant tout votre congé mater, écumé les forums spécialisés qui pullulent sur le web, recueilli les témoignages de toutes les mères de votre entourage, rien ne peut vraiment vous préparer à cette révolution qui bouleverse le corps et l’esprit. C’est un nouveau centre de gravité qui s’impose dans votre espace, un nouveau soleil qui éclot dans votre galaxie. Impossible d’échapper à son attraction, une chaine invisible vous relie à lui, dont la longueur est fonction de la fréquence et de la durée des tétés (oui, j’ai choisi d’allaiter). La notion de temps, elle, est carrément bouleversée. Les jours et les nuits s’articulent autour des mêmes gestes qui semblent devoir se répéter à l’infini. Entre les pleurs (oui, j’ai choisi de ne pas lui donner de tétine) un silence précaire s’installe dans votre demeure, celui qui ne doit pas perturber le sommeil du nouveau venu, prix inestimable gagné de haute lutte. Quand un parent compatissant vient vous décharger pendant une courte heure de l’écrasante responsabilité qui est désormais la vôtre, vous en profitez pour mettre le pied dehors, pour la première fois depuis des semaines. Vous pleurez de bonheur en faisant vos courses chez Leclerc alors que vous avez toujours détesté ça. Vous pourriez sauter au cou de la caissière qui vous gratifie d’un « merci - au revoir », signe que vous faites toujours partie du genre humain. Puis vous rentrez chez vous, retrouver cette part d’animalité récemment découverte. Vous avez beau être à la base quelqu’un de rationnel, vous plongez la tête la première dans ce puits d’inquiétude sorti de votre ventre : la courbe de poids, la couleur des selles, la tonalité des pleurs, tout est source d’angoisse. Au bout de quelques semaines, épuisée, le cheveu en bataille, des containers sous les yeux et les épaules aromatisées au lait caillé, vous vous penchez au-dessus du berceau où repose le tuyau que vous avez mis au monde, et vous songez avec désespoir que vous avez beau être issue d’une longue lignée de mères, peut-être que vous n’étiez pas faite pour ça.

C’est alors que le bébé ouvre les yeux, vous regarde et sourit. Et soudain, plus rien d’autre n’a d’importance.

Puisses-tu dans quelques années, mon fils, sourire de la même façon quand tu découvriras dans notre bibliothèque les livres écrits par ta maman.

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