Ah ! Que cette question m’horripile, toute gluante de la colle des étiquettes ! Et qu’il a été frustrant d’avoir à y répondre au lycée avant l’entrée en première. De faire semblant d’y répondre, en réalité, puisque je n’ai jamais réussi à choisir un camp.
Si vous êtes comme moi, peut-être apprécierez-vous cette liste de lectures : http://www.senscritique.com/liste/Scientifiques_litteraires_ne_choisissez_pas_votre_camp/140911
Le romanesque y étreint les mathématiques, les sciences physiques, la logique. Il faut parfois froncer un peu les sourcils pour comprendre. Lever le nez du guidon, prendre un papier et un crayon. Mais c’est justement ça qui est bon.
Attention : je vais peut-être vous révéler le secret du bonheur. Celui, en tout cas, de la source de très grands plaisirs.
Martin Gardner – formidable vulgarisateur ludophile – a appelé ça le « Aha ». L’éclair de compréhension qui vous frappe au moment où vous pigez le truc, où ça devient évident, mais bon sang c’est bien sûr, où « eurêka » se met à clignoter dans votre tête, parce que ça y est, vous avez compris.
Et une intense satisfaction vous envahit.
Ce plaisir-là est accessible à tous. Il suffit de se donner du temps, de prendre goût à l’effort, de se concentrer un peu, de ne pas se décourager trop vite.
Il suffit de se donner du temps – dans un monde et une époque qui nous en laissent de moins en moins.
Il suffit de prendre goût à l’effort – alors que la tendance est au zapping avant d’avoir atteint la moitié du chemin.
Il suffit de se concentrer – alors que les sollicitations futiles se multiplient.
Il suffit de ne pas se décourager – alors que « bon courage » a remplacé « bonne journée » quand on s’est rendu compte à quel point on en manquait.
Ce plaisir-là est accessible à tous, donc, mais il ne se laisse pas facilement attraper.
Il existe heureusement des manières douces d’entrer en mathématiques.
Si vous reprenez ma liste de lecture, vous y verrez l’Affaire Olympia de Mickaël Launay. Un court roman qui peut se lire à partir de 9-10 ans (mais susceptible de plaire à des adultes également) qui nous entraîne dans une aventure mathématique pleine de rebondissements.
Au travers du regard d’Apolline, une jeune fille de dix-huit ans, on y suit l’histoire d’une société scientifique secrète. (Les lecteurs de la Tentation de la pseudo-réciproque qui se souviennent du D.O.R.M.I.R. devraient d’ailleurs se sentir en terrain connu 😉 ). On y trouve des énigmes à résoudre en compagnie de nos jeunes héros, suffisamment accessibles pour qu’on en comprenne sans problème la solution, même sans être familier des théorèmes et des « techniques » de démonstration. Et tout cela n’a rien de rébarbatif grâce, notamment, à la trame de l’intrigue, plus complexe qu’il n’y paraît, et à son cadre général qui permet de se balader aux quatre coins de Paris, dans un roman truffé de références historiques.
Autre point qui mérite d’être souligné : on y côtoie des femmes qui font des mathématiques. De manière naturelle, comme une chose allant de soi, et qui ne demande pas à être justifiée. Dans un contexte où resurgit encore la vieille rengaine « les filles ne sont pas câblées pour faire des maths », ça réconforte.
Dernière précision utile : c’est très bien écrit.
J’espère que vous trouverez dans ce livre, ou à travers ceux que je propose dans ma liste, des raisons de croire que sciences et littérature sont heureuses en ménage. Et n’hésitez pas à me proposer d’autres titres pour alimenter cette liste qui ne demande qu’à grossir.
Note: Mickaël Launay propose également des vidéos à caractère ludo-mathématique sur sa chaîne Youtube: https://www.youtube.com/user/Micmaths.
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