Pourquoi le tome 7 de LTPR ne sortira-t-il pas en 2012 ?

Bon, je vous passe le couplet sur « rhaa, pas le temps, trop de travail, vie de famille, need des journées de 36 heures », même si ce n’est pas complètement faux (voire extrêmement vrai). Je vais plutôt m’attacher à vous expliquer les autres très bonnes raisons de ce retard.

- la communication : vous l’aurez remarqué, depuis quelques temps, je publie assez régulièrement des petits messages sur ce blog. J’envoie des tweets. Je tagge mon mur Facebook. Je participe également à un ou deux forums. Il s’agit d’un passage obligé pour qui n’a que ses petits bras même pas musclés pour creuser son trou dans les sables mouvants de la notoriété. Ça ne m’embête pas, remarquez. J’aime bien discuter avec vous. Mais il faut reconnaître que tout cela prend du temps.

- la spécificité du tome 7 : je dois renouer tous les fils éparpillés dans les tomes précédents pour finir de tisser le septième. Et vous savez qu’ils sont nombreux. Même si la trame globale a été établie il y a longtemps déjà, et que je ne m’en suis guère éloignée, je dois apporter à tous les détails l’attention qu’ils méritent, pour ne pas me tromper. La structure particulière de LTPR, en forme de puzzle, est exigeante. Cela implique d’avoir continuellement présent en tête l’intégralité des six premiers tomes. Cela implique de les relire souvent. Cela implique du temps.

- l’envie de vous livrer un truc parfait du premier coup : je n’aime pas qu’on me signale des bugs de grammaire ou d’orthographe dans un livre que j’ai vendu. Enfin, je suis reconnaissante à ceux qui me les signalent, mais je n’aime pas leur avoir mis entre les mains quelque chose qui n’est pas final. Je corrige et je republie, mais je ne trouve pas ça satisfaisant. Il s’agit d’ailleurs du plus grand défi de l’autoédition (après la notoriété) : réussir à terminer. Pour ce tome-ci, je veux me donner les moyens de le faire. Vous le méritez, je crois. Et cela vaut bien, je pense, un délai supplémentaire de quelques mois.

Et puis il y a un dernier point. Je vois la fin des aventures de Peter et Eléanore arriver. Et je me suis attachée à ces personnages. Je n’ai pas envie de les quitter. Cela fait plus de six ans qu’ils m’accompagnent quotidiennement sous leur forme actuelle. Ne sortez pas la camisole, je suis persuadée que n’importe quel auteur peut en dire autant. Alors retarder un peu le moment de la séparation, c’est sans doute aussi quelque chose que mon inconscient me demande.

Je n’ai pas envie de le lui refuser.

 

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Qu’est-ce que ça fait de dire non à un éditeur ?

Ah, je vois d’ici votre regard écarquillé et vos sourcils en point d’interrogation. Ainsi que les doutes qui soudain vous assaillent sur l’état de ma santé mentale.

Comment, quoi, Albin et Michel sont venus frapper à sa porte et elle a dit non ? Flammarion lui a fait un pont en or et elle a dit non ? Grasset, Actes Sud, Gallimard se sont battus pour elle et elle a dit non ? La dilettante a passé la nuit sur son paillasson et elle a dit non ? Service Littéraire a eu une illumination et elle a dit non ?

Bon, c’est à peu près ça. Sauf que personne ne s’est battu avec personne, aucun campement sauvage ne s’est installé devant ma porte ou sur mon paillasson, il n’a jamais été question de pont, et je suis toujours sous le coup d’une interdiction d’approcher à moins de deux nœuds réseaux de Service Littéraire. Mais j’ai quand même refusé l’offre d’un éditeur qui, après avoir lu le tome I de la Tentation, m’a proposé de signer un contrat.

Ah, je vois d’ici le regard entendu des connaisseurs du milieu: elle a failli se faire avoir par un margoulin chantre du compte d’auteur, cette édition où le wannabe paye pour qu’on lui fasse croire qu’il a du talent, celle qui crie au génie dès qu’on lui envoie un manuscrit rempli de feuilles blanches, celle qui te dit où signer avant de t’avoir lu.

Que nenni.

Simplement, mon éditeur à moi est aussi un wannabe. Et oui, l’auteur n’a pas le monopole de ce statut, et à l’heure du tout numérique, ils sont de plus en plus nombreux à se lancer à l’assaut de la e-littérature. Moi, j’ai envie d’y croire, mais j’ai encore des doutes. Et des interrogations, sur ce qu’un nouvel éditeur exclusivement web pourrait faire pour la Tentation que je n’aie déjà tenté. Je lui en ai fait part, à mon Petit Editeur du Net, de toutes ces questions, pour justifier mon début de non. Et il s’est alors passé quelque chose d’assez extraordinaire : il m’a dit qu’il comprenait et qu’il ne renonçait pas. Qu’il ferait ses preuves et qu’il reviendrait. Concluant par un « à bientôt » qui a forcément éveillé en moi certains échos.

Ça fait bizarre d’être passée, même pour quelques instants, de l’autre côté.

Maintenant, Petit Editeur du Net, il ne me reste plus qu’à espérer, très sincèrement, que tu réussiras.

Sometimes, the yes needs the no to win against the no.

 

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Quel est le mot que tu détestes le plus ?

Non, je ne suis pas en train de remplir un dérivé du questionnaire dit « de Proust ». Mais il se trouve que cette question revient fréquemment dans les formulaires de présentation qui font de vous un membre bien accueilli sur un web forum. Donc il s’agit bien d’une FAQ. CQFD.

Que les choses soient bien claires : je ne déteste aucun mot.

Chacun a son histoire, son parcours dans la jungle linguistique ; des parents, des ancêtres, nés ailleurs, à une autre époque. Certains sont morts, d’autres vivent encore, même si leur signification profonde a changé. Il y en a des petits, des grands et des gros, des simples et des compliqués, des de tous les jours et des qui ne sortent que dans telle ou telle occasion. Il y a les mots qu’on oublie, ceux qui restent sur le bout de la langue, ceux que l’on utilise sans y penser, ceux qui sont lourds de sens. Il y a les mots d’enfant, qui n’existent que pour eux, et pour nous, évidemment, quand on devient parents. Il y a les doux, qui caressent, les durs, qui blessent, et puis les bleus, qu’on dit avec les yeux, même si on se plante parfois sur ce qu’ils voulaient dire vraiment . Il y a le premier mot, qu’on attend avec impatience, et le dernier, qu’on garde pour la fin. Il y a les mots avec lesquels on joue, ceux d’esprit qui fuiteront, espère-t-on, sur twitter ou sur Facebook, qu’on la connaisse, enfin, cette gloire 2.0 ! Il y a les mots d’amour, qu’on aime quand on aime, et pas autrement. Les maudits qui allitèrent, et les justes, ceux qui viennent à point nommé s’insérer dans la phrase qui leur servira d’écrin. Il y a les mots pour rire et ceux qui font pleurer, et ils peuvent être les mêmes, tellement l’être humain est compliqué. Il y a les mots d’ordre qui claquent comme un fouet et ceux qui soulèvent des tempêtes, en mai ou au printemps. Il y a les faux amis, ceux qui trompent et vous embrouillent quand vous passez de l’autre côté de la Manche. Et aussi les mots-valises, qu’on n’ouvre pas avec des mots-clés, et des mots de passe qui restent enregistrés. Il y a les mots qu’on mâche, qu’on avale et qu’on recrache parce qu’on n’a pas pu les digérer. Il y a les mots croisés, les mots fléchés, les mots cachés des magazines, et les mots tabous des jeux interdits qu’on se susurre sur l’oreiller.

J’en oublie certainement, mais je vais m’arrêter là, car si je devais finir sur une pirouette, je dirais simplement que le mot que je déteste le plus est celui qui est de trop.

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Le forum des jeunes écrivains : mais quoi qu’est-ce-donc ?

Déjà, c’est un endroit où l’on n’écrit pas comme ça. Les fautes d’orthographes et autres barbarismes en sont rigoureusement bannis. Des modos s’y baladent avec à leur ceinture des chats à neuf queues hérissées de pointes enduites de curare. Que protègent-ils avec une telle farouchitude ? Tout simplement, des discussions autour de l’écriture, de l’édition, des écrivains, de ceux qui voudraient, de ceux qui voudraient pouvoir, de ceux qui ont réussi, de ceux qui pensent qu’ils ont échoué (même si en réalité, on n’échoue jamais vraiment). Bref, ça papote à tout va autour des sujets qui font le tag cloud de mon site. Mais pas seulement : ce forum offre la possibilité à tout jeune auteur (la jeunesse n’ayant rien à voir avec l’âge mais tout avec l’obstination et l’envie) de soumettre des extraits de son œuvre pour se faire commenter. Corriger. Taper sur les doigts. Et plus si affinité, avant envoi à des gens qui font le même boulot que Service Littéraire. On y trouve tous les genres, même si la fantasy et le roman réaliste dominent. Et tous les formats : de la nouvelle à la saga en 7 volumes dont 6 sont déjà écrits. De la poésie et du théâtre, aussi. Et des bêta-lecteurs, prêts à s’investir pour passer au crible la production des autres. Le but avoué de tous ces JEnautes est de trouver un éditeur, un vrai, qui paye ses auteurs et s’occupe de leur promo. Certains ont réussi et viennent raconteur leur épopée le soir au coin du feu à une assistance ébaubie. D’autres postent chapitre par chapitre leur roman en cours d’écriture et retravaillent chaque jet en fonction des commentaires reçus. C’est à mille lieux de ma façon de fonctionner – je suis un loup solitaire quand j’écris, prêt à filer des coups de batte de base-ball à qui vient lire par-dessus mon épaule, comme le dit la chanson ; mais c’est assez amusant de voir le processus de correction transformer complètement un texte.

Il y a aussi des curiosités, comme les Nuits de Pleine Lune où les auteurs se réunissent virtuellement pour écrire, et les Constances, où ils s’engagent à produire un certain nombre de mots en un temps donné. Et puis il y a les concours. De nouvelles, de poèmes et d’extraits. Je me suis essayée à ce dernier : l’occasion de voir qu’un même texte peut recueillir des appréciations totalement différentes en fonction du commentateur. Je crois que ça illustre bien le concept de public cible. 😀

Pour finir, je parlerais des découvertes. Parce qu’il y a aussi un plaisir de lecteur à se balader dans cette jungle de textes. Peut-être, un jour, entendrez-vous parler de Nathanael de Luz qui discute avec le vent, d’un poisson-perroquet qui vous embarquera à Bali, ou d’un ange nommé Bélial auquel on aimerait « accrocher des petits grelots à chacune de ses mèches pour que lorsqu’il bouge, un son cristallin résonne dans la pièce ». Certains de ces auteurs ont d’ailleurs accepté de me « prêter » l’un de leurs textes pour vous amener « ailleurs ». Ça commence ce soir, avec Samarcande. Je vous donne rendez-vous un peu plus loin.

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Un autre échange avec un éditeur, peut-être?

Ah, je savais bien, qu'il m'en restait un petit dernier pour la route... Je l'ai déjà évoqué ici, mais maintenant que j'ai décidé d'exposer mes petites piqûres d'amour-propre au public, autant que je le poste dans son intégralité.  

Lui, le 20/12/2011 (soit une semaine après la réception des 3 premiers chapitres de la Tentation et d'un synopsis détaillé)

Bonjour,

Pas mal du tout pour une blague potache. Maintenant, j'ai un problème: tu écris très bien, mais c'est trop démonstratif. Tout le monde ne peut pas être Desproges, et la logorrhée verbale que tu me proposes est certes parfaitement écrite (c'est suffisamment rare pour être souligné) mais parfaitement indigeste aussi. On décroche toutes les trois lignes. Trop de détails tue le détail qui tue. Bref, je pense que tu aurais tout intérêt à trancher dans le lard si tu veux publier ce texte. Mais ce n'est que mon avis, et il n'a pas valeur d'évangile. Par ailleurs, vu que je n'ai pas fait de prépa ou même d'école de ce genre, je me suis senti un peu étranger à tout ça... Pas vraiment pas intéressé, mais pas dedans.

Mon dilemme, maintenant: je sens que tu as d'énormes capacités et un sens de l'humour à toute épreuve. Mais ton texte ne me convainc pas. As-tu autre chose? Quelque chose de totalement différent, un autre style, un autre essai.... je suis certain que tu as ça dans tes tiroirs. Je serais très intéressé de le lire.

Amicalement,

xxx

Moi, le 20/12/2011

Autre chose ? Voyons voir… Alors j’ai des nouvelles à caractère énigmo-mathématique que je publie depuis deux ans dans le magazine Tangente. Mais vous risquez de décrocher à la deuxième ligne. Sinon, j’ai à mon actif une bonne trentaine de cahiers des charges qui expliquent à des développeurs comment implémenter des CDN adaptatifs à popularité dynamique multi-threadée mais… flûte, là, je crois que je vous ai déjà perdu. J’ai également dans mon stock des écrits courts qui datent de mon adolescence torturée, « vas, je ne te hais point, tu le dois, je ne puis », « vous êtes tous des rhinocéros » et autres joyeusetés du même acabit mais… vous avez peut-être des gens qui tiennent à vous et ça m’embêterait qu’ils viennent me trouver quand vous aurez avalé une dose mortelle de cyanure suite à leur lecture.

Au final : rien, nada. A part les 1500 pages de la Tentation de la Pseudo-réciproque. Dont vous n’avez subi, si je me souviens bien, que les trente premières.

C’est là que je fais un truc qui ne va sans doute pas vous plaire : je ne vais pas respecter la consigne. Enfin, pas tout à fait. Vous recevrez donc en PJ le tome V de la Tentation. Parce qu’il s’agit de celui qui peut le mieux se lire sans connaître le reste de l’histoire. Et qu’il est un peu différent, construit autour d’une trame policière qui trouve son dénouement à la fin du roman.

En réalité, ils sont tous différents. Comme peuvent l’être ces années entre 18 et 25 ans, quand on se construit, quand on s’affirme, après les hésitations du début.

Il y a beaucoup de choses à revoir dans le tome I, mais je repousse le moment de le faire tant que je n’aurai pas fini le dernier livre de ma saga. C’est certainement un tort, que je mets sur le dos de mon plaisir d’écrire et du peu de temps que me laisse ma vraie vie, l’autre, celle qui paye mon loyer. Si je trouvais un éditeur, ce serait certainement différent... Pas financièrement, (hé, j'ai les pieds tellement sur terre qu'ils sont enfoncés dedans), mais en terme de légitimité.

Pardonnez-moi cette tentative de défendre mon histoire. Mais je le dois à mes personnages, et à cette poignée de lecteurs gagnés de haute lutte qui ont accepté de me suivre sur ces sentiers glissants.

Si j’échoue à vous convaincre, je vous donnerai, comme à d’autres, rendez-vous dans 2 ans. La Tentation sera alors derrière moi, quel que soit son destin. Et je pourrai commencer à travailler au mien.

Amicalement,

Kylie Ravera

Moi, le 23/12/2011

- Alors ? Toujours rien ?
- Ben non. En même temps, ça fait que trois jours…
- J’en étais sûre. Tu lui as fait peur.
- Tu crois ? Si ça se trouve, c’est juste parce que c’est Noël… Les cadeaux, le sapin, les gosses, la dinde… Ça prend du temps, tout ça.
- Tu crois qu’il est en train de farcir une dinde, là ?
- Hmm. J’ai l’impression que tu as un message à faire passer…
- Yep. Et comme t’as l’air un peu fatiguée, je vais te le faire en décrypté : t’as tout foiré.
- …
- C’est pas la peine de me regarder comme ça. Je te dis la vérité. Je ne suis pas là pour te donner des tapes dans le dos.
- Je n’ai pas de dos…
- Et je n’ai pas de bras. Mais on s’éloigne du sujet.
- Pourquoi tu penses que j’ai tout foiré ? J’en ai dit trop ? Ou pas assez ?
- C’est surtout que tu n’as pas dit ce qu’il fallait. Remarque, ça se comprend. Ça fait quinze ans que tu bosses sur la Tentation. Tu manques de recul, forcément.
- Hé, c’est pas quinze ans à plein temps, non plus…
- Encore heureux, ou tu vivrais sous les ponts. Mais quoi qu’il en soit, tu ne l’as pas bien vendue, la Tentation.
- Alors qu’est-ce que j’aurais dû faire, d’après toi ?
- Expliquer le concept, déjà. Là, on a l’impression que tu as écrit 8 bouquins sur un brave gars qui fait des maths en prépa.
- Mais la Tentation, c’est beaucoup plus que ça ! Chaque tome couvre une année de la vie du personnage, il évolue, s’enrichit, s’affirme… Ses centres d’intérêt et son environnement changent avec lui… Ses enquêtes deviennent de plus en plus complexes, prennent de l'ampleur, sortent de la salle de classe pour se retrouver finalement dans l’arène du pouvoir politique, celui qui tire les ficelles du devenir des nations…
- Tu parles du Conseil Occulte ? Des Decs plus Ultras ? De la Troisième Force ?
- Je parle de la petite histoire qui rencontre la grande, de ces chauve-souris qui battent des ailes dans l’obscurité d’une grotte et finissent par déclencher des cataclysmes à l’autre bout du monde…
- Ah ? J’ai vu que ça parlait de canard, de chien, d’ornithorynque, et bientôt de tortues, mais pour les chauve-souris…
- C’est une exclu mondiale : ça concernera le tome 8.
- Bon. C’est dommage qu'il n'y ait pas plutôt des morceaux de morse dedans… Mais au moins, avec ça, tu poses un peu plus le décor.
- Oui mais j’ai peur que l’histoire du héros qui grandit d’une année à chaque tome et dont les histoires deviennent de plus en plus sombres jusqu'à ce qu'il soit en charge de sauver le monde, ça fasse resucée de Harry Potter…
- Tu as eu l’idée avant JK Rowling, pourtant. De toute façon, on s’en fout. Tant que tu n’affubles pas Peter d’une baguette magique et d’un hibou… Et puis il y a Eléanore… Tu lui en as parlé, à xxx, d’Eléanore ?
- Heu… non.
- Alors forcément, comment tu veux qu’il comprenne ? S’il n’a pas le fil rouge de l’histoire, celui qui tire tes lecteurs de tome en tome, celui qui les fait tomber amoureux, puis t’envoyer des mails d’insulte parce que la suite ne vient pas assez vite…
- Qu’est-ce que tu aurais voulu que je lui dise ? Qu’on en est au tome 6 et que le héros n’a toujours pas concl…
- Mais pas comme ça ! Ça se respecte, la tension amoureuse ! Non, tu aurais dû introduire le personnage. Mettre en PJ le chapitre qui va bien.
- Oh, tu veux dire, le chapitre 11 du tome I ? Celui où Peter se rend compte que la jeune et charmante détective privée qu’il est venu consulter pour une affaire alambiquée pourrait bien devenir beaucoup plus que cela…
- Oui, par exemple. Sauf que là, c’est trop tard.
- Qu’est-ce que je fais, alors ? Je renvoie un mail au gars de XXX avec toutes ces informations et mon chapitre en PJ ?
- Hmm. Je serais toi (ce que je suis un peu, d’ailleurs), je n’en ferais rien. Peut-être qu’il pensera que tu as plein de propositions à côté. Ça lui mettra la pression.
- Bon. Je ne lui souhaite même pas de joyeuses fêtes ? La bonne année ?
- Beaucoup trop galvaudé ! Et puis c’est complètement hors focus, en ces temps de crise. Pour être dans l’ambiance, faut tirer la gueule. Sinon, on va te prendre pour une dangereuse décroissionniste.
- Ok. Je vais attendre, alors. Et sinon, tu fais, quoi, pour Noël ?
- Ben la même chose que toi. Mais… chut !
- Quoi ?
- Je crois qu’on nous écoute…
- Tu vires parano ! Mais si ça peut te rassurer, on va s’éloigner un peu…

Lui, le 23/12/2011

Chère Kylie (j'imagine que ce jeu de mots lourdingue est un pseudo mais d'habitude le pseudo vient ensuite, au moment du contrat: les gens civilisés se présentent de leur vrai nom, qui si possible ne comporte pas de jeu de mots... Dieu m'est témoin que je hais les jeux de mots dans les romans, sauf chez Terry Pratchett parce que c'est Terry Pratchett, et que ceux de la Tentation me sortent par les yeux),

Comment ça va sinon?

Non, je ne suis pas vexé de ton mail, que j'ai trouvé par ailleurs très drôle et qui m'a diverti grandement, tant et si bien que j'ai même poussé l'effort jusqu'à lire le chapitre joint. Ce que je ne fais jamais, car j'estime que je connais mon travail d'éditeur et que je sais juger d'un manuscrit à la première lecture. Certains ont refusé Proust et Céline, bien sûr. On peut faire des erreurs, voire même avoir mauvais goût. Cela fait partie des aléas du métier. Mais on sait toujours ce qu'on a envie de publier, ou pas.

La vérité, c'est que ce chapitre m'a conforté dans mon avis premier. Pour moi, ce livre ne fonctionnera pas au-delà d'un cercle restreint d'amis, collègues et connaissances. Cela n'a pas forcément à voir avec le thème. Apres tout, les meilleures histoires sont celles qui dépeignent au lecteur un univers très spécifique. Mais règle numéro un: il ne faut JAMAIS être ennuyeux. Et je m'ennuie beaucoup en lisant tes lignes. Cela ne peut pas coller, si on ne respecte pas la règle un. Car la règle deux, c'est qu'on écrit pour être lu. Pas pour se relire soi-même.

Si je prends la peine de t'écrire cela, et si je ne mets pas ton mail directement à la corbeille, c'est parce que je pense que tu as du talent. Je me fiche de savoir que tu as passé 15 ans à l'écrire et que l'histoire se développe ensuite. Tu aurais pu mettre trente ans que ça ne m'aurait pas plus accroché. Je ne trouve pas ça bon. Je trouve ça pompeux, ennuyeux et rigolard, comme un vieux cousin bourré à un mariage.

Donc si tu arrives à entendre ces critiques et que tu n'exploses pas en vol, on pourra commencer à parler sérieusement de ta carrière. En reprenant quelque chose de zéro. En envisageant la Tentation comme quelque chose qui t'aura construit, toi et ton style, mais qu'il faut laisser derrière.

Si tu arrives à entendre ça, alors on pourra commencer à vraiment discuter. Je suis désolé d'être dur, mais c'est honnête. Ton potentiel est là, mais se bercer d'illusions et de paresse n'a jamais servi la littérature.

Joyeux Noel quand même, et à bientôt j'espère.

xxx

Moi, le 23/12/2011

Même pas mal :-) Je suis indémotivable.
L’auto-édition est sans doute faite pour des gens comme moi. J’ai peut-être tort d’aller chercher plus loin un plaisir plus grand. Ça ne m’empêchera pas de continuer à essayer. Je suis aussi quelqu’un qui a de la suite dans les idées.
Ça ne colle pas entre nous pour le moment ? Tant pis. Comme je l’ai déjà dit (et à moins que je ne me retrouve sur la paille avec mon clavier comme seule ressource) je verrai ce que je ferai dans 2 ans. Pas le temps avant.
Joyeux Noël quand même!
Et à bientôt, sûrement.
KR 

 Bon, en réalité, ça fait quand même un petit peu mal. Mais on s'en remet. Et puis il faut reconnaître qu'en terme de timing, cette fois, ça a été vite expédié!

 

 

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A quel(s) format(s) es-tu disponible?

1m61, 49 kgs. Ah, si, et 85B. Non, je ne suis pas une grande blonde à forte poitrine, aux lèvres pulpeuses et à la démarche chaloupée. Je ne suis pas non plus disponible. Comme quoi…

Mes livres, par contre, le sont à présent sur différentes plateformes, qui se distinguent par les supports de lecture qu’elles permettent d’adresser. C’est un peu le bazar, les gens se posent des questions, et ça tombe bien : je tiens une FAQ. Alors je vais essayer de clarifier tout ça.

Le format papier : ah, c’est beau, le format papier, ça crisse sous les doigts, c’est sensuel, ça brille, surtout avec les superbes couvertures dessinées par Maître Sam, impeccablement mises en valeur par un pelliculage de qualité. Ça évoque l’âme des arbres sacrifiés au service des belles lettres. Ça se range dans une bibliothèque, ça se glisse dans un sac de plage, ça s’écorne dans le métro, ça se prête, ça se revend, ça s’oublie sur un banc. Vous pouvez faire tout cela avec les 7 (bientôt 8) tomes de la Tentation en vous rendant sur lulu.com et en optant pour le format… papier. Facilement reconnaissable à son prix. Elevé. Auxquelles s’ajoutent des taxes. Et un coût de transport. Je vous ai dit que je travaillais dans le marketing ? Mais pour le coup (coût ? coucou !) vous avez droit à un bel objet.

[Edit 1] Depuis novembre 2013, vous pouvez également trouver mes livres au format papier à la librairie L'Harmattan à Paris. Un chouette moyen, si vous êtes parisien, d'économiser les frais de port  :)

[Edit 2] Depuis janvier 2014, vous pouvez également commander sur Amazon des livres au format papier. La différence avec ceux de Lulu? Un format 5,5' x 8,5 ' au lieu d'un A5 et une couverture mate et non brillante. Et puis (pour le moment), les frais de port sont gratuits.

Le format numérique : ah, c’est pratique, le format numérique, c’est tout léger, ça s’embarque partout (enfin, là où il y a de l’électricité). Ça évoque l’âme des… heu… centrales nucléaires ? En tout cas, ça fait moderne, dans le coup, connecté, chébran (intéressant exemple d’autologisme devenu hétérologique avec le temps). Et un peu radin, aussi, parce que c’est quand même vraiment pas cher.

Dans la famille numérique, distinguons à présent trois sous-catégories, histoire de faire compliqué.

Le format pdf : Je ne vais pas vous faire l’historique, mais si vous êtes du genre à vous focaliser sur les détails, Wikipedia est là pour ça. Vous n’êtes pas obligé de lire, c’est assez indigeste. Encore plus que ma prose (si si). Il suffit de savoir que ce format classique passe très bien sur un ordinateur équipé du logiciel adéquat, comme http://get.adobe.com/fr/reader/. Et, oui, c’est gratuit. On peut imprimer sur la photocopieuse du lycée ou du bureau si on tient à préserver ses yeux. Autrement, on peut profiter du pdf pour s’évader discrètement derrière son PC pendant un stage rébarbatif ou au creux de l’été. Les pdf de la Tentation, donc, se trouvent également sur lulu.com.

Le format kindle : Dieu Amazon, dans sa grande bonté, a décidé de tendre une perche aux autoédités en créant le service Kindle Direct Publishing. Il leur offre la possibilité de mettre en vente sur sa prestigieuse plateforme le résultat de leurs élucubrations. A vrai dire, le service consiste surtout à faire la promo de la liseuse Kindle (qui est assez logiquement compatible avec le format du même nom), mais nous ne sommes pas dans un monde de bisounours et donc mal placés pour le leur reprocher. Amazon a en outre le bon goût de proposer gratuitement un logiciel de lecture sur PC, ainsi qu’une application iPhone/iPad permettant à l’acheteur de se faire plaisir ailleurs que sur un Kindle. Les 6 tomes de la Tentation sont disponibles sur Amazon, au même prix que sur Lulu. Ils rapportent légèrement moins à l’auteur (moi en l’occurrence), mais j’y gagne en visibilité. Et les commentaires postés ainsi que les références croisées font vraiment la différence pour cela (merci, merci, à ceux qui y sont allés de leur petite bafouille !).

Le format epub : c’est LE format du livre numérique, on peut d’ailleurs parler de standard puisque toutes les liseuses (sauf le Kindle, hé hé…) sont compatibles : Kobo, Sony Reader, etc. Pour récupérer les tomes de la Tentation dans ce format-là, il vous suffit, comme pour les pdf, de vous rendre soit sur le site de lulu et de sélectionner les titres de mes romans avec la petite extension (ePub), soit sur le site de Kobo (filiale de la Fnac).

Je précise que mes livres en format numérique ne sont pas protégés. J’ai la faiblesse de croire que le divertissement qu’ils procurent vaut bien 2,99€. Si ce n’est pas le cas… ça ne changera en rien ma perception de l’humanité :-)

Pour finir (et parce que je digresse beaucoup), une petite synthèse s’impose :

Et pour finir de finir, je rappelle que l’achat d’une version papier vous donne automatiquement droit à une version numérique au format de votre choix. Parce que, à mon humble avis, le monde de l'édition devrait fonctionner comme ça.

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Qu'est-ce que ça fait d'avoir un compte twitter?

Ca fait faire un post de test sur mon blog WordPress pour voir s'il est repris automatiquement par mon fil Twitter qui est censé le republier sur mon mur Facebook.

Nous vivons vraiment à une époque formidable.

Et que se passe-t-il si Facebook a reçu l'ordre de reprendre automatiquement les posts de mon blog pour les ajouter à mon fil Twitter? Une boucle infinie qui va conduire à la fin du monde au bout de 42 secondes ?

Allez, je clique sur "Publier". Et rendez-vous quelque part sur le web social.

Ou pas.

[Edit]: ça marche! Hosanna! I did it! And we're still alive!
[Edit 2]: on me dit dans mon oreillette que ce serait pas mal que je profite de ce post pour référencer le petit oiseau bleu qui sert de rabatteur. Le voici.


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Es-tu toujours aussi véhémente à l’égard des maisons d’édition qui refusent ton manuscrit ?

Le truc, avec les buzz, c’est qu’il faut savoir en assumer les conséquences. Je n’ai jamais eu autant de retours sur un post, qu’ils soient privés ou publics, que depuis que j’ai dévoilé notre petit échange épistolaire avec mon ami Service Littéraire. A vous, qui aimez les chiffres, je vais fournir quelques statistiques : 70% adorent, 30% détestent. On ne peut pas plaire à tout le monde, certes. Mais comme Facebook nous a ramenés à l’époque des arènes romaines où un pouce levé ou baissé suffisait à faire la différence entre la vie et la mort (même s’il ne s’agit en l’occurrence que de celle de ma web-reputation), je vais tout de même profiter de cette petite tribune que j’ai construite de mes mains pour effectuer une légère mise au point.

Non, je n’envoie pas ce genre de message à toutes les maisons d’édition qui refusent mon manuscrit. Il s’agit d’un cas isolé, unique, singulier, dont l’origine se trouve dans la « qualité » du retour qui m’a été effectué. Je ne reproche pas du tout à cette maison de ne pas avoir accepté mon livre, choisir c’est son métier. Mais j’ai trouvé ses réponses involontairement comiques, à cause de la présence de ces mêmes fautes que l’on reproche tant aux aspirants-auteurs. Et je n’ai pas su résister à l’envie de saisir à pleine main cette perche tendue et de venir tirer dessus pour m’amuser un peu.

30% d’entre vous n’ont pas trouvé ça drôle. Soit. L’humour n’est pas la chose du monde la mieux partagée. Mais n’en déduisez pas pour autant que je méprise toutes les maisons d’édition.

J’ai tout juste 10 tentatives à mon compteur (vous voyez, je n’ai pas fait cela très sérieusement. Je suis encore loin de Jasper Fforde et de ses 76 envois !). 5 retours standards mais polis, sans faute et citant correctement le titre de mon roman, deux autres un poil personnalisés et, bien que négatifs, plutôt encourageants, deux échanges plus poussés et… Service Littéraire.

Aux antipodes de l’échange précédent, je vais donc vous en soumettre un autre. Négatif, mais amusant et respectueux. Et, oui, je sais : long.

Lui (le 7 juillet 2011):

Bonjour,

Pourriez-vous me faire parvenir un ou deux chapitres par mail ? Votre site est très blogueur mais je n'y ai pas vu d'extraits. Je précise que je suis myope mais ce n'est pas une raison. Le "Kylie Ravera" est un jeu de mot avec "Qui vivra verra", je suppose.

Vous ne pouvez pas vous appeler xxx comme tout le monde !

Bien à vous

xxx

Moi (le 7 juillet 2011):

Bonjour,

un ou deux chapitres, c'est un peu difficile, mais le tome I en pdf dans son intégralité possède l'avantage d'être déjà disponible sur le disque dur de mon PC. Vous saurez, j'imagine, comment faire pour vous limiter à la lecture des premiers chapitres. Un flagrant manque de fantaisie me les a fait mettre plutôt au début du roman.

En vous souhaitant une bonne lecture,

Kylie Ravera - myope, également.

Moi (le 13 juillet 2011):

Vous connaissez sûrement le « Guide du routard galactique ». H2G2. Ford Escort. Zappy Bibicy. Don’t panic. 42. Tout ça. Dans le tome 5 (« Globalement inoffensive »), le personnage de Tricia McMillan rate un entretien d’embauche dans une grande chaîne de télé américaine parce qu’elle n’a pas été capable de déchiffrer le prompteur : ses lentilles de contact sont restées dans le sac-à-main qu’elle avait décidé de ne pas retourner chercher. Plusieurs années auparavant, elle avait également raté le décollage de la soucoupe volante qui l’aurait emmenée vers une existence passionnante remplie de péripéties : le pilote de la soucoupe ne l’avait pas attendue quand elle était retourné chercher son sac-à-main. Tricia McMillan en déduit avec justesse qu’il y a des circonstances où il faut retourner chercher son sac-à-main et d’autres pas. La vie ne nous apprend simplement pas à les différencier.

Je me trouve un peu dans la même situation. Non pas pour un problème de lentilles de contact (j’assume complètement ma myopie en arborant fièrement des lunettes à fine monture métallique), mais parce que je ne sais pas si c’est une bonne idée de vous envoyer ce mail. Vous êtes peut-être du genre à porter plainte pour harcèlement quand quelqu’un vous envoie deux mails à une semaine d’intervalle (et comme vous semblez connaître plus d’avocats que moi, vous avez toutes vos chances). Ou alors vous êtes plutôt du genre à vous dire tiens, c’est qui celle-là, elle m’avait pas envoyé un truc à lire, par hasard ? Où est-ce que je l’ai fourré ?

Donc, doute.

Si vous vous reconnaissez dans le personnage 1, ce message s’auto-détruira dans deux secondes (à vrai dire, dès que vous aurez pressé la touche suppr de votre client mail).

Sinon, vous accepterez peut-être de me dire ce que vous avez pensé de la Tentation (ou de ses premières pages. Ou de son titre ?). Vous pouvez être dur, franc, sévère : je n’ai pas de tendances suicidaires. A priori.

Amicalement,

Kylie Ravera

Lui (le 13 juillet 2011):

Bonsoir,

Je suis juste débordé mais n’étant pas un verre d’eau qui en a ras-le-bol, je prends deux minutes pour vous répondre. J’aime bien les gens qui font des efforts... Cela fait une moyenne avec ceux qui n’en font plus. Vous vous efforcez d’être entendu et lu, c’est bien...

Mon premier sentiment est que c’est bien léché, bien écrit, amusant et que votre sens de l’humour sort de votre livre (preuves en sont vos courriers).

Mon deuxième sentiment (c’est une prémonition car je n’ai lu que quelque pages) est que cette histoire ne va pas m’intéresser... Entendez ça au sens large (je ne porte pas de jugement de valeur). En tant qu’éditeur, j’essaye de mettre dans la peau du lecteur lamba (ce qui ne doit en aucun cas est votre attitude).

J’ai appris avec ma modeste expérience et mon immense fortune (avant que je fasse ce métier) que l’édition est une équation à 3 x et que la seule solution est d’en supprimer au moins une. Si on est pas un éditeur célèbre, il faut un nom célèbre, si on n’a pas non plus ça en stock alors il faut un sujet référentiel ! On n’a pas ça là !

Mais vous avez un peu de style et du panache, c’est le plus important.

Compte tenu de notre position et de nos moyens, nous en vendrions 250 exemplaires car le marché n’absorbe plus ce qui ne se voit pas. Je peux être prêt à parier sur un livre pour en vendre 250 si je tombe fou amoureux (du livre), sinon ça porte un autre nom mais ça existe aussi.

Voilà ma première réponse avant une lecture plus complète...

Puisque vous me harcelez, il faut assumer les demi lectures !

Bien à vous

xxx

Moi (le 16 août 2011):

Je crois que j’ai trouvé une réponse possible à une question que je ne m’étais jamais vraiment posée : la vocation d’écrivain est-elle compatible avec une vie de famille normale ? D’après certains : non. Il faut souffrir, en baver, agoniser, mourir, renaître, avant de pouvoir tâter du bout de l’ongle ce statut tellement fantasmé. Et tout cela est, bien entendu, absolument incompatible avec une vie de famille standard, faite de dîners à heures fixes, d’abonnements à une salle de sport où on ne va jamais et de crédits à rembourser.

J’en déduis que tant que je n’aurais pas assassiné mon mari, vendu mon fils sur e-Bay, brûlé ma maison et ma salle de sport (où je ne vais jamais), je n’aurai aucune chance. Soit. Mon plaisir est ailleurs. Quand on a le beurre et l’argent du beurre, on peut se dispenser des faveurs de la crémière. Mais ça ne coûte rien d’essayer de lui passer discrètement une main dans le dos en espérant qu'elle trouve ça bon.

Or, donc, vous n’êtes peut-être pas de ceux qui succombent au premier regard. Le coup de foudre, vous n’y croyez pas. Il vous en faut davantage pour sentir que votre palpitant s’agite. Et moi, je suis décidée à tenter ma chance jusqu’au bout.

La solution de facilité aurait été de vous faire parvenir par la même voie que celle précédemment utilisée, le tome II des aventures de Peter Agor. Mais cela manquerait par trop de fantaisie. Et je n’aime pas ce qui est prévisible. A l’opposé, j’aurais pu vous envoyer n’importe quel volume des aventures de l’inimitable Jeeves, de PG Wodhouse. Vous auriez beaucoup ri, mais ça n’aurait pas vraiment fait avancer mon schmilblick. Ni d’ailleurs celui de Mr Wodhouse, qui est, à la fois, déjà multi-réédité – et mort.

J’ai donc laissé pour l’occasion mon lointain passé de rôliste refaire surface, et j’ai lancé un dé. C’est pourquoi vous trouverez en pièce jointe de ce mail le tome V de la Tentation (même si en réalité, j’ai obtenu un six, mais comme le tome VI stagne pour le moment aux alentours de la page 100… bref.) Vous en ferez bien entendu ce que vous voudrez, mais… ça aura au moins le mérite de vous donner une idée de l’étendue des dégâts.

Cordiales salutations,

 Kylie Ravera (qui fait nocturne)

Lui (le 20 août 2011):

Bonjour,

Nous sommes en lecture...

Bien à vous

Xxx

Moi (le 22 septembre 2011):

- Le 20 Août ? Ça fait si longtemps que ça ?
- Ben oui, un peu plus d’un mois quoi…
- Ça veut dire que c’est mort.
- Ah bon, tu crois ?
- C’est mort pour la rentrée littéraire, en tout cas.
- Bof, en même temps, c’est très surfait, ce truc-là… 640 bouquins cette année, à ce qu’il paraît !
- Sans le tien.
- C’est pas faux.
- Et il t’avait écrit quoi, la dernière fois, déjà ?
- « Bonjour,
Nous sommes en lecture...
Bien à vous
xxx »
- Hmm… « Bonjour »… Hmm…
- Quoi ? C’est plutôt positif, comme début, non ? Je suis sûre que s’il m’avait écrit le soir, il m’aurait dit « Bonsoir ». Quelqu’un qui vous souhaite une bonne journée pour commencer, c’est forcément positif.
- « Bonjour, vous êtes viré. » Non, tu vois, moi, ça ne me choque pas.
- Ok, qu’est-ce que tu penses de la suite, alors ? « Nous sommes en lecture » ?
- « Nous », ça veut dire qu’ils sont plusieurs.
- Et c’est bon signe, ça ?
- Sais pas. Moi je pensais qu’il était tout seul. Grand patron de lui-même, maître de sa destinée…
- P’têt qu’il est tout seul. Des gens qui disent nous pour eux, ça existe.
- Hmm. Si c’est ça, vu ce que t’écris, t’as aucune chance avec lui.
- On va dire qu’ils sont plusieurs, dans ce cas.
- « Etre en lecture », c’est bizarre, ça. La lecture, c’est pas un endroit…
- Oui mais bon, on voit ce qu’il veut dire… Il lit, quoi. C’est déjà super bien. C’est le pré-requis indispensable pour aimer.
- Si tu t’étais appelée Lady Gaga et que t’écrivais tes mémoires, il n’aurait même pas eu besoin de lire pour touver ça génial.
- On peut pas dire que tu sois hyper-positive, toi… Mais regarde ce qui vient juste après. « Bien à vous »… Ça te fait pas un peu rêver ?
- Pff, ch’uis sûre qu’il dit ça à tout le monde. Tu te fais des idées.
- Bon, alors au final, je fais quoi ? Je lui écris ? Je lui demande où ça en est ?
- A mon avis, ne fais rien. Laisse-lui penser que tu as plein d’autres propositions. Ça lui mettra la pression.
- Tu as raison. Pis de toute façon, j’ai pas le temps. Faut que j’avance dans le tome 6…
- Bon, et tes héros, ils vont finir par conclure ? Parce que depuis le temps que ça dure…
- Chut ! Je crois qu’on nous écoute…
- Tu serais pas un peu parano, toi? Mais si ça peut te faire plaisir, on va continuer ailleurs…

 

Lui (le 22 septembre 2011):

- C’est pas mal !
- Tu crois qu’elle y connaît quelque chose en édition ?
- J’ai pas l’impression.
- Tu veux dire que tu n’as pas d’imprimeur ?
- Non, je veux dire que je n’ai pas l’impression qu’elle s’y connaît en matière d’édition...
- Qu’est-ce que tu vas faire ?
- Je ne sais pas... Je pourrais l’envoyer balader mais elle fait des efforts.
- Oui mais les efforts... Est-ce suffisant
- Non mais elle me fait rire quand même... C’est déjà pas mal compte tenu des sinistres qui rôdent.
- Dis lui la vérité.
- Laquelle ? Que la terre est plate ? Que les Américains ne sont pas allés sur la Lune ? Ou que Beigbeder est le roi des cuistres ?
- Non, la vraie vérité...
- Celle qui dit que je suis débordé, que j’ai trois livres à terminer, quarante manuscrits à compulser, des dédicaces toutes les semaines et la gestion d’une maison d’édition ?
- Ben oui...
- Elle ne me croirait pas.
- Ajoute que tu as trois filles qui te prennent pas mal d’énergie, une femme et deux maîtresses...
- Non... Je crois que je vais lui dire de patienter encore...

 

Moi (le 22 septembre 2011):

- Elle attendra.

Lui (le 20 octobre 2011):

Bonsoir,

Non, décidemment non !

Dommage, il y a du style, c’est écrit avec un certain rythme mais le sujet ne me séduit pas. Je n’arrive pas à voir la cible de votre texte.

Ma ligne éditoriale m’oblige de plus à m’orienter vers le roman comique plus que vers le roman avec de l’humour... Je suis désolé, cependant, n’hésitez pas à me faire lire d’autre projets qui pourraient s’inscrire dans la ligne du [un animal tâcheté].

Voyez... Je veux rire en lisant !!!

Merci de votre attention,

Cordialement

Xxx

Moi (le 20 octobre 2011):

Après la descente cul sec d'une bouteille de chouchen où j'ai pris pour habitude d'aller noyer les "non, merci" plus ou moins argumentés que je collectionne depuis le début de toute cette (malheureuse? merveilleuse?) aventure, la conclusion s'impose: je suis indémotivable (et bonne pour les AA).

Je me méfie comme de la peste de mes amis, cette fourbe engeance: c'est pour cela que j'écris sous un pseudo (je vous ai dit que c'était un pseudo?). Je suis un peu le Fantomas du roman policier, le Clark Kent de la bleuette, et c'est cet anonymat qui donne à mes yeux de la valeur aux commentaires de lecteurs que je récolte sur le net. Ma tour d'ivoire est si haute qu'elle m'a permis d'aller les trouver jusqu'en Suisse, en Belgique, au Canada. Bon, ils sont 50, ok. Et je sais que toute seule, je ne pourrai pas aller plus loin. Mais je crois que ça me va. Je suis bien payée pour le boulot que je fais à côté et qui m'a laissé le temps de commettre plus de mille cinq cent pages. Il ne m'en reste plus que cinq cents à écrire pour finir ce que j'ai commencé.

J'arrête de me justifier, même si vous devez savoir que sur un sujet comme ça, on ne peut pas s'en empêcher. J'ai tout de même trouvé dans vos messages de quoi me faire mousser sur mes quatrième de couv, (là où je mets des citations comme "ça surpoutre des poneys(tm)" ou "ouais, trop cool") : si vous m'en donnez l'autorisation, j'aimerais bien l'exploiter.

Mes amitiés à vos filles et à vos maîtresses.

Et à bientôt, sûrement.

Kylie Ravera

Au final, le résultat est le même. Mais je trouve ça plus satisfaisant.

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Qu’est-ce que ça fait d’avoir connu son quart d’heure de buzz ?

Comme quoi, ça n’a rien d’évident de prévoir ce qui va faire parler dans les chaumières…

Alors sur Google Analytics, ça fait ça :

 

Ça fait également recevoir des commentaires comme : « Ouais, super, j’adore » et « Là, t’as merdé, t’y es allée trop fort. »

Et sinon, ça a fait vendre 2-3 bouquins, aussi.

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Qu'est-ce que ça fait de recevoir ce genre de message d'une maison d'édition - Part 3 (suite et fin?)

Bon. Je crois que j’ai énervé Service Littéraire. :-/

 « Ecoutez, foutez-nous la paix, votre message n'a pas été lu en entier.

Votre insolence, votre agressivité, et votre nom ne reflètent en rien la nature d'un Dieu. De plus, les auteurs doivent reconnaître leurs erreurs, et voir comment les grands auteurs écrivent.

 Bonne continuation. »

 Nous en resterons donc là. Dommage, je commençais à envisager de me lancer dans le roman épistolaire… Mais voilà la confirmation que l'humour reste quelque chose de très personnel.

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