Monsieur le futur Président,
je vous fais une lettre que vous lirez peut-être si les 4,74 personnes censées nous séparer sur Facebook la font parvenir jusqu’à vous.
Je n’ai pas d’autre légitimité pour vous écrire que celle de 65 millions de Français – et cela est donc largement suffisant.
Donc, Monsieur le futur Président, quand vous serez élu :
- ne cherchez pas à montrer que vous êtes un homme comme les autres. Je n’ai pas envie que vous vous exprimiez comme mon voisin de palier – aussi respectable soit-il. Je me fiche de savoir ce que vous prenez au petit-déjeuner, les émissions de télé que vous regardez, si vous êtes plutôt slip ou caleçon. Je préfère que tous vos actes tendent à prouver que vous êtes le meilleur d’entre nous et que vous méritez le salaire que nous vous octroyons.
- ne remplacez pas la démocratie qui vous aura élu par une oligarchie où vous placeriez tous vos pions. Aucun camp n’a le monopole du mérite et vous n’avez pas à être l’homme d’un clan.
- ne méprisez pas les fonctionnaires, ceux qui se sont mis au service du pays, quelle qu’en soit la motivation. Une école, une justice, une sécurité, une santé, une administration communes font bien plus qu’un Gouvernement pour que l’on se sente appartenir à une nation.
- ne faites pas voter une loi à chaque nouveau fait divers, donnez plutôt à la justice le moyen d’appliquer rapidement celles qui existent. La compassion ou l'indignation ne doit pas empêcher de prendre le temps de la réflexion lorsqu’il s’agit de graver dans le marbre des textes qui régissent nos libertés.
- n’utilisez pas le prétexte de nos origines, de nos orientations sexuelles et de nos religions pour nous diviser – nous n’avons pas besoin de vous pour cela mais bien pour qu’elles ne soient jamais un handicap lorsqu’il s’agit pour chacun de trouver sa place dans la société.
- sachez juger qui de vos pairs méritent votre considération, vos actions envers d’autres chefs d’états, envers les autres nations, nous engagent tous ; faites que nous n’ayons jamais à en rougir.
- assurez-vous que chaque élu ait le temps de s’occuper de l’administration qui l’a choisi. La course aux mandats cumulables et à leurs gratifications est incompatible avec la qualité du service qui nous est due.
- soyez humble, n’oubliez jamais que vous nous devez le pouvoir considérable que vous détenez entre vos mains.
Si vous respectez ces quelques points, vous m’aurez rendu la fierté d’avoir rempli mon devoir de citoyen en glissant un bulletin de vote dans l’urne. Autrement, je n’aurai d’autre choix pour la retrouver que de me présenter moi-même à votre poste dans cinq ans.