Et sinon, tu aimes la choucroute ?

Ça dépend, je suis très sélective sur la choucroute* ; du coup, ça me ferait super suer de recevoir dix fois par jour des invitations à goûter les choucroutes élaborées par des cuisiniers auto-proclamés best choucroutier of the world.

Un peu comme ça fait suer Sophie Adriansen de recevoir des mails non sollicités de la part d’auteurs auto-édités qui lui demandent avec plus ou moins d’élégance de plonger une cuillère dans leur bol de prose, avec dans l’idée qu’elle en parle sur son blog – de préférence, uniquement si elle a trouvé ça bon. L’exemple qu’elle donne dans son article illustre douloureusement les fautes d’inspiration que peuvent commettre les impétrants – non, évoquer des attentats, des tragédies ou la mémoire des morts pour fourrer ses élucubrations sous le nez de quelqu’un qui n’a rien demandé, ce n’est pas un bon plan. En tant qu’auto-éditée, je condamne fermement cette pratique. Pas d’amalgame, s’il vous plaît.

Un ami, qui m’a avoué être amateur de combats de femmes dans la boue, m’a donc posé là cet article afin de savoir comment je réagirais.

Examinons ensemble le panel des réactions qui s’offrent à l’auteur auto-éditée que je suis.

  • L’indifférence

Raté. Vous ne seriez pas en train de lire ces lignes, sinon.

  • Rhaaaa, ma vengeance sera terrible, si Sophie Adriansen refuse par principe de lire les gens comme moi, je ne lirai pas non plus par principe Sophie Adriansen !

Hmm, non, je suis plutôt du genre curieuse, et je ne me priverai pas d’une lecture potentielle pour si peu.

  • Rhaaaa, je suis trop maudite, regardez toute la boue que l’on déverse sur moi ! (Encore ! Encore !)

Le statut d’auteur maudit est assez confortable pour l’ego, il permet de faire ce que l’on veut sans se poser de questions. Or, je me pose trop de questions pour me satisfaire de cet état.

  • Good Game, Sophie, t’as dû exploser la fréquentation de ton site grâce à cet article au titre trollesque, super boulot de com’, bravo.

C’est peut-être vrai, mais je ne vois pas où est le problème. Et puis pour un auteur, il y a un monde entre voir un de ses articles atteindre des sommets de popularité et faire que les nouveaux visiteurs se penchent sur sa production littéraire – j’en sais quelque chose.

  • Chère Sophie, merci pour votre article qui me donne l’occasion de vous offrir le privilège de découvrir le premier tome d’une saga ébouriffante en 7+1+1 tomes, injustement dédaignée par 42 éditeurs qui n’ont pas su voir derrière une profusion d’adverbes en –ment la portée d’un message puissant à même de sauver l’humanité.

Je suis tentée, mais… non.

  • Eh bien voilà, comme ça, au moins, les choses sont claires, pas la peine de perdre du temps, si on est auto-édité, à peaufiner une lettre de motivation à l’intention de cette bloggeuse qui indique clairement qu’elle n’est pas intéressée.

Exactement. Nous y sommes. C’est tout à fait son droit. Surtout si elle a eu affaire à des malotrus insistants aux chevilles grosses comme des melons. On voit tout de suite le rapport avec la choucroute, pas besoin de se mettre des tatanes en se balançant des poignées de boue : nous sommes d'accord (désolée, Nico :p).

Et s’il y a parmi vous des autoédités que l’article de Sophie a chafouinés, ou des pas-encore-autoédités qui hésiteraient, pour le coup, à rejoindre la joyeuse et foutraque cohorte de fêlés du bocal sans contrat d’édition, je vous invite à aller jeter un coup d’œil par ici pour trouver une bonne dose de bienveillance envers notre mode de diffusion.

Je compte sur vous pour ne solliciter ces bloggeurs qu’avec respect et humilité, sans insister s’ils répondent « non » ou s’ils ne répondent pas, et en aucun cas avant que votre texte n’ait été relu 12 fois par au moins un prof de français, un prof de maths (la logique, tout ça), un académicien et Bernard Pivot. Il n’existe pas d’autre moyen pour, non pas redorer le blason de l’autoédition, dépourvu de sens tellement chaque pratique est personnelle et indépendante, mais pour offrir à votre œuvre le destin unique auquel elle a droit.


*Végétarienne, la choucroute, hein...

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Une réponse à Et sinon, tu aimes la choucroute ?

  1. Sophielit dit :

    Super billet ! Si tous les auteurs auto édités étaient aussi respectueux que toi, nous n'en serions pas là - et, au lieu de parler de moi dans mon billet de jeudi, j'aurais mis en avant le roman de quelqu'un d'autre...

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