Pourquoi n'y a-t-il pas de book-trailer pour la Tentation de la pseudo-réciproque ?

C'est vrai que c'est cool, un book-trailer. Enfin, quand c'est bien fait.

Ça permet de jouer au petit réalisateur, de voir des images danser au service de son texte, de peaufiner une bande-son qui va coller pile-poil à l’ambiance de son histoire, de faire vivre un peu plus ses personnages. Enfin, quand c’est bien fait.

Ça permet de booster ses ventes. Enfin, quand c’est bien fait.

Oui, parce qu’il y a quand même une contrainte de taille : pour que le book-trailer ne se retourne pas contre vous façon bad-buzz-boomerang, il convient d’éviter la faute de goût.

Les fautes de goût. On peut en effet en commettre un paquet.

La faute originelle consiste sans doute à ne pas utiliser le bon logiciel. Comme, par exemple, Powerpoint. Si Powerpoint appartient à la suite BUREAUTIQUE de Microsoft, c’est pas pour des coings : ça marche pour faire des présentations de business model à un board d’investisseurs, à expliquer pourquoi on demande des crédits supplémentaires pour son projet de voilier supersonique, et… c’est à peu près tout.

D’autant que Powerpoint abrite en son sein une racine du mal véritable : on appelle ça les animations. L’utilisation de cette fonctionnalité donne l’illusion au présentateur de contrôler le cerveau du public en affichant tour à tour textes et images dans un ballet savamment orchestré. Alors qu’en réalité, ça lui refile surtout le mal de mer, au public. En particulier quand les animations sont choisies parmi les plus déconcertantes, comme La Toupie ou Le Fouet, ou encore Le Tourbillon, susceptibles de causer des séquelles irréversibles aux sens de l’équilibre, de la vue et de la bienséance.

Ensuite, fuck les polices qui rassemblent un concentré de FBI. Parce que c’est une Fausse Bonne Idée authentique que de réutiliser dans son book-trailer la police de caractère de Harry Potter – le Film en espérant que ça rameutera l’esprit de JK Rowling sur son œuvre. Non, ce sera juste moche.

Et puis il y a les couleurs. Comme dirait le philosophe Stéphane Plaza, les goûts et les couleurs, hein… N’empêche que du rouge « sang coagulé » associé à du vert « caca de jars », c’est pas le plus heureux des mariages. Et si on n’a pas la compétence d’une Valérie Damidot pour détecter les incompatibilités chromatiques, mieux vaut s’abstenir sous peine de se retrouver soi-même dans la mouise (de jars).

Pour finir, la bande-son. Certes, c’est assez tentant, pour illustrer musicalement son œuvre, de miser sur un morceau de Massive Attack, des Pink Floyd, de Portishead ou de Lorie, dont on est tellement proche, spirituellement. Sauf qu’on n’a pas le droit. Donc, à moins d’avoir un David Guetta parmi ses bonnes connaissances, il va falloir se concocter son propre mix. De deux choses l’une : ou on a le sens du rythme, de l’accord parfait, du moment opportun pour balancer un coup de cymbale. Ou on ne l’a pas. Auquel cas, là aussi, le mieux est de tracer sa route en faisant sienne l’idée, au passage, qu’un book-trailer ne sert à rien.

Parce qu’un mauvais book-trailer peut flinguer la respectabilité d’une œuvre, casser l’image d’un auteur, faire de lui la risée des réseaux sociaux pendant au moins trois jours. Difficile de s’en remettre, par les temps qui courent.

Or, pour ma part, j’avoue :

- ne pas maitriser d’autre logiciel de création vidéo que Powerpoint,

- pouvoir passer un certain temps à regarder des lettres tournoyer et rebondir sur un écran sans éprouver le besoin d’avaler un cachet de Mer Calme,

- que la police Comic Sans MS ne me fait pas pleurer des larmes de sang,

- qu’il m’est arrivé de porter une écharpe rose avec un pull fushia,

- que je ne connais pas David Gueta.

Voilà toutes les excellentes raisons qui font que, et parce que j’ai à coeur de préserver mon image, vous ne verrez jamais de book-trailer de la Tentation de la pseudo-réciproque.

Parce que si vous deviez en voir un, ça ressemblerait à ça:

 

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2 réponses à Pourquoi n'y a-t-il pas de book-trailer pour la Tentation de la pseudo-réciproque ?

  1. @now@n dit :

    Je proteste : c'est aigue-marine et sang frais.

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