Qu'est-ce que ça fait de recevoir ce genre de réponse d'une maison d'édition? - Part 2

Suite à ma réponse, publiée dans le post précédent, voici ce que j'ai reçu de la part du même Service littéraire:

« Bonjour,

 Nous faisons suite à votre message envoyé au service littéraire, veuillez nous excuser de l'erreur occasionné "Ce projet que vous tenez à coeur. au lieu de "Ce projet qui vous tient à coeur".

 Nous avons pris en compte la remarque, toutefois sachez que le service littéraire est surchargé.

De plus, l'erreur est humaine. Les réponses aux manuscrits ne sont pas des textes littéraires, pour prêter de l'attention à la moindre faute commise. Mais surtout, nous comprenons que vous soyez frustrée du fait que votre manuscrit n'a pas été retenu.

 Quant aux choix des manuscrits, nous sommes contraints d'être très stricts, car nous ne pouvons pas éditer plus de six manuscrits par an.

Avec tous nos regrets, recevez nos sincères salutations. »

 Alors, moi, en réponse à leur réponse, j'ai répondu ça:

Cher Service Littéraire,

 Je te remercie pour cette réponse. Tu permets que l’on se tutoie ? Avec ce nouvel échange, je sens que nous allons devenir intimes. J’accepte donc tes excuses pour l’erreur occasionnée. Et je rappelle au passage que le participe passé utilisé sans auxiliaire s’accorde en genre et en nombre avec le nom ou le pronom auquel il se rapporte. Ce n’est pas grave. Ce sera pour la prochaine fois. On ne peut pas tout réussir du premier coup. Ou du deuxième. Bref.

Je relève toutefois que dans la liste qui te fut fournie tantôt concernant tes errements syntaxiques, tu n’en as reconnu qu’un. En même temps, ton job, comme tu le rappelles si bien, consiste à sélectionner. On ne peut donc pas te le reprocher.

Je note également que tu es surchargé. C’est marrant, moi aussi. On a au moins ça en commun. J’évite cependant d’utiliser ce prétexte pour ne pas faire mon boulot correctement. Mon patron n’apprécierait pas. Moi non plus, d’ailleurs, car j’aime le travail bien fait. Mais j’imagine aisément que tu croules sous les demandes d’auteurs wannabe tels que moi. Tout à la joie de ce point final fraîchement déposé au bout d’un alignement improbable de mots, mon espèce semble perdre toute retenue lorsqu’il s’agit de faire partager le produit de ses élucubrations nocturnes. Oui, car nous, dont les journées sont également surchargées, nous écrivons la nuit. Je te prie donc, à mon tour, d’accepter mes excuses pour le désagrément occasionné.

Comme tu le précises, l’erreur est humaine. Et j’exprime ici ma joie que tu ne sois pas une machine à dire non. On dirait que nous avons là un nouveau point commun. Une nouvelle raison de se sentir plus proches?... Mais tu affirmes ensuite que les réponses aux manuscrits ne sont pas des textes littéraires. Tu sous-entends par là que les erreurs y sont davantage admises. Et tu ajoutes que ces réponses ne méritent pas l’attention que l’on accorde aux romans. Ô, Service littéraire, qu’il me serait difficile de faire ton boulot ! Moi que toute atteinte à la pudeur des belles lettres fait frémir, y compris sur la notice de ma machine à laver… Mais c’est sans doute pour cela que je suis à ma place, et toi à la tienne.

Tu as raison : je suis frustrée. Frustrée que malgré tous mes efforts, malgré ce temps que j’ai passé à te faire part de ma motivation à rejoindre tes troupes pour gagner 1,65€ sur un livre que tu vendras 20€, malgré mon envie, ma foi, ma rage, je ne récolte en réponse qu’un message anonyme bourré de fautes.

Tu es sélectif, dis-tu. Permets-moi de l’être à mon tour. Et de faire violence à mon humilité naturelle pour affirmer que tu ne mérites pas ma longue – ô si longue – saga en 7 tomes dans laquelle j’ai mis tellement de moi et de mes expériences. Car tu l’ignores peut-être, Service littéraire, qui n’a sans doute jamais écrit une ligne qui vaille la peine d’être lue : je suis Dieu en mon roman. Et grâce aux pouvoirs que me confère cette position, je ferai bientôt de toi un épisode.

 En attendant, cher compagnon épistolaire, je te souhaite de la réussite dans tous tes projets. J’ai bien compris que je n’en ferai jamais partie. Je pense que je m’en remettrai. Je n’ai, pour ma part, aucun regret.

 Bien à toi,

 Kylie Ravera

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Qu'est-ce que ça fait de recevoir ce genre de réponse d'une maison d'édition?

Madame,

Nous avons bien reçu votre manuscrit " La tentation de la pseudo",et nous vous remercions de l'intérêt que vous portez à notre maison d'édition.

Après lecture attentive, nous avons le regret de vous annoncer qu' il n'a malheureusement pas été retenu par le comité de lecture.

De plus, votre texte nous paraît trop long pour envisager la publication.

Nous vous souhaitons de réussir pour ce projet que vous tenez à coeur et vous prions de croire, Madame, en l'expression de nos plus cordiales salutations.

Le service littéraire.

Ca fait répondre ça:

Bonjour, Service littéraire,
 
je vous remercie pour votre réponse qui a le mérite de la concision.
Après une lecture attentive, j'ai le regret de vous annoncer qu'elle n'est malheureusement pas en conformité avec certaines règles de grammaire et d'orthographe en vigueur dans la langue française. Ayant vraisemblablement davantage de temps que vous, et me sentant impliquée dans l'édification des masses, je me permets de vous proposer quelques corrections. Leur application vous permettra, je l'espère, de conserver votre poste ainsi qu'une certaine crédibilité au sein de votre profession:
- qu' il --> qu'il: il n'y a jamais d'espace après l'apostrophe
- votre texte nous paraît trop long pour envisager la publication --> pour en envisager serait la formulation correcte, mon texte, quant à lui, n'envisage rien du tout. Si ce n'est d'être lu par des gens à peu près sérieux.
- nous vous souhaitons de réussir pour ce projet --> réussir ce projet, si je réussis, c'est pour moi, pas pour lui. Egoïste, je suis.
- ce projet que vous tenez à coeur --> ce projet qui vous tient à coeur. Et à la lecture de ceci, il défaille.
 
En outre, il vous manque un mot pour citer de façon correcte le titre de mon roman. Ce n'est pas beaucoup, un mot, mais je dois admettre qu'il est important pour donner du sens à l'expression.  
 
Je vous invite donc à hisser votre professionnalisme à la hauteur de mon amateurisme, celui qui me fait aimer et respecter la langue dans laquelle je prétends écrire.
 
Et je vous remercie encore une fois pour ce qui s'avère être, à la lumière de ce qui précède, une vacheté de chouette nouvelle.
 
Je vous prie de croire, Service littéraire, à l'expression de ma cordiale ironie et de mon profond amusement.
 
Kylie Ravera

Ah. Ca fait du bien.

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Qu’est-ce que ça fait de rencontrer son public IRL ?

In Real Life. Dans la vie réelle. Parce que la vie que l’on mène sur la toile à l’abri d’une silhouette et d’un pseudo, ce n’est pas la vie réelle, n’est-ce pas ?

Hmm, pas si simple.

Cette rencontre IRL, donc, s’est produite à l’occasion des 10 ans de Geekzone – un forum où il y a 4 ans de ça, je suis allée assez naïvement faire de la pub pour la Tentation. Forum + pub = coup de semonce, normal, ça ne se fait pas (surtout que c’était écrit dans la FAQ). Ça aurait pu s’arrêter là, mais mes plates excuses ont dû réussir à attendrir le cœur implacable du modo, et j’ai gagné le droit de maintenir mon petit topic à moi sur le Forum. Ce qui m’a permis de :

a) Trouver mon illustrateur, un gars de la zone, bourré de talent et prêt à s’investir dans un projet à l’avenir pécuniaire incertain

b) Trouver des lecteurs.

Mes premiers vrais lecteurs, ceux qui ne me connaissent pas IRL, justement. Pour qui je suis un auteur comme les autres. Ce que, pour un certain nombre d’aspects, j’aspire à être. Des lecteurs enthousiastes, qui plus est, qui vous donnent l’envie de continuer parce que vous avez l’impression de leur devoir quelque chose.

S’en sont suivis des échanges via mail/forum/facebook/chat. Jusqu’à ce 2 juin 2012 où un rassemblement sous le signe de « beer will change the world » m’a donné l’occasion de me transporter avec une valise pleine de bouquins à la rencontre des hommes (et de quelques nanas) derrière les pseudos.

Petite appréhension dans le métro : est-ce que les habitués vont me reconnaître ? Me parler ? M’accepter avec ma valise à roulettes qui contient 6 ans de ma vie que je cherche à monétiser ?

Stress. Impulsion soudaine de ne pas y aller. Mais bon, j’ai perdu 2 kgs de sueur à trimballer 20kgs de livres d’un bout à l’autre de Châtelet-les-Halles, je ne peux pas avoir fait ça pour rien.

A l’arrivée : « Ah, c’est toi, l’auteur de Geekzone ? La fille à la valise ? » Quelques bises et une étiquette identificatrice collée sur le pull plus tard, je suis juste contente d’être là. De discuter de pleins de sujets qui me passionnent, littérature, jeux vidéos, cinéma, sociologie, avec des gens passionnants. Mes piles à lire, à voir, à écouter, à jouer, croissent à vue d’œil.

Et puis il y a les dédicaces. Un truc dont tant d’auteurs édités se plaignent, obligation d’écrire une bafouille personnalisée pour des gens qui au final ne vous sont rien. Là, ce n’était pas le cas. Je suis encore dans l’émerveillement de ce que mes pattes d’oies sur une première page de la Tentation puissent avoir de la valeur pour mes lecteurs. Qui me sont beaucoup.

Petit ego-trip. Je ne comprends pas que l’on puisse s’en lasser.

Et parce que je reste une flippée de la chose que j’ai écrite, j’espère très sincèrement que je ne vous décevrai pas.

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Peut-on aimer à la fois...

Le 24ème Caprice de Paganini et Gimme More de Britney Spears ? What if de Fredrika Stahl et Pop corn de Hot Butter? Que sera de Wax Taylor et Prévu pas prévu de Milk, Coffee and Sugar? Layla d’Eric Clapton et Shadows of Death de Rhapsody ? Fuck U d’Archive et Belle de Notre-Dame-De-Paris ? Iron de Woodkid et Nemo de Nightwish? Gained the world de Morcheeba et Lollipop de Mika ? Le chat botté de Fersen et It’s gonna be me des N’Sync? L’iditenté des Têtes Raides et Dulcissima de Corvus Corax ? Nantes de Beirut et Là où je t’emmènerai de Florent Pagny ? Paradise Circus de Massive Attack et Your eyes de Cook da books ? Make me wanna die des Pretty Reckless et La déclaration de Debout sur le Zinc? Resistance de Muse et Big in Japan d’Alphaville ? Karma Police de Radiohead et Ma France à moi de Diam’s ? Quatre murs et un toit de Bénabar et Khabi Khushi Khabi Gham de Lata Mangeshkar ?

Oui, on peut.

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Quel est selon toi le juste prix d’un livre numérique ?

Depuis que j’ai mis un pied (ou plus exactement un demi-orteil) dans le métier du livre en commercialisant mes écrits à la fois sous forme d’exemplaires papier et de versions numériques, je me suis retrouvée pas loin des premières loges pour assister au boum de ces dernières. Le boum est tout relatif, mais il a le mérite d’exister et a conduit plusieurs de mes prospects à poser la question susmentionnée. Je rassemble ici les réponses que j’ai pu y apporter dans divers forums (le rassemblement, c’est quand même le but d’une FAQ !).

Histoire de partir d’une base un peu concrète, je vais commencer par citer quelqu'un qui a l'air de s'y connaître sur la répartition des coûts liés au livre papier:

"Sur [un livre à] 10 euros, l’auteur touche 1 €, l’éditeur 1,50€ (création éditoriale, relecture, correction, mise en forme, maquettage, marketing, promotion commerciale, service de presse, vente de droits étrangers et de droits audiovisuels et frais de structure), l’imprimeur 1,50 € (pré-presse - qui peut aussi être réalisé par le service de fabrication de l’éditeur - achat du papier et impression), le diffuseur et le distributeur perçoivent 1,70 € et le libraire 3,80 €. L’Etat récolte quant à lui 0,50 € de TVA."

Enlevons l'imprimeur et le libraire pour passer au numérique (le diffuseur, dans ce cas, peut être un Amazon, qui touche aussi son dû). On passe de 10€ à 4,50€, avec une TVA à 7%. 10€, c'est plutôt le prix d'un poche. Au départ, un bouquin sort généralement en grand format aux alentours de 20€, soit le double de tout ce qu'on vient de dire. En moyennant, en supposant qu'on vend plus de livres à 10€ qu'à 20€, et en touillant à la louche, on arriverait à un juste prix dans les 6€ pour un livre numérique, en voulant conserver peu ou prou ce que gagnent les différents acteurs encore dans la course.

Est-ce acceptable? Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression que le quidam s'attend plutôt à payer moitié moins. Et on en revient à la question du modèle de répartition et de ce que peuvent espérer gagner les différents acteurs du marché.

Car il faut quand même reconnaître que la numérisation des livres implique également la possibilité d'une réplication sans contrôle d'une œuvre. Vous voyez où je veux en venir? Oui, à la question des droits d'auteur. Plusieurs constatations:

- les usagers du 2.0 n'aiment pas les DRM. Dès qu'ils voient l'ombre de la queue d'une, ils s'empressent d'aller télécharger le soft qui leur permettra de la neutraliser. Limite, ça va les inciter à faire des copies et à les distribuer au tout-venant.

- le lecteur lambda qui accepte de payer 8-10€ un poche et 15-20€ un hard cover ne conçoit pas de débourser la même chose pour un epub ou un pdf. Parce que dans sa tête, le coût de production est nul. Pas évident d'imaginer ce que ça a pu coûter à l'auteur, qui fait le même job quel que soit le support qui va abriter le produit de ses nuits blanches.

- avec le numérique, nous sommes tous des auteurs en puissance. Moi y compris. Plus besoin d'un éditeur qui va venir s'occuper de la logistique, de la promo, de la distribution, et qui va prélever sa dîme sur les bénéfices. Enfin, ça, c'est la théorie. Parce qu'avec l'explosion de l'offre, on devient invisible. Même pour notre public cible. Au final, après avoir pris le bouillon noyés dans la masse, on se dit qu'il l'aurait peut-être méritée, sa dîme, l'éditeur.

C'est là que l'un d'entre vous, qui avait commencé à trépigner d'impatience depuis quelques lignes déjà, va se lever pour dire: « Et la musique? C'est tout pareil, la musique, et avec des plateformes de téléchargement légales qui vendent le morceau à un prix de plus en plus accepté, les musicos, même les auto-prod, peuvent s'en sortir très bien... »

Ce à quoi je répondrais: oui, mais non. C'est pas pareil. Le musicos, il peut faire des concerts pour grapiller quelques thunes. Alors qu'un écrivain qui décide d'aller déclamer son bouquin, ça ne remplit pas un Zénith (à part si vous vous appelez JK Rowling). Et puis il y a aussi un problème de volume. On peut consommer 15 morceaux de musique en une heure. Un livre de 300 pages, ça vous tient bien 10-12h. On n'a pas le temps d'en consommer autant. Forcément, on en achète moins. Si on ajoute à ça que le nombre de lecteurs est globalement inférieur à celui des écouteurs de musique, on en arrive à la conclusion… qu’on va tous mourir. Auteurs, libraires, éditeurs…

Tout ça pour dire... quoi, au fait? Qu'être écrivain numérique, c'est trop la misère? Bouh, qu'est-ce qu'on est malheureux, Hadopi viens à notre secours?

Non, même pas.

C'est un fait: il est plus difficile qu'avant (le web) de vivre de sa plume (sauf pour quelques rares adaptés à la télé). Mais ça n'empêche pas d'écrire. Ca prend peut-être plus de temps, parce qu'il faut continuer à assurer le quotidien, mais on finit par le sortir, ce nouveau tome, cette nouvelle histoire, celle pour laquelle on a sacrifié tellement d'heures de sommeil, mais tant pis, parce que de toute façon, on ne pouvait pas faire autrement. C'est bien ça, le drame: impossible de s'arrêter alors même qu'on a le nez dans le ruisseau.

Et c'est aussi ça, le petit miracle qui fait qu'on a encore des livres à lire.

Il est également trop tôt pour enterrer le livre physique. Ce bel objet aux couleurs chatoyantes qui se manipule avec tendresse.

Et moi je rêve de ce jour où les éditeurs comprendront que les lecteurs veulent acheter un contenu et pas un support, et que s'ils acceptent de payer un support physique qui a un coût de production, de stockage, de distribution, ils ne voient pas pourquoi ils paieraient en sus un epub qui a coûté un clic de souris et un pouième de watt pour être généré...

Et vive l'epub offert pour un livre physique acheté! Parce que je suis une lectrice avant d'être un auteur, cela me me permettrait de nourrir à la fois la liseuse que je vais finir par acquérir et ma bibliothèque que j'aime comme un tableau de maître qui serait accroché dans la plus belle pièce de la maison.

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Qu'est-ce que tu as à dire au futur Président?

Monsieur le futur Président,

je vous fais une lettre que vous lirez peut-être si les 4,74 personnes censées nous séparer sur Facebook la font parvenir jusqu’à vous.

Je n’ai pas d’autre légitimité pour vous écrire que celle de 65 millions de Français – et cela est donc largement suffisant.

Donc, Monsieur le futur Président, quand vous serez élu :

- ne cherchez pas à montrer que vous êtes un homme comme les autres. Je n’ai pas envie que vous vous exprimiez comme mon voisin de palier – aussi respectable soit-il. Je me fiche de savoir ce que vous prenez au petit-déjeuner, les émissions de télé que vous regardez, si vous êtes plutôt slip ou caleçon. Je préfère que tous vos actes tendent à prouver que vous êtes le meilleur d’entre nous et que vous méritez le salaire que nous vous octroyons.

- ne remplacez pas la démocratie qui vous aura élu par une oligarchie où vous placeriez tous vos pions. Aucun camp n’a le monopole du mérite et vous n’avez pas à être l’homme d’un clan.

- ne méprisez pas les fonctionnaires, ceux qui se sont mis au service du pays, quelle qu’en soit la motivation. Une école, une justice, une sécurité, une santé, une administration communes font bien plus qu’un Gouvernement pour que l’on se sente appartenir à une nation.

- ne faites pas voter une loi à chaque nouveau fait divers, donnez plutôt à la justice le moyen d’appliquer rapidement celles qui existent. La compassion ou l'indignation ne doit pas empêcher de prendre le temps de la réflexion lorsqu’il s’agit de graver dans le marbre des textes qui régissent nos libertés.

- n’utilisez pas le prétexte de nos origines, de nos orientations sexuelles et de nos religions pour nous diviser – nous n’avons pas besoin de vous pour cela mais bien pour qu’elles ne soient jamais un handicap lorsqu’il s’agit pour chacun de trouver sa place dans la société.

- sachez juger qui de vos pairs méritent votre considération, vos actions envers d’autres chefs d’états, envers les autres nations, nous engagent tous ; faites que nous n’ayons jamais à en rougir.

- assurez-vous que chaque élu ait le temps de s’occuper de l’administration qui l’a choisi. La course aux mandats cumulables et à leurs gratifications est incompatible avec la qualité du service qui nous est due.

- soyez humble, n’oubliez jamais que vous nous devez le pouvoir considérable que vous détenez entre vos mains.

Si vous respectez ces quelques points, vous m’aurez rendu la fierté d’avoir rempli mon devoir de citoyen en glissant un bulletin de vote dans l’urne. Autrement, je n’aurai d’autre choix pour la retrouver que de me présenter moi-même à votre poste dans cinq ans.

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Qu'est-ce que tu fabriques à Las Vegas?

C’est effectivement une question que beaucoup de gens se posent, depuis 8 ans que j’effectue un pèlerinage quasi-annuel dans la Cité du Vice. Je lève donc le voile sur mes activités dans ce lieu controversé : je bois des mojitos glacés, je lézarde au bord d’une piscine multi-olympique, je crame mes droits d’auteur dans des machines à sous, je teste mes capacités de calcul mental sur des tables de blackjack, je sors dans des boîtes de nuit super chics vêtue d’une jupe super courte qui ne laisse rien ignorer du galbe de mon postérieur, je… Ok. En fait, je suis là pour bosser. (Et une seule des propositions précédentes est vraie). La ville-qui-sent-le-pop-corn accueille également une convention s’adressant aux professionnels de la vidéo. Une espèce de happening qui réunit plus de 70,000 techos dans une orgie de meetings commençant à 9h du matin et se terminant à 18h. La pause-déjeuner est optionnelle, voire mal vue. Avant ça, décalage horaire oblige (9h, quand même), on aura traité tous les mails de la journée française – le sommeil nous ayant fuit aux alentours de cinq heures du matin. Après, on s’assiéra autour d’un ordinateur pour faire le debrief de la journée américaine. Sur les coups des 20h, on ira faire du networking dans des soirées où l’on perdra la voix à force de crier dans l’oreille de son voisin. Minuit nous verra préparer les meetings du lendemain.

Vivent les journées qui durent dix-huit heures.

Au bout de 4 jours, on a juste envie de rentrer à la maison.

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Qu’est-ce que ça fait de donner des coups de hache dans le tome I de la Tentation ?

Ça défoule. Je précise qu’aucun arbre n’a été blessé durant l’opération, dont le périmètre est resté strictement circonscrit à mon Dell Latitude E2400. Le but de la démarche : alléger, fluidifier, simplifier, donner envie de dépasser le cap de la page 42. Un mur, cette page 42. Un endroit où tout peut brusquement s’arrêter, où se prend la décision de ne pas aller plus loin. Pourtant, au départ, on avait été intrigué par cette histoire de policier en képi qui se faisait avaler par le macadam. Mais là, à la page 42, on commence à se demander ce qu’il peut bien se passer de passionnant dans une prépa. Les plus persévérants franchissent le cap ; et là c’est gagné. Mais combien se sont arrêtés en chemin ?

Résultat des courses : 50 pages de moins, un final mieux amené, des explications moins compactes et une trame qui ne change pas – preuve que les 50 pages en question étaient loin d’être essentielles.

A ceux qui veulent (re)tenter l’aventure, la version dégraissée du mammouth peut migrer dans votre BAL sur simple demande.

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Quel est ton public cible ?

Soyons exacts ; il ne s’agit pas d’une question fréquemment posée, mais elle a le mérite de l’être par ces personnes qui seraient en mesure de changer la destinée de la Tentation : les Editeurs. Ces derniers étant des gens très occupés (notamment à se frayer un chemin parmi les 46 598 manuscrits qui encombrent leur couloir, les obligeant à user de la machette pour aller chercher chaque matin leur baguette de pain à la boulangerie du coin) je me suis dit que j’allais leur filer un coup de pouce. Déjà, je m’étais fendue d’une petite étude de marché pour évaluer mon volume de vente potentiel, au tout début de mon aventure littéraire. Alors je n’ai pas (encore ?) atteint le million de lecteurs espérés, mais j’ai tout de même pu tirer quelques tendances concernant mon lectorat, dont mon mode de promotion me rend forcément proche. Tendances que je vais vous faire partager ici.

  • Le sexe : il est résolument masculin. Preuve que des vrais gars peuvent s’identifier à un faux gars né de l’imagination d’une fille. Ou que mes encarts publicitaires sont situés dans des lieux de passage riches en testostérone. Je détecte en tout cas, de ce côté-là, un certain potentiel de croissance. Vais peut-être aller poser mon tabouret et mon porte-voix du côté des forums pour nanas, moi…
  • Age : un pic chez les 25-30 ans, avec tout de même des extrêmes à 15 et 80 ans. Et deux frémissements supplémentaires, chez les 18-20 ans – vive le bac ! et chez les soixantenaires – vive la retraite !
  • Catégorie socioprofessionnelle : pas de surprise de ce côté-là, la Tentation est une œuvre qui plaît aux profs et aux élèves. Mais pas seulement ceux qui font une prépa ! Et pour moi, ça, c’est un pari gagné.
  • Géographie : est-ce dû à mon illustrateur et à ses racines enfoncées dans le plat pays qui est le sien ? Le fait est que la Belgique est surreprésentée dans mon lectorat, qui s’étend aussi jusqu’en Suisse, au Canada et au Maghreb. Je suis déjà internationale ! Peut-être mériterais-je une subvention au titre de la promotion de la francophonie ? Si un ministre m’écoute et veut me récompenser pour services rendus, je suis prête à lui envoyer un RIB ou mes coordonnées Paypal. Je suis récupérable.

Voilà, Editeur de passage, ce que je peux te dire concernant ma cible. Mais si tu connais le monde du livre comme peut le connaître un professionnel qui côtoie des auteurs, que tu en es peut-être d’ailleurs un toi-même, tu dois savoir que l’on n’écrit pas pour une cible. Elle se dessine d'elle-même, pour peu que l’on laisse à une œuvre la chance de l’atteindre. Et c’est là que je te propose mon aide pour devenir riche à millions. :-)

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Qu’est-ce que ça fait de se prendre son premier plomb ?

Alors je rassure tout de suite ceux qui penseraient que l’amie des bêtes que je suis a croisé un mauvais chasseur. Non, mon intégrité physique est intacte. Le plomb dont je parle est purement e-pistolaire. Faut dire que je l’ai un peu cherché, aussi : j’ai envoyé la Tentation (plus exactement les 3 premiers chapitres et un synopsis détaillé) à un éditeur potentiel. Bon, ce n’est pas la première fois, mais en général, je m’en tire avec un message qui visiblement n’a pas été composé à ma seule intention (à deux exceptions près lisibles sur la 4ème de couv’ d’Opération Platypus). Là, mon interlocuteur a pris la peine de me répondre. Deux fois. La première pour me dire de façon plutôt amicale que pour la Tentation, ça ne le ferait pas pour cause de non adhésion à l’univers, mais que si j’avais autre chose en stock, il accepterait de jeter un coup d’œil. Je lui ai répondu (de manière tout aussi amicale, de toute façon, je ne sais pas faire autrement) que ben non, ce que j’avais en stock, ça le ferait encore moins (des nouvelles à caractère mathématiques et des écrits d’adolescente dépressive) mais que s’il voulait bien attendre deux ans que j’en ai fini avec Peter Agor, on pourrait rediscuter. Ça aurait pu en rester là si je n’avais pas, dans un bref accès de communicationite aiguë, eu la mauvaise idée d’envoyer, trois jours plus tard, un coucou-joyeux-noël accompagné d’un chapitre supplémentaire du tome I. Et c’est là que je me le suis pris, ce fameux plomb. Je n’ai pas demandé à l’auteur du scud en question l’autorisation de le citer, donc je n’en ferai rien. Mais c’était suffisamment violent pour que je puisse vous dire, à vous mes lecteurs, que vous avez des goûts de cabinet. Un cabinet où, en plus, on se fait royalement ch…. Ce n’est pas forcément malvenu dans ce type d’endroit, me direz-vous, mais là n’est pas mon propos. Bref, pour citer le type de Canal que je révère pour avoir réussi à faire fortune avec son style, je me suis pris un sacré coup de la latte dans les c… (que je n’ai pas. Mais là non plus, ce n’est pas le propos). Je me serais sans doute éclipsé sur la pointe des pieds en m’excusant pour la dérange si dans son mail, l’éditeur potentiel n’ajoutait pas quelque chose qui a fait s’afficher toute une série de points d’interrogation autour de ma tête, façon manga. Il pense que j’ai du talent. Malgré mes histoires qui n’intéressent personne et mon style pompeux, ennuyeux et rigolard comme un vieux cousin bourré à un mariage (mince, je l’ai cité. Vous pensez qu’il m’en voudra ?). Du talent, donc. C’est la première fois qu’une personne un peu autorisée me balance ça. Et à vrai dire, je ne sais pas trop quoi en faire. Et même, ça m’embête un peu. Parce que d’une certaine façon, j’ai l’impression que j’ai le choix. Entre continuer mon bonhomme de chemin, bordé d’un côté par un boulot que j’aime et de l’autre par la Tentation où je m’éclate en amateur, et bifurquer complètement vers des horizons insoupçonnés. Un peu comme quand, à dix-huit ans, j’ai voulu faire littéraire et que mes parents m’ont dit : « tu rigoles, ou quoi ? Obtiens ton diplôme d’ingénieur et constitue un patrimoine pour assurer ta retraite d’abord ». Et à l’époque, j’ai obéi.

J’ai peut-être tort, mais après avoir gambergé sur les paroles de l’éditeur potentiel, j’ai fini par penser qu’il pouvait être de la race des Niclaus Zarkowsky (ou plutôt, de celle de mon prof de Math Sup qui lui a servi de modèle). Du genre à filer des coups de pied au derrière pour le bien des gens.

Seulement, c’est à moi de décider où est mon bien.

Et même s’il doit m’en coûter une vie plus excitante, et peut-être la légitimité et la reconnaissance qui l’auraient accompagnée, j’ai décidé que mon bien passerait d’abord par la Tentation.

Donc rendez-vous à l’année prochaine pour le tome 7 :-)

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