Es-tu toujours aussi véhémente à l’égard des maisons d’édition qui refusent ton manuscrit ?

Le truc, avec les buzz, c’est qu’il faut savoir en assumer les conséquences. Je n’ai jamais eu autant de retours sur un post, qu’ils soient privés ou publics, que depuis que j’ai dévoilé notre petit échange épistolaire avec mon ami Service Littéraire. A vous, qui aimez les chiffres, je vais fournir quelques statistiques : 70% adorent, 30% détestent. On ne peut pas plaire à tout le monde, certes. Mais comme Facebook nous a ramenés à l’époque des arènes romaines où un pouce levé ou baissé suffisait à faire la différence entre la vie et la mort (même s’il ne s’agit en l’occurrence que de celle de ma web-reputation), je vais tout de même profiter de cette petite tribune que j’ai construite de mes mains pour effectuer une légère mise au point.

Non, je n’envoie pas ce genre de message à toutes les maisons d’édition qui refusent mon manuscrit. Il s’agit d’un cas isolé, unique, singulier, dont l’origine se trouve dans la « qualité » du retour qui m’a été effectué. Je ne reproche pas du tout à cette maison de ne pas avoir accepté mon livre, choisir c’est son métier. Mais j’ai trouvé ses réponses involontairement comiques, à cause de la présence de ces mêmes fautes que l’on reproche tant aux aspirants-auteurs. Et je n’ai pas su résister à l’envie de saisir à pleine main cette perche tendue et de venir tirer dessus pour m’amuser un peu.

30% d’entre vous n’ont pas trouvé ça drôle. Soit. L’humour n’est pas la chose du monde la mieux partagée. Mais n’en déduisez pas pour autant que je méprise toutes les maisons d’édition.

J’ai tout juste 10 tentatives à mon compteur (vous voyez, je n’ai pas fait cela très sérieusement. Je suis encore loin de Jasper Fforde et de ses 76 envois !). 5 retours standards mais polis, sans faute et citant correctement le titre de mon roman, deux autres un poil personnalisés et, bien que négatifs, plutôt encourageants, deux échanges plus poussés et… Service Littéraire.

Aux antipodes de l’échange précédent, je vais donc vous en soumettre un autre. Négatif, mais amusant et respectueux. Et, oui, je sais : long.

Lui (le 7 juillet 2011):

Bonjour,

Pourriez-vous me faire parvenir un ou deux chapitres par mail ? Votre site est très blogueur mais je n'y ai pas vu d'extraits. Je précise que je suis myope mais ce n'est pas une raison. Le "Kylie Ravera" est un jeu de mot avec "Qui vivra verra", je suppose.

Vous ne pouvez pas vous appeler xxx comme tout le monde !

Bien à vous

xxx

Moi (le 7 juillet 2011):

Bonjour,

un ou deux chapitres, c'est un peu difficile, mais le tome I en pdf dans son intégralité possède l'avantage d'être déjà disponible sur le disque dur de mon PC. Vous saurez, j'imagine, comment faire pour vous limiter à la lecture des premiers chapitres. Un flagrant manque de fantaisie me les a fait mettre plutôt au début du roman.

En vous souhaitant une bonne lecture,

Kylie Ravera - myope, également.

Moi (le 13 juillet 2011):

Vous connaissez sûrement le « Guide du routard galactique ». H2G2. Ford Escort. Zappy Bibicy. Don’t panic. 42. Tout ça. Dans le tome 5 (« Globalement inoffensive »), le personnage de Tricia McMillan rate un entretien d’embauche dans une grande chaîne de télé américaine parce qu’elle n’a pas été capable de déchiffrer le prompteur : ses lentilles de contact sont restées dans le sac-à-main qu’elle avait décidé de ne pas retourner chercher. Plusieurs années auparavant, elle avait également raté le décollage de la soucoupe volante qui l’aurait emmenée vers une existence passionnante remplie de péripéties : le pilote de la soucoupe ne l’avait pas attendue quand elle était retourné chercher son sac-à-main. Tricia McMillan en déduit avec justesse qu’il y a des circonstances où il faut retourner chercher son sac-à-main et d’autres pas. La vie ne nous apprend simplement pas à les différencier.

Je me trouve un peu dans la même situation. Non pas pour un problème de lentilles de contact (j’assume complètement ma myopie en arborant fièrement des lunettes à fine monture métallique), mais parce que je ne sais pas si c’est une bonne idée de vous envoyer ce mail. Vous êtes peut-être du genre à porter plainte pour harcèlement quand quelqu’un vous envoie deux mails à une semaine d’intervalle (et comme vous semblez connaître plus d’avocats que moi, vous avez toutes vos chances). Ou alors vous êtes plutôt du genre à vous dire tiens, c’est qui celle-là, elle m’avait pas envoyé un truc à lire, par hasard ? Où est-ce que je l’ai fourré ?

Donc, doute.

Si vous vous reconnaissez dans le personnage 1, ce message s’auto-détruira dans deux secondes (à vrai dire, dès que vous aurez pressé la touche suppr de votre client mail).

Sinon, vous accepterez peut-être de me dire ce que vous avez pensé de la Tentation (ou de ses premières pages. Ou de son titre ?). Vous pouvez être dur, franc, sévère : je n’ai pas de tendances suicidaires. A priori.

Amicalement,

Kylie Ravera

Lui (le 13 juillet 2011):

Bonsoir,

Je suis juste débordé mais n’étant pas un verre d’eau qui en a ras-le-bol, je prends deux minutes pour vous répondre. J’aime bien les gens qui font des efforts... Cela fait une moyenne avec ceux qui n’en font plus. Vous vous efforcez d’être entendu et lu, c’est bien...

Mon premier sentiment est que c’est bien léché, bien écrit, amusant et que votre sens de l’humour sort de votre livre (preuves en sont vos courriers).

Mon deuxième sentiment (c’est une prémonition car je n’ai lu que quelque pages) est que cette histoire ne va pas m’intéresser... Entendez ça au sens large (je ne porte pas de jugement de valeur). En tant qu’éditeur, j’essaye de mettre dans la peau du lecteur lamba (ce qui ne doit en aucun cas est votre attitude).

J’ai appris avec ma modeste expérience et mon immense fortune (avant que je fasse ce métier) que l’édition est une équation à 3 x et que la seule solution est d’en supprimer au moins une. Si on est pas un éditeur célèbre, il faut un nom célèbre, si on n’a pas non plus ça en stock alors il faut un sujet référentiel ! On n’a pas ça là !

Mais vous avez un peu de style et du panache, c’est le plus important.

Compte tenu de notre position et de nos moyens, nous en vendrions 250 exemplaires car le marché n’absorbe plus ce qui ne se voit pas. Je peux être prêt à parier sur un livre pour en vendre 250 si je tombe fou amoureux (du livre), sinon ça porte un autre nom mais ça existe aussi.

Voilà ma première réponse avant une lecture plus complète...

Puisque vous me harcelez, il faut assumer les demi lectures !

Bien à vous

xxx

Moi (le 16 août 2011):

Je crois que j’ai trouvé une réponse possible à une question que je ne m’étais jamais vraiment posée : la vocation d’écrivain est-elle compatible avec une vie de famille normale ? D’après certains : non. Il faut souffrir, en baver, agoniser, mourir, renaître, avant de pouvoir tâter du bout de l’ongle ce statut tellement fantasmé. Et tout cela est, bien entendu, absolument incompatible avec une vie de famille standard, faite de dîners à heures fixes, d’abonnements à une salle de sport où on ne va jamais et de crédits à rembourser.

J’en déduis que tant que je n’aurais pas assassiné mon mari, vendu mon fils sur e-Bay, brûlé ma maison et ma salle de sport (où je ne vais jamais), je n’aurai aucune chance. Soit. Mon plaisir est ailleurs. Quand on a le beurre et l’argent du beurre, on peut se dispenser des faveurs de la crémière. Mais ça ne coûte rien d’essayer de lui passer discrètement une main dans le dos en espérant qu'elle trouve ça bon.

Or, donc, vous n’êtes peut-être pas de ceux qui succombent au premier regard. Le coup de foudre, vous n’y croyez pas. Il vous en faut davantage pour sentir que votre palpitant s’agite. Et moi, je suis décidée à tenter ma chance jusqu’au bout.

La solution de facilité aurait été de vous faire parvenir par la même voie que celle précédemment utilisée, le tome II des aventures de Peter Agor. Mais cela manquerait par trop de fantaisie. Et je n’aime pas ce qui est prévisible. A l’opposé, j’aurais pu vous envoyer n’importe quel volume des aventures de l’inimitable Jeeves, de PG Wodhouse. Vous auriez beaucoup ri, mais ça n’aurait pas vraiment fait avancer mon schmilblick. Ni d’ailleurs celui de Mr Wodhouse, qui est, à la fois, déjà multi-réédité – et mort.

J’ai donc laissé pour l’occasion mon lointain passé de rôliste refaire surface, et j’ai lancé un dé. C’est pourquoi vous trouverez en pièce jointe de ce mail le tome V de la Tentation (même si en réalité, j’ai obtenu un six, mais comme le tome VI stagne pour le moment aux alentours de la page 100… bref.) Vous en ferez bien entendu ce que vous voudrez, mais… ça aura au moins le mérite de vous donner une idée de l’étendue des dégâts.

Cordiales salutations,

 Kylie Ravera (qui fait nocturne)

Lui (le 20 août 2011):

Bonjour,

Nous sommes en lecture...

Bien à vous

Xxx

Moi (le 22 septembre 2011):

- Le 20 Août ? Ça fait si longtemps que ça ?
- Ben oui, un peu plus d’un mois quoi…
- Ça veut dire que c’est mort.
- Ah bon, tu crois ?
- C’est mort pour la rentrée littéraire, en tout cas.
- Bof, en même temps, c’est très surfait, ce truc-là… 640 bouquins cette année, à ce qu’il paraît !
- Sans le tien.
- C’est pas faux.
- Et il t’avait écrit quoi, la dernière fois, déjà ?
- « Bonjour,
Nous sommes en lecture...
Bien à vous
xxx »
- Hmm… « Bonjour »… Hmm…
- Quoi ? C’est plutôt positif, comme début, non ? Je suis sûre que s’il m’avait écrit le soir, il m’aurait dit « Bonsoir ». Quelqu’un qui vous souhaite une bonne journée pour commencer, c’est forcément positif.
- « Bonjour, vous êtes viré. » Non, tu vois, moi, ça ne me choque pas.
- Ok, qu’est-ce que tu penses de la suite, alors ? « Nous sommes en lecture » ?
- « Nous », ça veut dire qu’ils sont plusieurs.
- Et c’est bon signe, ça ?
- Sais pas. Moi je pensais qu’il était tout seul. Grand patron de lui-même, maître de sa destinée…
- P’têt qu’il est tout seul. Des gens qui disent nous pour eux, ça existe.
- Hmm. Si c’est ça, vu ce que t’écris, t’as aucune chance avec lui.
- On va dire qu’ils sont plusieurs, dans ce cas.
- « Etre en lecture », c’est bizarre, ça. La lecture, c’est pas un endroit…
- Oui mais bon, on voit ce qu’il veut dire… Il lit, quoi. C’est déjà super bien. C’est le pré-requis indispensable pour aimer.
- Si tu t’étais appelée Lady Gaga et que t’écrivais tes mémoires, il n’aurait même pas eu besoin de lire pour touver ça génial.
- On peut pas dire que tu sois hyper-positive, toi… Mais regarde ce qui vient juste après. « Bien à vous »… Ça te fait pas un peu rêver ?
- Pff, ch’uis sûre qu’il dit ça à tout le monde. Tu te fais des idées.
- Bon, alors au final, je fais quoi ? Je lui écris ? Je lui demande où ça en est ?
- A mon avis, ne fais rien. Laisse-lui penser que tu as plein d’autres propositions. Ça lui mettra la pression.
- Tu as raison. Pis de toute façon, j’ai pas le temps. Faut que j’avance dans le tome 6…
- Bon, et tes héros, ils vont finir par conclure ? Parce que depuis le temps que ça dure…
- Chut ! Je crois qu’on nous écoute…
- Tu serais pas un peu parano, toi? Mais si ça peut te faire plaisir, on va continuer ailleurs…

 

Lui (le 22 septembre 2011):

- C’est pas mal !
- Tu crois qu’elle y connaît quelque chose en édition ?
- J’ai pas l’impression.
- Tu veux dire que tu n’as pas d’imprimeur ?
- Non, je veux dire que je n’ai pas l’impression qu’elle s’y connaît en matière d’édition...
- Qu’est-ce que tu vas faire ?
- Je ne sais pas... Je pourrais l’envoyer balader mais elle fait des efforts.
- Oui mais les efforts... Est-ce suffisant
- Non mais elle me fait rire quand même... C’est déjà pas mal compte tenu des sinistres qui rôdent.
- Dis lui la vérité.
- Laquelle ? Que la terre est plate ? Que les Américains ne sont pas allés sur la Lune ? Ou que Beigbeder est le roi des cuistres ?
- Non, la vraie vérité...
- Celle qui dit que je suis débordé, que j’ai trois livres à terminer, quarante manuscrits à compulser, des dédicaces toutes les semaines et la gestion d’une maison d’édition ?
- Ben oui...
- Elle ne me croirait pas.
- Ajoute que tu as trois filles qui te prennent pas mal d’énergie, une femme et deux maîtresses...
- Non... Je crois que je vais lui dire de patienter encore...

 

Moi (le 22 septembre 2011):

- Elle attendra.

Lui (le 20 octobre 2011):

Bonsoir,

Non, décidemment non !

Dommage, il y a du style, c’est écrit avec un certain rythme mais le sujet ne me séduit pas. Je n’arrive pas à voir la cible de votre texte.

Ma ligne éditoriale m’oblige de plus à m’orienter vers le roman comique plus que vers le roman avec de l’humour... Je suis désolé, cependant, n’hésitez pas à me faire lire d’autre projets qui pourraient s’inscrire dans la ligne du [un animal tâcheté].

Voyez... Je veux rire en lisant !!!

Merci de votre attention,

Cordialement

Xxx

Moi (le 20 octobre 2011):

Après la descente cul sec d'une bouteille de chouchen où j'ai pris pour habitude d'aller noyer les "non, merci" plus ou moins argumentés que je collectionne depuis le début de toute cette (malheureuse? merveilleuse?) aventure, la conclusion s'impose: je suis indémotivable (et bonne pour les AA).

Je me méfie comme de la peste de mes amis, cette fourbe engeance: c'est pour cela que j'écris sous un pseudo (je vous ai dit que c'était un pseudo?). Je suis un peu le Fantomas du roman policier, le Clark Kent de la bleuette, et c'est cet anonymat qui donne à mes yeux de la valeur aux commentaires de lecteurs que je récolte sur le net. Ma tour d'ivoire est si haute qu'elle m'a permis d'aller les trouver jusqu'en Suisse, en Belgique, au Canada. Bon, ils sont 50, ok. Et je sais que toute seule, je ne pourrai pas aller plus loin. Mais je crois que ça me va. Je suis bien payée pour le boulot que je fais à côté et qui m'a laissé le temps de commettre plus de mille cinq cent pages. Il ne m'en reste plus que cinq cents à écrire pour finir ce que j'ai commencé.

J'arrête de me justifier, même si vous devez savoir que sur un sujet comme ça, on ne peut pas s'en empêcher. J'ai tout de même trouvé dans vos messages de quoi me faire mousser sur mes quatrième de couv, (là où je mets des citations comme "ça surpoutre des poneys(tm)" ou "ouais, trop cool") : si vous m'en donnez l'autorisation, j'aimerais bien l'exploiter.

Mes amitiés à vos filles et à vos maîtresses.

Et à bientôt, sûrement.

Kylie Ravera

Au final, le résultat est le même. Mais je trouve ça plus satisfaisant.

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Qu’est-ce que ça fait d’avoir connu son quart d’heure de buzz ?

Comme quoi, ça n’a rien d’évident de prévoir ce qui va faire parler dans les chaumières…

Alors sur Google Analytics, ça fait ça :

 

Ça fait également recevoir des commentaires comme : « Ouais, super, j’adore » et « Là, t’as merdé, t’y es allée trop fort. »

Et sinon, ça a fait vendre 2-3 bouquins, aussi.

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Qu'est-ce que ça fait de recevoir ce genre de message d'une maison d'édition - Part 3 (suite et fin?)

Bon. Je crois que j’ai énervé Service Littéraire. :-/

 « Ecoutez, foutez-nous la paix, votre message n'a pas été lu en entier.

Votre insolence, votre agressivité, et votre nom ne reflètent en rien la nature d'un Dieu. De plus, les auteurs doivent reconnaître leurs erreurs, et voir comment les grands auteurs écrivent.

 Bonne continuation. »

 Nous en resterons donc là. Dommage, je commençais à envisager de me lancer dans le roman épistolaire… Mais voilà la confirmation que l'humour reste quelque chose de très personnel.

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Qu'est-ce que ça fait de recevoir ce genre de réponse d'une maison d'édition? - Part 2

Suite à ma réponse, publiée dans le post précédent, voici ce que j'ai reçu de la part du même Service littéraire:

« Bonjour,

 Nous faisons suite à votre message envoyé au service littéraire, veuillez nous excuser de l'erreur occasionné "Ce projet que vous tenez à coeur. au lieu de "Ce projet qui vous tient à coeur".

 Nous avons pris en compte la remarque, toutefois sachez que le service littéraire est surchargé.

De plus, l'erreur est humaine. Les réponses aux manuscrits ne sont pas des textes littéraires, pour prêter de l'attention à la moindre faute commise. Mais surtout, nous comprenons que vous soyez frustrée du fait que votre manuscrit n'a pas été retenu.

 Quant aux choix des manuscrits, nous sommes contraints d'être très stricts, car nous ne pouvons pas éditer plus de six manuscrits par an.

Avec tous nos regrets, recevez nos sincères salutations. »

 Alors, moi, en réponse à leur réponse, j'ai répondu ça:

Cher Service Littéraire,

 Je te remercie pour cette réponse. Tu permets que l’on se tutoie ? Avec ce nouvel échange, je sens que nous allons devenir intimes. J’accepte donc tes excuses pour l’erreur occasionnée. Et je rappelle au passage que le participe passé utilisé sans auxiliaire s’accorde en genre et en nombre avec le nom ou le pronom auquel il se rapporte. Ce n’est pas grave. Ce sera pour la prochaine fois. On ne peut pas tout réussir du premier coup. Ou du deuxième. Bref.

Je relève toutefois que dans la liste qui te fut fournie tantôt concernant tes errements syntaxiques, tu n’en as reconnu qu’un. En même temps, ton job, comme tu le rappelles si bien, consiste à sélectionner. On ne peut donc pas te le reprocher.

Je note également que tu es surchargé. C’est marrant, moi aussi. On a au moins ça en commun. J’évite cependant d’utiliser ce prétexte pour ne pas faire mon boulot correctement. Mon patron n’apprécierait pas. Moi non plus, d’ailleurs, car j’aime le travail bien fait. Mais j’imagine aisément que tu croules sous les demandes d’auteurs wannabe tels que moi. Tout à la joie de ce point final fraîchement déposé au bout d’un alignement improbable de mots, mon espèce semble perdre toute retenue lorsqu’il s’agit de faire partager le produit de ses élucubrations nocturnes. Oui, car nous, dont les journées sont également surchargées, nous écrivons la nuit. Je te prie donc, à mon tour, d’accepter mes excuses pour le désagrément occasionné.

Comme tu le précises, l’erreur est humaine. Et j’exprime ici ma joie que tu ne sois pas une machine à dire non. On dirait que nous avons là un nouveau point commun. Une nouvelle raison de se sentir plus proches?... Mais tu affirmes ensuite que les réponses aux manuscrits ne sont pas des textes littéraires. Tu sous-entends par là que les erreurs y sont davantage admises. Et tu ajoutes que ces réponses ne méritent pas l’attention que l’on accorde aux romans. Ô, Service littéraire, qu’il me serait difficile de faire ton boulot ! Moi que toute atteinte à la pudeur des belles lettres fait frémir, y compris sur la notice de ma machine à laver… Mais c’est sans doute pour cela que je suis à ma place, et toi à la tienne.

Tu as raison : je suis frustrée. Frustrée que malgré tous mes efforts, malgré ce temps que j’ai passé à te faire part de ma motivation à rejoindre tes troupes pour gagner 1,65€ sur un livre que tu vendras 20€, malgré mon envie, ma foi, ma rage, je ne récolte en réponse qu’un message anonyme bourré de fautes.

Tu es sélectif, dis-tu. Permets-moi de l’être à mon tour. Et de faire violence à mon humilité naturelle pour affirmer que tu ne mérites pas ma longue – ô si longue – saga en 7 tomes dans laquelle j’ai mis tellement de moi et de mes expériences. Car tu l’ignores peut-être, Service littéraire, qui n’a sans doute jamais écrit une ligne qui vaille la peine d’être lue : je suis Dieu en mon roman. Et grâce aux pouvoirs que me confère cette position, je ferai bientôt de toi un épisode.

 En attendant, cher compagnon épistolaire, je te souhaite de la réussite dans tous tes projets. J’ai bien compris que je n’en ferai jamais partie. Je pense que je m’en remettrai. Je n’ai, pour ma part, aucun regret.

 Bien à toi,

 Kylie Ravera

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Qu'est-ce que ça fait de recevoir ce genre de réponse d'une maison d'édition?

Madame,

Nous avons bien reçu votre manuscrit " La tentation de la pseudo",et nous vous remercions de l'intérêt que vous portez à notre maison d'édition.

Après lecture attentive, nous avons le regret de vous annoncer qu' il n'a malheureusement pas été retenu par le comité de lecture.

De plus, votre texte nous paraît trop long pour envisager la publication.

Nous vous souhaitons de réussir pour ce projet que vous tenez à coeur et vous prions de croire, Madame, en l'expression de nos plus cordiales salutations.

Le service littéraire.

Ca fait répondre ça:

Bonjour, Service littéraire,
 
je vous remercie pour votre réponse qui a le mérite de la concision.
Après une lecture attentive, j'ai le regret de vous annoncer qu'elle n'est malheureusement pas en conformité avec certaines règles de grammaire et d'orthographe en vigueur dans la langue française. Ayant vraisemblablement davantage de temps que vous, et me sentant impliquée dans l'édification des masses, je me permets de vous proposer quelques corrections. Leur application vous permettra, je l'espère, de conserver votre poste ainsi qu'une certaine crédibilité au sein de votre profession:
- qu' il --> qu'il: il n'y a jamais d'espace après l'apostrophe
- votre texte nous paraît trop long pour envisager la publication --> pour en envisager serait la formulation correcte, mon texte, quant à lui, n'envisage rien du tout. Si ce n'est d'être lu par des gens à peu près sérieux.
- nous vous souhaitons de réussir pour ce projet --> réussir ce projet, si je réussis, c'est pour moi, pas pour lui. Egoïste, je suis.
- ce projet que vous tenez à coeur --> ce projet qui vous tient à coeur. Et à la lecture de ceci, il défaille.
 
En outre, il vous manque un mot pour citer de façon correcte le titre de mon roman. Ce n'est pas beaucoup, un mot, mais je dois admettre qu'il est important pour donner du sens à l'expression.  
 
Je vous invite donc à hisser votre professionnalisme à la hauteur de mon amateurisme, celui qui me fait aimer et respecter la langue dans laquelle je prétends écrire.
 
Et je vous remercie encore une fois pour ce qui s'avère être, à la lumière de ce qui précède, une vacheté de chouette nouvelle.
 
Je vous prie de croire, Service littéraire, à l'expression de ma cordiale ironie et de mon profond amusement.
 
Kylie Ravera

Ah. Ca fait du bien.

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Qu’est-ce que ça fait de rencontrer son public IRL ?

In Real Life. Dans la vie réelle. Parce que la vie que l’on mène sur la toile à l’abri d’une silhouette et d’un pseudo, ce n’est pas la vie réelle, n’est-ce pas ?

Hmm, pas si simple.

Cette rencontre IRL, donc, s’est produite à l’occasion des 10 ans de Geekzone – un forum où il y a 4 ans de ça, je suis allée assez naïvement faire de la pub pour la Tentation. Forum + pub = coup de semonce, normal, ça ne se fait pas (surtout que c’était écrit dans la FAQ). Ça aurait pu s’arrêter là, mais mes plates excuses ont dû réussir à attendrir le cœur implacable du modo, et j’ai gagné le droit de maintenir mon petit topic à moi sur le Forum. Ce qui m’a permis de :

a) Trouver mon illustrateur, un gars de la zone, bourré de talent et prêt à s’investir dans un projet à l’avenir pécuniaire incertain

b) Trouver des lecteurs.

Mes premiers vrais lecteurs, ceux qui ne me connaissent pas IRL, justement. Pour qui je suis un auteur comme les autres. Ce que, pour un certain nombre d’aspects, j’aspire à être. Des lecteurs enthousiastes, qui plus est, qui vous donnent l’envie de continuer parce que vous avez l’impression de leur devoir quelque chose.

S’en sont suivis des échanges via mail/forum/facebook/chat. Jusqu’à ce 2 juin 2012 où un rassemblement sous le signe de « beer will change the world » m’a donné l’occasion de me transporter avec une valise pleine de bouquins à la rencontre des hommes (et de quelques nanas) derrière les pseudos.

Petite appréhension dans le métro : est-ce que les habitués vont me reconnaître ? Me parler ? M’accepter avec ma valise à roulettes qui contient 6 ans de ma vie que je cherche à monétiser ?

Stress. Impulsion soudaine de ne pas y aller. Mais bon, j’ai perdu 2 kgs de sueur à trimballer 20kgs de livres d’un bout à l’autre de Châtelet-les-Halles, je ne peux pas avoir fait ça pour rien.

A l’arrivée : « Ah, c’est toi, l’auteur de Geekzone ? La fille à la valise ? » Quelques bises et une étiquette identificatrice collée sur le pull plus tard, je suis juste contente d’être là. De discuter de pleins de sujets qui me passionnent, littérature, jeux vidéos, cinéma, sociologie, avec des gens passionnants. Mes piles à lire, à voir, à écouter, à jouer, croissent à vue d’œil.

Et puis il y a les dédicaces. Un truc dont tant d’auteurs édités se plaignent, obligation d’écrire une bafouille personnalisée pour des gens qui au final ne vous sont rien. Là, ce n’était pas le cas. Je suis encore dans l’émerveillement de ce que mes pattes d’oies sur une première page de la Tentation puissent avoir de la valeur pour mes lecteurs. Qui me sont beaucoup.

Petit ego-trip. Je ne comprends pas que l’on puisse s’en lasser.

Et parce que je reste une flippée de la chose que j’ai écrite, j’espère très sincèrement que je ne vous décevrai pas.

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Peut-on aimer à la fois...

Le 24ème Caprice de Paganini et Gimme More de Britney Spears ? What if de Fredrika Stahl et Pop corn de Hot Butter? Que sera de Wax Taylor et Prévu pas prévu de Milk, Coffee and Sugar? Layla d’Eric Clapton et Shadows of Death de Rhapsody ? Fuck U d’Archive et Belle de Notre-Dame-De-Paris ? Iron de Woodkid et Nemo de Nightwish? Gained the world de Morcheeba et Lollipop de Mika ? Le chat botté de Fersen et It’s gonna be me des N’Sync? L’iditenté des Têtes Raides et Dulcissima de Corvus Corax ? Nantes de Beirut et Là où je t’emmènerai de Florent Pagny ? Paradise Circus de Massive Attack et Your eyes de Cook da books ? Make me wanna die des Pretty Reckless et La déclaration de Debout sur le Zinc? Resistance de Muse et Big in Japan d’Alphaville ? Karma Police de Radiohead et Ma France à moi de Diam’s ? Quatre murs et un toit de Bénabar et Khabi Khushi Khabi Gham de Lata Mangeshkar ?

Oui, on peut.

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Quel est selon toi le juste prix d’un livre numérique ?

Depuis que j’ai mis un pied (ou plus exactement un demi-orteil) dans le métier du livre en commercialisant mes écrits à la fois sous forme d’exemplaires papier et de versions numériques, je me suis retrouvée pas loin des premières loges pour assister au boum de ces dernières. Le boum est tout relatif, mais il a le mérite d’exister et a conduit plusieurs de mes prospects à poser la question susmentionnée. Je rassemble ici les réponses que j’ai pu y apporter dans divers forums (le rassemblement, c’est quand même le but d’une FAQ !).

Histoire de partir d’une base un peu concrète, je vais commencer par citer quelqu'un qui a l'air de s'y connaître sur la répartition des coûts liés au livre papier:

"Sur [un livre à] 10 euros, l’auteur touche 1 €, l’éditeur 1,50€ (création éditoriale, relecture, correction, mise en forme, maquettage, marketing, promotion commerciale, service de presse, vente de droits étrangers et de droits audiovisuels et frais de structure), l’imprimeur 1,50 € (pré-presse - qui peut aussi être réalisé par le service de fabrication de l’éditeur - achat du papier et impression), le diffuseur et le distributeur perçoivent 1,70 € et le libraire 3,80 €. L’Etat récolte quant à lui 0,50 € de TVA."

Enlevons l'imprimeur et le libraire pour passer au numérique (le diffuseur, dans ce cas, peut être un Amazon, qui touche aussi son dû). On passe de 10€ à 4,50€, avec une TVA à 7%. 10€, c'est plutôt le prix d'un poche. Au départ, un bouquin sort généralement en grand format aux alentours de 20€, soit le double de tout ce qu'on vient de dire. En moyennant, en supposant qu'on vend plus de livres à 10€ qu'à 20€, et en touillant à la louche, on arriverait à un juste prix dans les 6€ pour un livre numérique, en voulant conserver peu ou prou ce que gagnent les différents acteurs encore dans la course.

Est-ce acceptable? Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression que le quidam s'attend plutôt à payer moitié moins. Et on en revient à la question du modèle de répartition et de ce que peuvent espérer gagner les différents acteurs du marché.

Car il faut quand même reconnaître que la numérisation des livres implique également la possibilité d'une réplication sans contrôle d'une œuvre. Vous voyez où je veux en venir? Oui, à la question des droits d'auteur. Plusieurs constatations:

- les usagers du 2.0 n'aiment pas les DRM. Dès qu'ils voient l'ombre de la queue d'une, ils s'empressent d'aller télécharger le soft qui leur permettra de la neutraliser. Limite, ça va les inciter à faire des copies et à les distribuer au tout-venant.

- le lecteur lambda qui accepte de payer 8-10€ un poche et 15-20€ un hard cover ne conçoit pas de débourser la même chose pour un epub ou un pdf. Parce que dans sa tête, le coût de production est nul. Pas évident d'imaginer ce que ça a pu coûter à l'auteur, qui fait le même job quel que soit le support qui va abriter le produit de ses nuits blanches.

- avec le numérique, nous sommes tous des auteurs en puissance. Moi y compris. Plus besoin d'un éditeur qui va venir s'occuper de la logistique, de la promo, de la distribution, et qui va prélever sa dîme sur les bénéfices. Enfin, ça, c'est la théorie. Parce qu'avec l'explosion de l'offre, on devient invisible. Même pour notre public cible. Au final, après avoir pris le bouillon noyés dans la masse, on se dit qu'il l'aurait peut-être méritée, sa dîme, l'éditeur.

C'est là que l'un d'entre vous, qui avait commencé à trépigner d'impatience depuis quelques lignes déjà, va se lever pour dire: « Et la musique? C'est tout pareil, la musique, et avec des plateformes de téléchargement légales qui vendent le morceau à un prix de plus en plus accepté, les musicos, même les auto-prod, peuvent s'en sortir très bien... »

Ce à quoi je répondrais: oui, mais non. C'est pas pareil. Le musicos, il peut faire des concerts pour grapiller quelques thunes. Alors qu'un écrivain qui décide d'aller déclamer son bouquin, ça ne remplit pas un Zénith (à part si vous vous appelez JK Rowling). Et puis il y a aussi un problème de volume. On peut consommer 15 morceaux de musique en une heure. Un livre de 300 pages, ça vous tient bien 10-12h. On n'a pas le temps d'en consommer autant. Forcément, on en achète moins. Si on ajoute à ça que le nombre de lecteurs est globalement inférieur à celui des écouteurs de musique, on en arrive à la conclusion… qu’on va tous mourir. Auteurs, libraires, éditeurs…

Tout ça pour dire... quoi, au fait? Qu'être écrivain numérique, c'est trop la misère? Bouh, qu'est-ce qu'on est malheureux, Hadopi viens à notre secours?

Non, même pas.

C'est un fait: il est plus difficile qu'avant (le web) de vivre de sa plume (sauf pour quelques rares adaptés à la télé). Mais ça n'empêche pas d'écrire. Ca prend peut-être plus de temps, parce qu'il faut continuer à assurer le quotidien, mais on finit par le sortir, ce nouveau tome, cette nouvelle histoire, celle pour laquelle on a sacrifié tellement d'heures de sommeil, mais tant pis, parce que de toute façon, on ne pouvait pas faire autrement. C'est bien ça, le drame: impossible de s'arrêter alors même qu'on a le nez dans le ruisseau.

Et c'est aussi ça, le petit miracle qui fait qu'on a encore des livres à lire.

Il est également trop tôt pour enterrer le livre physique. Ce bel objet aux couleurs chatoyantes qui se manipule avec tendresse.

Et moi je rêve de ce jour où les éditeurs comprendront que les lecteurs veulent acheter un contenu et pas un support, et que s'ils acceptent de payer un support physique qui a un coût de production, de stockage, de distribution, ils ne voient pas pourquoi ils paieraient en sus un epub qui a coûté un clic de souris et un pouième de watt pour être généré...

Et vive l'epub offert pour un livre physique acheté! Parce que je suis une lectrice avant d'être un auteur, cela me me permettrait de nourrir à la fois la liseuse que je vais finir par acquérir et ma bibliothèque que j'aime comme un tableau de maître qui serait accroché dans la plus belle pièce de la maison.

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Qu'est-ce que tu as à dire au futur Président?

Monsieur le futur Président,

je vous fais une lettre que vous lirez peut-être si les 4,74 personnes censées nous séparer sur Facebook la font parvenir jusqu’à vous.

Je n’ai pas d’autre légitimité pour vous écrire que celle de 65 millions de Français – et cela est donc largement suffisant.

Donc, Monsieur le futur Président, quand vous serez élu :

- ne cherchez pas à montrer que vous êtes un homme comme les autres. Je n’ai pas envie que vous vous exprimiez comme mon voisin de palier – aussi respectable soit-il. Je me fiche de savoir ce que vous prenez au petit-déjeuner, les émissions de télé que vous regardez, si vous êtes plutôt slip ou caleçon. Je préfère que tous vos actes tendent à prouver que vous êtes le meilleur d’entre nous et que vous méritez le salaire que nous vous octroyons.

- ne remplacez pas la démocratie qui vous aura élu par une oligarchie où vous placeriez tous vos pions. Aucun camp n’a le monopole du mérite et vous n’avez pas à être l’homme d’un clan.

- ne méprisez pas les fonctionnaires, ceux qui se sont mis au service du pays, quelle qu’en soit la motivation. Une école, une justice, une sécurité, une santé, une administration communes font bien plus qu’un Gouvernement pour que l’on se sente appartenir à une nation.

- ne faites pas voter une loi à chaque nouveau fait divers, donnez plutôt à la justice le moyen d’appliquer rapidement celles qui existent. La compassion ou l'indignation ne doit pas empêcher de prendre le temps de la réflexion lorsqu’il s’agit de graver dans le marbre des textes qui régissent nos libertés.

- n’utilisez pas le prétexte de nos origines, de nos orientations sexuelles et de nos religions pour nous diviser – nous n’avons pas besoin de vous pour cela mais bien pour qu’elles ne soient jamais un handicap lorsqu’il s’agit pour chacun de trouver sa place dans la société.

- sachez juger qui de vos pairs méritent votre considération, vos actions envers d’autres chefs d’états, envers les autres nations, nous engagent tous ; faites que nous n’ayons jamais à en rougir.

- assurez-vous que chaque élu ait le temps de s’occuper de l’administration qui l’a choisi. La course aux mandats cumulables et à leurs gratifications est incompatible avec la qualité du service qui nous est due.

- soyez humble, n’oubliez jamais que vous nous devez le pouvoir considérable que vous détenez entre vos mains.

Si vous respectez ces quelques points, vous m’aurez rendu la fierté d’avoir rempli mon devoir de citoyen en glissant un bulletin de vote dans l’urne. Autrement, je n’aurai d’autre choix pour la retrouver que de me présenter moi-même à votre poste dans cinq ans.

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Qu'est-ce que tu fabriques à Las Vegas?

C’est effectivement une question que beaucoup de gens se posent, depuis 8 ans que j’effectue un pèlerinage quasi-annuel dans la Cité du Vice. Je lève donc le voile sur mes activités dans ce lieu controversé : je bois des mojitos glacés, je lézarde au bord d’une piscine multi-olympique, je crame mes droits d’auteur dans des machines à sous, je teste mes capacités de calcul mental sur des tables de blackjack, je sors dans des boîtes de nuit super chics vêtue d’une jupe super courte qui ne laisse rien ignorer du galbe de mon postérieur, je… Ok. En fait, je suis là pour bosser. (Et une seule des propositions précédentes est vraie). La ville-qui-sent-le-pop-corn accueille également une convention s’adressant aux professionnels de la vidéo. Une espèce de happening qui réunit plus de 70,000 techos dans une orgie de meetings commençant à 9h du matin et se terminant à 18h. La pause-déjeuner est optionnelle, voire mal vue. Avant ça, décalage horaire oblige (9h, quand même), on aura traité tous les mails de la journée française – le sommeil nous ayant fuit aux alentours de cinq heures du matin. Après, on s’assiéra autour d’un ordinateur pour faire le debrief de la journée américaine. Sur les coups des 20h, on ira faire du networking dans des soirées où l’on perdra la voix à force de crier dans l’oreille de son voisin. Minuit nous verra préparer les meetings du lendemain.

Vivent les journées qui durent dix-huit heures.

Au bout de 4 jours, on a juste envie de rentrer à la maison.

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