Quel genre d’échanges as-tu avec tes lecteurs ?

Vous l’aurez remarqué, vous qui avez atterri sur ce blog : je suis de la race des auteurs qui communiquent. Qui se racontent. Qui se confient. Voire qui se déversent. Cette communication n’est pas tout à fait à sens unique, car il m’arrive parfois de découvrir (non sans ravissement) que mes élucubrations suscitent des réactions. D’où échange. Vous devez aussi commencer à savoir que je suis quelqu’un d’organisée (du moins en apparence). En invoquant cette capacité spéciale, j’ai établi une taxonomie* de mes correspondances avec mes lecteurs que je vais de ce pas vous livrer.

(*Ce qui ne signifie pas que j’ai décidé de les empailler.)

A. « Je veux bien le tome I gratuit comme indiqué dans la pub »

Ça commence souvent comme ça. Un petit message via le formulaire de contact, ou un MP sur un forum où je suis allée me poser avec mon tabouret et mon porte-voix. Ces premiers messages sont la plupart du temps courts, parfois un peu gênés aux entournures de demander à économiser 2,99€. (Faut pas, hein, c’est moi qui propose !). Il y en a de plus verbeux, aussi, dont les auteurs commentent déjà ce qu’ils pensent savoir de moi. Je réponds avec un message de longueur équivalente à celui qui a été émis. Sans réaction perceptible des primo-récipiendaires, j’envoie ensuite un petit mail « coucou, c’est remoi » après quelques semaines. Histoire de voir si LTPR – le tome I a fini sa vie sur un coin de disque dur où il prend la poussière, ou si la lecture s’est arrêtée dès la première page, ou si l’intégrale de la série a déjà été achetée en douze exemplaires. Les 3 cas sont possibles. Et la suite de l’échange nous permet justement de distinguer plusieurs sous-familles.

A.1. « Silence radio »

C’est ce qui arrive à peu près dans 60-70% des cas : je n’ai plus de nouvelle. Bah, tant pis.

A.2. « Heu, oui, désolé, mais j’ai pas eu le temps, là »

Ainsi que je le disais justement à l’un de mes lecteurs, le temps est décidément mon pire ennemi, celui qui me sépare de la gloire et de la fortune.

A.3. « Oh, tiens, j’avais oublié. Où est-ce que je vous ai fourrée, déjà ? »

On laisse tomber la double interprétation (hum) et on relance la machine.

A.4. « Désolé, mais vous ne correspondez pas à la ligne éditoriale de la maison »

De l’intérêt d’offrir le 1er tome gratuitement pour éviter les déceptions. Ce genre de réponse est toutefois assez rare. Je pense que ceux qui n’aiment pas ne répondent pas. Et je les comprends.

A.5. « Et sinon, on peut avoir le tome 2 gratuitement aussi ? »

Oui, j’ai déjà eu ce genre de question. Et la réponse est non. (J’ai un illustrateur intéressé aux bénéfices qui compte sur moi, dites donc !)

(Enfin je dis ça… parfois je me laisse amadouer quand même… mais chut !)

A.6. « Je suis votre plus grand fan »

Ce cas de figure, tout à fait intéressant, est traité en D.

B. « Moi aussi, j’écris des bouquins »

Etre auteur n’empêche pas d’être lecteur. J’ai l’honneur d’en compter quelques-uns dans mon lectorat. Taxonomisons en distinguant deux familles.

B.1. « Je suis passé(e) du côté lumineux de la Force, j’ai trouvé un éditeur »

Avec ceux-là, j’échange sur le plaisir d’écrire, le rapport aux mots, la quête de la phrase juste. Tout en essuyant le filet de bave qui s’est formé à la commissure de mes lèvres.

B.2. « Quelle baudruche, ce Marc Lévy »

La détestation de Musso-Lévy-50 shades est un cri de ralliement pour les auteurs non publiés. Avec ceux-là, j’échange sur le plaisir d’écrire, le rapport aux mots, la quête de la phrase juste. J’économise simplement un peu de salive.

C. « J’ai vu une faute, là »

Oui, bon, voilà, ça arrive. Et le lecteur féru d’orthographe, de grammaire et de syntaxe n’hésite pas à me faire remarquer les bugs que je m’empresse de corriger.

D. « Je suis votre plus grand fan »

Ahem. Reconnaissons-le, personne ne m’a jamais dit ça. Mais je range dans cette catégorie les « ça surpoutre des poneys », les « j’ai fini à trois heures du matin »,  les « quand sort le tome suivant ? », et les « j'ai adapté votre roman en scénario de film ». Oui, l'investissement de certains lecteurs est assez surprenant. Et effectivement, je peux passer des heures à discuter avec eux de l’évolution de mes personnages, de la cohérence de mes intrigues, de leur interprétation des courants de fond qui alimentent la Tentation. Parfois, on finit par parler de tout à fait autre chose. La relation s’est équilibrée ; nous sommes devenus amis.

Je termine ce post en image, avec ces photos envoyées ou postées par des lecteurs.

"Je suis bien entourée" version livre papier (crédits: Frag-Zéro)

"Je suis bien entourée" version numérique (crédits: Ewi)

Cette photo est juste parfaite (crédits: JeanNo)

Et puis si vous voulez savoir comment des auteurs plus grands que moi communiquent avec leurs lecteurs: Rue89 - Cher écrivain, lettres d'amour, d'admiration et de désespoir.

(Merci à TL de m'avoir envoyé ce lien qui m'a inspiré ce post.)

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