C'est quoi un Arimaspe? Ca se mange?

Non, ça ne se mange pas. Et je ne recommanderais pas d'essayer car c’est plutôt du genre à être situé au sommet de la chaîne alimentaire.

A l’origine, et d’après Wikipédia qui s’appuie sur les écrits d’un certain Aristée de Proconnèse (7 siècle avant JC, ce qui ne nous rajeunit pas), les Arimaspes appartenaient à une tribu de guerriers scythes et occupaient leurs loisirs à combattre les Griffons, gardiens du trésor d’Apollon. Malgré un œil en moins, façon cyclope, il faut croire qu’ils ne se débrouillaient pas trop mal (d’après Aristée, en tout cas. Si vous avez des réclamations, vous savez à qui vous adresser).

Chez Alice Pervilhac, l’Arimaspe est un être relativement humain avec un bandeau sur un œil et quelques supers-pouvoirs contrebalancés par une espérance de vie réduite. Ils sont quelques-uns à vivre confinés au sommet de la Butte Montmartre. Ah, oui, et nous sommes en 2200 et des poussières.

C’est toujours un peu casse-gueule de se projeter dans l’avenir, de créer un futur cohérent avec une notion du chemin parcouru depuis notre quotidien. Et Alice s’en sort plutôt bien.

Dans son XXIIIème siècle, pas de robots, de conquêtes spatiales, de cataclysme causé par une guerre thermonucléaire totale, mais un environnement relativement proche de celui que nous connaissons, avec un euro toujours en vigueur (pas de Marine à l’horizon) et… sans téléphone portable. Pas d’Internet non plus, mais des clés USB tout de même, et une héroïne qui préfère prendre ses notes sur du papier. Pas de technologies délirantes, donc, et même un peu moins que ce que nous connaissons. Vous avez dit steampunk ? Oui, moi aussi, je l’ai pensé. « Neo-rétro-futurisme » serait peut-être le terme qui conviendrait le mieux pour décrire ce Paris parallèle. L’ambiance m’a rappelé Adèle Blanc-Sec par certains côtés, et c’est assez remarquable de la part d’Alice d’avoir réussi à l’installer en si peu de pages.

Le format (une nouvelle lisible en moins de deux heures) se prête bien à l’histoire qui est développée : celle de Clémence Escoffier, médecin légiste humaine et solitaire, convoquée pour une enquête sur la Butte par les mystérieux Arimaspes.

Au final, je n’ai guère eu de mal à tourner les pages virtuelles de cette longue nouvelle servie par un style simple, sans fioritures mais efficace, poussée que j’ai été par la curiosité qu’inspire une étrange créature aux origines incertaines. Il reste cependant beaucoup de questions sans réponses, ce qui a des chances de laisser le lecteur sur sa faim.

Je verrais bien cette nouvelle intégrée dans un recueil qui explorerait les différentes facettes de cet univers, son histoire, ses développements. Que ses mystères nous soient dévoilés par petites touches, à travers d’autres intrigues dont la juxtaposition parviendrait à former un tout cohérent.

Au final du final, Arimaspes est une bonne mise en bouche qui donne envie de pousser l’exploration d’un Paris neo-rétro-futuriste plus loin.

Disponible dans divers formats numériques, plus d'infos sur le site de l'auteur.

 

Share
Ce contenu a été publié dans Coups de coeur, avec comme mot(s)-clef(s) , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Facebook comments:

Une réponse à C'est quoi un Arimaspe? Ca se mange?

  1. Ping : Non, ça ne se mange pas (et autres digressions) « Under my feather...

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>