Et sinon, tes critiques, c'est des vraies ?

Je vais vous faire un aveu assez terrible : à chaque fois que l’on me pose la question, je me sens un peu coupable. Oh, pas parce que je me suis amusée à créer dix-huit identifiants sur Amazon et à peu près autant sur Sens Critique ou Babelio dans le but de m’envoyer des orchidées à la figure – le pollen, comme les tentatives de tromperie sur la marchandise, me donnent envie d’éternuer – mais parce que je ne suis pas sûre de savoir ce que « vraie critique » veut dire.

Prenons un cas simple : ma mère a adoré mes livres. Tout comme elle a adoré le collier de nouilles que je lui ai offert pour sa fête quand j’avais huit ans, ou mon interprétation au violon de Vivace de Telemann quand j’en avais douze (j’en profite pour m’excuser auprès du compositeur, qui ne méritait pas ça). Et donc, elle a tenu à rédiger et poster une critique. Où, soit dit en passant, elle a omis de glisser les mots : « je suis la maman de l’auteur ».  Sa critique est-elle une vraie critique ? Compte tenu de ses antécédents avec le collier de nouilles et Telemann, et même si ses mots m’ont fait extrêmement plaisir, nous sommes en droit d’en douter.

Prenons un cas un peu moins simple.

Il y a quelques personnes dans mon entourage qui ont lu mes livres en sachant qui j’étais IRL. Parmi celles et ceux qui ont accroché, il y en a eu deux ou trois pour rendre leur avis public. Sans préciser forcément : « j’ai bossé avec l’auteur », ou « je vais à la piscine avec l’auteur », ou « j’ai étudié à l’OUEST avec l’auteur ». Quelle valeur ont ces avis ? Je ne parle pas pour moi, leur valeur à mes yeux est évidente, mais peuvent-ils être vus par le baguenaudeur lambda tombant on ne sait trop comment sur ma page Sens Critique ou Amazon, comme une tentative de tromperie ?

(J’évite soigneusement de répondre, je n’en sais rien).

Et puis prenons le cas de ce qui représente à peu près 90% des avis ou articles de blogs postés sur la Tentation (compilés sur mon Wall of Fame) : j’avoue, j’en connais les auteurs. Quasiment tous, à de rares exceptions près. Je les ai « rencontrés » sur la toile, et uniquement là, le plus souvent, mais toujours grâce à mes livres. Nous avons échangé par mail, parce qu’ils m’ont demandé mon tome I gratos, ou parce que, sachant que je m’autopublie, ils m’ont jugée suffisamment accessible pour m’envoyer un petit mot. (Et cette proximité est peut-être mon aspect préféré de l’autopublication). Résultat : une critique mauvaise, deux ou trois mitigées, et une cinquantaine de bonnes, voire de très bonnes.

Quel impact notre relationnel a-t-il pu avoir sur leur sincérité ?

Encore une fois, je ne sais pas. Et leurs auteurs non plus, sans doute.

D’aucuns y voient d’ailleurs un problème, surtout lorsque l’on parle des bloggeurs, ces nouveaux prescripteurs dépositaires du Grand Pouvoir du Critique Littéraire. Et en particulier, ceux qui, précisément, soutiennent des auteurs autoédités. Notez bien : j’ai écrit des auteurs et non pas les auteurs autoédités dans leur ensemble. La distinction est importante. Il est question de crédibilité.

Crédibilité… Le mot est lâché.

Car quel crédit accorder à un blogueur qui privilégie des « petits auteurs » présents dans son environnement 2.0 immédiat (sa tweetlist) dont il aura peut-être du mal à dire… du mal ? Un échange sur le sujet a eu lieu sur le blog d’Eric Garand, que je vous engage à consulter si le sujet vous intéresse.

Personnellement, je pense que tout cela n’est pas bien grave. Car au final, chacun y trouve son compte.

Tout comme un auteur a son lectorat, un bloggeur en a un également. Ce lectorat se forme assez vite : il suffit de comparer ses propres lectures avec celles du bloggeur pour voir si on est en phase, si ça vaut la peine de suivre ses coups de coeur. Après 2-3 déceptions, on n'y reviendra pas.

Et puis si le blogueur a pu jouer un rôle dans la découverte par quelques lecteurs d’un « petit auteur » grâce à une critique (qui n’a nul besoin d’être dithyrambique): tout le monde y aura gagné.

Je vais conclure par une petite inégalité dont le message, je crois, est partagé par la majorité des auteurs :

Bonne critique > Mauvaise critique > Silence.

N’hésitez pas à me critiquer 😉

PS. Le collier de nouilles de mes huit ans repose dans le coffre-fort de mes parents mais je peux tout de même vous offrir la Fantaisie N°9 en Si Mineur de Telemann - telle que je n'ai jamais su la jouer.

 

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Une réponse à Et sinon, tes critiques, c'est des vraies ?

  1. Ciel d'Orage dit :

    Je suis bien d'accord avec votre conclusion. En suivant des blogueurs, ou même des critiques littéraires professionnels dans des médias, on se rend compte au fil du temps si on est d'accord ou non avec leurs goûts.
    On peut se demander si les avis de personnes qui ont reçu un exemplaire gratuit peuvent être orientés, mais là encore, je pense que si un blogueur est suffisamment intéressé par votre livre pour faire la démarche de vous écrire, son avis est déjà positif.
    Quant aux parents, que serait-on sans leurs encouragements ?

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