Alors comme ça, tu as besoin d’un nouveau sac à main ?

Ah. Vous faites sans doute référence à ma participation au concours de nouvelles auFéminin-Muze-Longchamp, qui propose, parmi les prix à remporter, un sac à main de la marque Longchamp.

sac_longchampJe ne sais pas s’il s’agit de celui qui est porté à bout de bras par la demoiselle de la photo (et qui semble contenir un truc super lourd, genre dix kilos de mascara ou une cinquantaine de tubes de rouge à lèvres, à moins que, un moteur V8 HDi…) mais faut reconnaître qu’il est pas mal joli. Bon, le rouge se marie mal avec mon teint, mais j’imagine que si je gagne, j’aurai le droit de choisir la couleur… Non ?

Histoire que vous compreniez bien ce qui a pu me pousser à composer une nouvelle autour de thèmes aussi évocateurs que :

1. Mon sac, je glisse toute ma vie dedans. Mais… où est-il passé ?

2. Mon passeport est périmé, vous êtes sûr ?

3. Je suis des yeux l’avion dans le ciel. C’est maintenant que tout commence.

je vais étaler un peu de ma vie intime devant vos yeux et vous présenter ce qui, chez moi, tient lieu de sac à main pour le moment. (Afin de les rendre un peu plus sexy, je leur ai même donné un petit nom.)

 1) Wesh gros

photo (11)

Parce qu’au niveau de la contenance, il assure grave. (Le truc orange, à côté, c'est une règle et elle fait 30 cm). Quand vous partez au boulot tous les matins avec ça sur le dos, vous vous sentez prêt à gravir des montagnes. Ce sentiment se dissipe en général de lui-même une fois que vous avez monté à pied les deux étages qui mènent à votre bureau.

2) Bayeux

sac_beigeParce qu’il a vraisemblablement été réalisé à partir de morceaux de la tapisserie du même nom. Autrement dit, c’est une relique historique de grande valeur. Je ne vois pas d’autre explication.

 3) Expresso

sac_noirParce qu’il est petit et noir. Très pratique pour se faire piquer son portefeuille. Testé et approuvé par des pickpockets à Prague et à Londres, certificats de police disponibles sur demande.

 4) Sac Auchan

sac_auchanParce qu’il y a une vanne pourrie à ce sujet un peu plus loin dans ce billet et que je voulais vous préparer psychologiquement.

 5) Sac à mains

sac_roseParce qu’il semble effectivement avoir contenu… des mains.

Vous l’aurez deviné, à la vue de ces images, je n’y connais pas grand-chose en sac à main. Et je vous avouerais qu’avant de me rendre sur le site auFéminin pour y prendre connaissance des modalités du concours, Longchamp m’évoquait moins un conteneur d’objets de première, deuxième et troisième nécessité doublé en peau de vachette que le centre commercial où je vais acheter mes nems au tofu une fois par semaine (le mercredi).

Ce serait donc me rendre grand service que de voter pour ma nouvelle (vous n’êtes pas obligé de la lire), afin que, m’élevant tel un moine bouddhiste entré en lévitation dans le classement du concours auFéminin, je touche du doigt mon rêve : arpenter les rues de New York avec des talons hauts tout en trimballant des moteurs V8 HDi à bout de bras.

* * * * *

En fait, je ne me fais pas tellement d’illusion sur ma capacité à remporter un sac Longchamp (un sac Auchan, ce serait pareil) en m’appuyant sur mon réseau. Car ce genre de concours basé sur des Like Facebook mesure bien plus la puissance d’un réseau que les qualités littéraires d’un texte. Or, dans mon réseau, il y a des gens qui ne lisent pas, des gens qui ne parlent pas français, des gens qui ne sont pas inscrits sur Facebook et qui donc ne peuvent pas voter. (Des mecs qui refusent de se rendre sur un site qui s’appelle auFéminin, aussi, bien sûr, mais je pense qu’en réalité, il s’agit d’une posture et qu’ils sont juste un peu taquins).

Le concours prévoit également une sélection de textes par des professionnels, mais les professionnels et moi, on ne s’est jamais vraiment entendus lorsqu’il s’agissait d’évaluer mon travail 🙂

Reste la satisfaction d’avoir écrit, comme toujours.

Quoi qu'il en soit, si vous n’avez pas d’objection physiologique à vous rendre sur le site auFéminin, si vous avez un compte Facebook, si vous maitrisez suffisamment le français pour lire ma nouvelle, et uniquement si elle vous plaît : vous avez le droit de cliquer (jusqu'au 8 septembre).

Au moins, je saurai ce que mesure ce petit chiffre à côté du "Like" Facebook.

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C'est pas encore fini, cette histoire de Top100 ?

En réponse à l'article "En réponse à la polémique MyKindex" par Thibault Delavaud (oui, je sais, ça fait beaucoup de réponses...)

On pourra dire que cette histoire d’Amazon et de MyKindex aura fait couler pas mal d’encre numérique dans le petit monde de l’autoédition – vous me permettrez d’y ajouter le contenu de mon propre encrier.

Je suis moi-même auteur autoéditée depuis 7 ans et 7 romans – d’aucuns qualifieraient ça de persistance dans l’erreur mais j’y ai trouvé suffisamment de satisfactions pour ne plus accorder trop d’importance aux médisants. Malgré cela, si je m’en réfère aux chiffres, ceux de mes ventes me placent dans le camp des perdants. De ceux qui n’ont pas réussi à percer dans le Top100, à dépasser la barre des 1000 ventes, à forcer la porte d’un éditeur, à accrocher une Rolex à leur poignet avant leur vingt ans d’écriture. C’est avec ce pedigree, et du fond de mon tonneau amarré à la dix-sept et quelque millième place du classement d’Amazon, que je vais tenter d’expliquer pourquoi je suis en désaccord avec vous concernant un certain nombre de points que vous évoquez dans cet article :

  •  Vous récusez le terme de manipulation concernant l’impact de MyKindex sur le top100 d’Amazon. Techniquement, vous avez raison : vous avez bien obtenu le nombre de ventes qui vous permettent d’entrer dans ce classement. Mais vous savez très bien qu’il s’agit majoritairement de fausses ventes, de ventes achetées et payées, qui ne reflètent en rien l’intérêt que des lecteurs ont pu porter à vos écrits. Mettez-vous à présent à la place de l’auteur du livre classé à la 120ème place au plus fort de ses ventes réelles. (Il s’appelle peut-être Houellebecq ou Nothomb, ou alors Tartempion, je n’en sais rien.) Sans les vingt et quelques « propulsés » de MyKindex, son livre serait naturellement dans le top100 et bénéficierait de la visibilité associée. S’il s’agit d’un M. Tartempion, peut-être que le mot « manipulation » va lui trotter dans la tête pendant un petit moment…
  •  « Votre livre est dans le TOP100 ? Cela signifie qu’il est très apprécié » Justement… pas vraiment.
  •   « Mais, à moins d’acheter compulsivement ou les yeux fermés un livre, il est très facile de distinguer les « vrais » best-sellers des autres livres, propulsés ou non, figurant dans le TOP100. » Alors pour le coup, j’ai fait le test dit du « collègue lambda », lecteur-acheteur amazonien. A vrai dire, ils étaient même une dizaine. Je leur ai demandé s’ils associaient le top100 à la notion de best-seller et leur réponse a été rigolarde et unanime : évidemment. Bon, maintenant, ils sont au courant. Et quand je leur ai expliqué le truc, ils ont aussi été unanimes pour déclarer qu’ils « ne se laisseraient plus avoir ». On peut choisir de se voiler la face, de l’extérieur, ce système de propulsion reste vu comme une tentative de tromperie.
  •  « Outre les notes reçus, on remarque également que comparativement au nombre de lecteurs MyKindex qui ont acheté mes livres, assez peu d’entre eux ont finalement laissé un commentaire (environ 7 commentaires pour Dévotion Électrique pour environ 10 pour Eden pour 60 ventes garanties soit respectivement 12% et 17% des lecteurs). » Pour qui connaît un peu les taux de commentaires standards pour des livres publiés dans le circuit traditionnel : c’est énorme. Après, je ne prétends pas qu’il s’agit de faux commentaires. La même suspicion règne sur ceux que j’ai moi-même obtenus, d’autant qu’ils proviennent souvent de lecteurs qui n’ont pas commenté grand-chose d’autre. Je n’y peux rien, l’autoédition est capable de créer un engagement fort de la part des lecteurs qui choisissent de se bouger pour vous – et rien que pour vous. En revanche, si ces commentaires m’ont fait très plaisir, je ne pense pas qu’ils aient suffi à déclencher des ventes à eux tout seuls, on se rejoint là-dessus.
  •  « Pour rappel, si un lecteur s’estime lésé ou trompé sur le livre, il peut demander à Amazon le remboursement du livre jusqu’à 7 jours après l’achat. Dans ces conditions, quelle peut être l’arnaque ou l’escroquerie ? » La notion de Pile à Lire existe aussi pour les formats numériques. Quel est le pourcentage de lecteurs qui lisent un livre acheté dans les 7 jours ? Je crois que ça ne m’est jamais arrivé. Et si j’achète et lis un livre qui au final ne me plaît pas (je ne parle pas de fautes grossières et manifestes, mais de ce qui pourrait se produire avec un livre « potable » dont j’aurais attendu plus du fait d’une présence dans le top100), il ne me viendrait pas à l’esprit de me le faire rembourser… même si Amazon le permet.
  • Le fait que d’autres se livrent à des pratiques douteuses (achats de livres par les maisons d’édition, prix littéraires truqués, faux commentaires…) est à mon avis la pire des justifications pour vouloir faire la même chose tout en s’en défendant…
  •  Quant à Agnès Martin-Lugand, qui a utilisé le même système que MyKindex avec ses proches, on ne peut pas dire qu’elle ne s’en est pas pris plein la figure… Dans la vidéo que vous postez, déjà… Mince, on me payerait que je ne voudrais pas être à sa place, la tête sur le billot devant un aréopage de ricaneurs ! Dans une moindre mesure, on n’en dit pas non plus beaucoup de bien ici  (mais comme j’ai initié la discussion, peut-être est-elle suspecte ?). Bref, il reste toujours une odeur de soufre autour de l’auteur qui réussit en utilisant des « trucs » de ce goût-là.
  •  Qui sont les gagnants, qui sont les perdants ? Pas facile à déterminer, car cela peut vite changer. MyKindex a bénéficié d’une importante publicité dans le milieu des autoédités et y a sûrement gagné des clients. Mais en a perdu d’autres, aussi, ceux que cette polémique a effrayés. Les auteurs faisant appel à leurs services et qui l’ont reconnu ont été conspués… mais ont gagné en visibilité (car « Il n’y a pas de mauvaise publicité »). Tout comme ceux qui, blogueurs ou auteurs, ont rédigé de longs articles pour dire « hou, c’est mal… », il est vrai 🙂 . Amazon vend encore et toujours plus, et peut-être que M. Tartempion s’en fiche comme d’une guigne, du top100, tout occupé qu’il est (et sans doute comme nous devrions l’être…) à rédiger son prochain opus dans la fièvre de la création.

Au final, je ne trouve pas que cette polémique soit regrettable, puisque nous ne sommes pas tous d’accord et que nous sommes en démocratie 🙂 Ces discussions auront en outre permis de souligner la difficulté pour un auteur autoédité de se faire lire, de bénéficier de cette fameuse visibilité capable de créer un effet boule-de-neige entretenu, ensuite, par la seule qualité de ses écrits. Comme le dit très bien J. Heska dans l’article que vous citez, quand il s’agit de définir ce qu’on est prêt à tenter pour obtenir du « temps de lecteur », chacun place sa ligne jaune où il le souhaite. C’est pour cette raison que, en dépit de tous les points que je viens de citer et qui visaient essentiellement à souligner ce que j’identifie comme des inexactitudes, je ne condamne fondamentalement ni MyKindex ni les auteurs qui y font appel (s’il y a quelque chose de condamnable, ce sera à une entité spécialisée d’en juger, et même si j’ai pu avoir des doutes à ce sujet, je pense finalement que ce n’est pas le cas).

Mais une espèce de sens du moral ou de l’éthique m’empêche de trouver le procédé compatible avec mes propres exigences, avec le poids que j’accorde à une légitimation fondée sur le seul mérite et des efforts non monnayables, et qui ne s’accommodent d’aucune suspicion de tricherie. Je préfère fermer cette porte qui s’ouvrait peut-être sur le succès, parce que le succès tel que je le définis, et sur lequel je n’ai cessé de m’interroger à longueur de tomes depuis sept ans, je me rends compte que, sans le reconnaître, je l’ai déjà rencontré.

Je vous laisse, avec ce top100, ce à quoi je ne pourrai de toute façon jamais prétendre. Si, tous, nous voulons bien être lus, nous n’avons, chacun, pas la volonté d’y mettre le même prix.

[Réponse de Thibault à ma réponse à sa réponse - promis, j'arrête là - visible à la fin de cet article]

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Combien de livres as-tu vendus jusqu'ici ? (Juillet 2013)

Nous sommes le vendredi 2 août 2013, il est 12 : 00, cela fait pas loin de 6 ans que je vends ma prose sur le web en autoédition, et en termes de chiffres, ça donne ça :

Ventes2_juillet2013

On peut le voir sous forme de graphique, aussi :

Ventes1_juillet2013Avec la répartition suivante entre les différents formats :

Ventes4_juillet2013Et en termes d'évolution, ça donne ça :

Ventes5_juillet2013Ventes6_juillet2013Et parce qu'il y a toujours une chanson qui colle à la situation :

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C’est quoi le problème avec le Top100 d’Amazon ?

Et plus précisément, quel est le problème avec le Top100 des ventes de livres numériques via la fameuse (et à plus d’un titre, controversée) plateforme d’achats en ligne ?

Le problème, donc, c’est que la présence d’un livre dans ce classement s’achète. L’enjeu ? La visibilité. Ce qui fait que parmi la pléthore des livres numériques, édités ou autoédités, le lecteur potentiel va avoir l’occasion de se dire sur quelques-uns d’entre eux : « oh, tiens, voilà un bouquin que je mettrais bien dans mon Kindle », parce que, tout simplement, ces livres se seront retrouvés devant ses yeux avec une sorte de caution de qualité. Pour qu’un livre soit dans le Top100, se dit-on légitimement, c’est qu’il doit avoir suffisamment de mérites pour s’être constitué un lectorat conséquent. Et c’est là qu’on a tort.

La faute directe n’en incombe même pas à Amazon, mais à l’exploitation de ses algorithmes de classement par ceux qui ont compris le truc. Il suffit – pour le moment, à l’heure où je tape fiévreusement ces lignes, tout va si vite de nos jours – d’une centaine d’achats concentrés sur une journée pour placer un livre dans le Top100 magique. Pour un ebook vendu à 99 cts, ce n’est pas la mer à boire. Plutôt une coupette de champagne, la même qui vous servira à trinquer à votre réussite une fois l’objectif atteint.

Comment obtient-on cette centaine d’achats quasi-simultanés ? Soit en tapant la famille et les amis, comme l’a fait, par exemple, Agnès Martin-Lugand (pour prendre la plus médiatisée des auteurs-connus-grâce-à-Amazon) soit en rémunérant un intermédiaire, une société qui s’est fait une spécialité de je-te-booste-ton-bouquin-dans-le-top-my-friend grâce à un réseau d’acheteurs… payés pour acheter .

Tout ceci, à vrai dire, n’est pas vraiment nouveau. Alors pourquoi en parler aujourd’hui ? Parce que beaucoup pensaient, jusqu’à cette semaine, que ce genre de pratique ne dureraient pas, qu’Amazon viendrait y mettre le holà dans le souci de fournir à ses clients un service de qualité incompatible avec des recommandations faussées. Or, cette semaine, dans sa newsletter destinée aux utilisateurs du service de publication Kindle Direct Publishing, Amazon a mis en avant un auteur qui déclare ouvertement faire appel à un « booster » artificiel. D’où caution. D’où désillusion. D’où, en réponse, des articles comme http://lesoufflenumerique.com/2013/07/26/dans-les-coulisses-du-top-100-amazon/ ou http://www.actualitte.com/economie/ebook-mykindex-offre-le-top-20-des-ventes-d-amazon-pour-149-43996.htm qui exposent très bien, et avec plus de détails, ce que je viens de vous résumer. (Je vous laisse un peu de temps pour lire ces posts, vous repasserez ici quand vous aurez terminé.)

Vous avez pu le constater : l’histoire est finalement assez simple et déjà bien racontée. Pourquoi, alors, me suis-je sentie obligée d’ajouter mon grain de sel ?

Parce que j’ai le sentiment qu’en tant qu’auteur autoéditée, je dois choisir mon camp publiquement. Indiquer que je n'ai pas du tout envie de me retrouver avec un pistolet sur la tempe et un type mâchonnant un cigarillo qui m'assène: "Ecoute, fillette, si jamais tu ne me files pas du blé, le Top100 d'Amazon restera une pépite d'or inaccessible et tu ne pourras même pas t'en approcher". Surtout qu'il va falloir payer de plus en plus cher pour lui acheter sa pioche à ramasser des pépites, au type au cigarillo (je vous ai dit qu'il avait des petits yeux futés ?).

Pauline Doudelet, auteur adepte encore plus que moi du « je fais tout toute seule comme une grande », lance d’ailleurs une mise-en-garde énergique à ses pairs.

Je suis évidemment d’accord avec elle. Mais, je comprends aussi que nombre d'auteurs aient succombé à la tentation de faire appel à un booster. Parce que c’est tellement, tellement galère de se faire connaître. Et on a tellement, tellement envie d’être lu. Surtout si on en a déjà bavé à se prendre des torgnoles (ou pire, des vents) de la part des tenants du circuit classique de l’édition. Je n'ai donc pas envie de leur jeter la pierre (juste un petit caillou).

Mais en attendant que le géant du commerce en ligne réagisse en revoyant sa façon d’élaborer ses classements (en faisant preuve de moins de réactivité, peut-être, et en prenant en compte les remboursements), ou que la DGCCRF vienne mettre son nez là-dedans comme elle a pu le faire sur les faux avis postés sur des sites marchands, je vais relayer le message suivant : à ce jour, le Top100 d’Amazon pour les livres numériques ne vaut, par construction, pas un pet de lapin.

Trust noone, comme disait Mulder à Scully dans X-Files.

Et parce que toute action publique est communication et que quand on a quelque chose à vendre, c'est de la publicité, j'ajouterais, histoire de réveiller complètement votre esprit critique : not even me.

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Quel est le titre de ce livre ?

Il s’agit de la question que vous allez forcément me poser avant la fin de cette chronique, et j’anticipe que la réponse va vous énerver un peu. Mais nous n’en sommes pas encore là, alors commençons par le commencement, (soit une tautologie), et chroniquons.

Et pour être plus précis : meta-chroniquons.

Il existe plusieurs familles de critiques littéraires.

Les très factuelles, tout d’abord, qui vous racontent le début (voire plus) de l’histoire, vous assènent les noms des personnages sans introduction préalable, et vous catégorisent la chose dans un genre plus ou moins figé. Au pire, ça fait quatrième de couv’ ratée, et au pire du pire, ça vous révèle toute l’histoire en accéléré façon résumé, et toutes les surprises sont gâchées.

Il y a ensuite les très subjectivement engagées. « J’en ai pleuré ma mère tellement c’était nul » ou « Je dors avec tellement c’est génial » sont le genre de phrase qu’on peut y trouver, avec de multiples répétitions de la même idée jusqu’à assèchement du dictionnaire de synonymes. Ça ne répond pas à la question fondamentale « Est-ce qu’il y a des dragons ? » et en tant que lecteur cherchant un bouquin pour la plage / le métro / l’avant-dodo, vous n’êtes pas plus avancé.

Il y a encore les très documentées. On vous y plonge le museau dans un bain de références (« Une histoire à la Zola racontée dans le style de Marc Levy avec des angoisses kierkegaardiennes et l’humour d’un Patrick Boutot »), et là, si vous ne savez pas que Patrick Boutot = Patrick Sébastien, vous êtes mort.

Et puis il y a les bonnes. Celles qui sont un peu toutes les précédentes à la fois, factuelles, subjectivement engagées, documentées, mais écrites d’une façon telle qu’elles vous projettent non en tant que lecteur, mais en tant qu’explorateur d’un univers à défricher – charge à vous de décider si ça vaut le coup de faire votre sac à dos.

Vous l’avez compris, pour le livre en question, j’ai furieusement envie d’en faire une bonne.

Ça commence comme de la blanche, par une rencontre : Laurel est journaliste, Charles écrivain, elle le retrouve à la Rochelle pour l’interviewer. Il ne semble pas s’en souvenir, mais il l’a vue, déjà, quelques années auparavant, et lui a même dédicacé un de ses bouquins. Au détour de quelques considérations sur l’art d’écrire, l’art de décrire, il lui fait comprendre qu’elle lui plaît. Elle a des choses à se prouver, et tout cela se termine là où vous savez.

Une histoire sans lendemain ? Oui, jusqu’à ce que Laurel décide quelques semaines plus tard de reprendre le livre que Charles lui avait dédicacé. En relisant la mention manuscrite, elle découvre qu’il lui a fixé un rendez-vous… le lendemain. Improbable ? Impossible. Et pourtant, tout se tient.

A partir de là, attendez-vous à pénétrer dans une autre dimension. La suite n’a plus rien de blanc. Elle vous envoie valdinguer à travers le temps et l’espace dans une aventure forcément différente de tout ce que vous avez pu jamais imaginer. La première projection du Rocky Horror Picture Show, Woodstock, le naufrage du Titanic, voilà quelques-uns des évènements que vous serez amenés à vivre dans les pas de Laurel, Charles et Olivia, la journaliste, l’écrivain, la scientifique, trio magique réuni par quelque chose qui ressemble au hasard et qui est à peu près l’inverse : la volonté implacable de celui qui écrit l’histoire (pas sûre que ce soit l’auteur…) de mener ses marionnettes jusqu’à la place exacte qu’il leur a assignée.

Littérature de personnage : ça y est, on y est. Et ils sont vivants. Et on vit avec eux, on vibre avec eux, on ne peut plus les lâcher tellement la justesse du lien qui les unit nous unit à eux. Les failles, les élans, les espoirs, les tristesses, ne se racontent pas, tout ça existe, et il n’y a rien d’autre à savoir.

Côté intrigue, ce livre est un véritable puzzle, dont chaque morceau, façonné avec méticulosité, finit par s’enclencher au moment où l’on s’y attend le moins. C’est fantasque, fantaisiste, fantastique, ça va chercher des émotions au fond de vous que vous aviez promis de garder pour la vie réelle, ça secoue, ça embarque, ça envole, et c’est ce genre de livre qui, après atterrissage, demande un redécollage immédiat.

Besoin de préciser que l’écriture coule comme une rivière, balancée, rythmée, tour à tour nonchalante et rugissante, mais toujours parfaitement maîtrisée ?

A l’exercice amazonien du « Si vous avez aimé… alors vous aimerez », on peut sans doute citer Jasper Fforde, le Tim Powers des Voies d’Anubis, le Vian de l’Ecume des jours, et l’Alice de Lewis Caroll (qu’il m’excuse l’inversion). Mais ce livre-là moins que tout autre ne saurait se réduire à des comparaisons avec des pairs, aussi illustres soient-ils. Sa composition, ses personnages, son style le rendent unique.

Ai-je réussi à vous donner envie de connaître le titre de ce livre qui représente la plus grosse claque littéraire que j’ai reçue ces dernières années ? Vous êtes prêt à vous précipiter chez un libraire, à braquer votre bibliothécaire ?

N’en faites rien. Car ce livre n’existe pas. Oh, il existe bien en tant que texte, pas de doute là-dessus. Mais vous ne pouvez pas vous le procurer.

Il n’a pas trouvé d’éditeur.

« Pour le moment », me souffle la part de moi qui se targue d’optimisme. « Un an de refus », souligne l’autre, celle qui sait que les éditeurs cherchent des livres « faciles à avaler »*.

Honnêtement, je ne sais pas combien de lecteurs potentiels compte cette œuvre. Je ne mesure pas la somme d’enthousiasme qu’elle est capable de générer, à l’instar de celui qui m’a habitée pendant le trop court week-end qu’a duré ma plongée en apnée. Mais je sais la frustration de ne pas pouvoir partager le plaisir que m’a procuré cette lecture exigeante…

Si ce post vous a donné envie d’enfiler votre sac à dos, cependant, peut-être que le message remontera jusqu’à l’auteur. Loin de moi l’idée de la pousser vers les chemins pavés de Babybels de l’autoédition, mais égoïstement, et tout autre recours épuisé… Bref, pour elle comme pour vous, et aussi pour la littérature, j’espère qu’on trouvera une solution.

Et au fait, non : il n’y a pas de dragon.

 *Cette phase n’est pas de moi, hélas, mais bel et bien d’un éditeur, en réponse à l’un de mes propres envois

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Qui est Rage ?

« Je suis Rage » : que voilà un livre énervé ! Et pas facile de savoir par quel bout le prendre lorsqu’il s’agit d’en parler.

L’histoire ? Elle commence par une invective, celle d’un clochard bourré qui assène au monde ses quatre vérités. « Des cadavres en rangs serrés, voilà ce que vous êtes ! […] Vos yeux puent la mort et la peur. […] Vous finirez tous comme un beau tas de matière molle en décomposition… » Nous voici prévenus. Et armés pour partir à la rencontre d’une brochette de curieux personnages. Hermann, le misanthrope migraineux affublé d’une étrange bosse qui s’épanouit sur le sommet de son crâne ; l’inspecteur de police Legrasse, en charge d’enquêter sur les brusques accès de violence collective qui poussent des citoyens lambdas à se mettre dessus jusqu’à ce que mort s’ensuive ; la douce et peureuse Lucie, reine d’un monde fantastique créé par la seule force de son esprit ; le Roi des mendiants, qui règne sur une cité souterraine en attendant que se réalise la Prophétie ; et puis aussi Rage, Peur et Mort, dignes personnifications d’elles-mêmes. Sans parler des coyotes qui causent et des zombis.

De cette matière suffisante pour construire quatre ou cinq romans classiques, Neil Jomunsi façonne une œuvre atypique. Transgenre, imprévisible et chaotique, elle bringuebale le lecteur médusé entre bas-fonds glauques et paysages oniriques, entre l'au-dessus et l’en-dessous, entre un début d’enquête policière et une quête d’un graal hypothétique. Une constance, peut-être, comme une ligne directrice : la violence est omniprésente, à travers des confrontations multiples qui vont de la simple bagarre à des batailles épiques. Âmes sensibles s’abstenir : c’est souvent franchement gore, pour pas un penny. Symboles et références foisonnent, en cherchant un peu on trouve des morceaux de Lewis Carol, de Lovecraft, de Chrétien de Troyes, d’autres sans doute encore. Et puis l’auteur de Jésus contre Hitler n’hésite pas à s’emparer du thème de la Religion qu’il traite sur un mode faussement désabusé: le besoin de croire en quelque chose, en quelqu’un, avec l’impérieuse nécessité de ne jamais perdre tout à fait espoir… Et si c’était cela, le véritable thème du roman ?

Le style quant à lui est globalement maitrisé, avec quelques fulgurances et des phrases belles à citer, à peine gâché par des passages plus plats lorsqu’il faut faire avancer l’intrigue.

Niveau mise en page, je regretterai simplement l’absence en plusieurs endroits des espaces insécables avant les :, ! et les ? – on en a assez rebattu mes oreilles d’autoéditée pour que je me permette d’en faire la remarque !

Qu’en ai-je pensé, au final ?

J’ai beaucoup aimé le début, ancré dans un réel qui bascule petit à petit dans le fantastique. J’ai trouvé excellente l’idée du personnage de Lucie capable de créer des mondes, projection de l’écrivain qui aurait à rendre des comptes à ses personnages. Ensuite, passés les premiers 30%, j’ai été victime d’une sortie de route. Un décrochage qui m’a fait vivre le reste du livre de l’extérieur, en spectatrice intéressée mais sans plus. Il m’a manqué le fil logique qui me pousse à me passionner pour une histoire – je n’aime pas ce qui est trop brouillon. La démonstration devient plus pesante avec les personnifications qui se multiplient. Et j’ai trouvé à la fin une facilité légèrement décevante.

Malgré ce bémol lié à mon ressenti personnel, je conseille tout de même ce roman aux curieux qui veulent tenter une expérience de lecture atypique : un livre qui n’entre dans aucune case, qui prend même soin de les dynamiter, dans lequel on sent la fougue de l’auteur et son plaisir de mélanger des ingrédients de tous horizons pour offrir au lecteur un plat au goût inédit.

On lui pardonne volontiers s'il crisse parfois sous la dent.

"Je suis Rage", Neil Jomunsi, Editions Walrus

Le site de l'auteur : http://www.neiljomunsi.com/fr/jesuisrage/

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Faut-il boycotter Amazon ?

Voici le genre de question dont la réponse peut suffire à vous classer dans le clan du Bien ou du Mal, à vous affubler de l’étiquette d’ahuri de gauche ou de sans-coeur de droite, à dévoiler votre pusillanimité ou votre cynisme, à vous brouiller avec vos amis et vos e-connaissances. Votre cercle de relations a survécu au débat sur le mariage gay, il n’est pas dit qu’il sorte indemne de celui-là.

Je vais donc aborder cette question avec précautions et nuances – ce qui signifie que ça risque d’être un peu long.

Amazon, pour commencer, il faut bien prendre la mesure de ce que c’est (et ce site est pas mal fait pour ça ):

  • Un chiffre d’affaire qui est supérieur au PIB de la moitié des pays du globe (34 milliards de dollars en 2011) – shebam !
  • Un nombre de clients hebdomadaire qui représente plus de deux fois la population française (137 millions en 2011) – pow !
  • Des entrepôts dont le volume est supérieur à celui de 10,000 piscines olympiques – blop !
  • Plus de 50,000 employés répartis un peu partout dans le monde – wizz !

Niveau activité, le fleuve en charrie pour tous les goûts :

  • Des biens de consommation culturelle physiques : livres papier, CD, DVD, jeux vidéos
  • Des équipements électroniques pour les utiliser
  • Des biens de consommation culturelle dématérialisés : ebooks au format kindle et MP3
  • La liseuse Kindle pour lire les premiers
  • Des fringues, des chaussures, de l’électroménager, des jouets, des jeux de société, des trucs pour la maison…
  • … et de la bouffe

Mais Amazon, c’est aussi pas mal de services plus ou moins connus :

  • Le marketplace, la plateforme de vente qui permet à tout un chacun de créer son petit commerce (=échanger des biens contre des sous)
  • Amazon cloud, espace de stockage distribué dans le nuage réseau qui permet de sauvegarder les photos de son chien et d’y accéder de n’importe où
  • Cloudfront, un CDN (ou content delivery network) qui permet d’envoyer à toute vitesse des données comme de la vidéo à l’autre bout du monde
  • Kindle Direct publishing, qui permet à des auteurs sans éditeur d’aller à la pêche aux lecteurs en publiant et en vendant leurs œuvres au format Kindle

Amazon permet donc beaucoup de choses, et il est probable que j’en oublie.

Quelles seraient donc les raisons de boycotter ce mastodonte de la net-économie qui a su surfer sur toutes les vaguelettes générées par le tsunami d’Internet ? Il y en a plusieurs. Et hop, je vais refaire une liste.

  • 1) Trop c’est trop : tant de marchés concentrés chez un seul acteur, c’est le summum de l’intégration horizontale, verticale et en diagonal. Les économies d’échelle rendues possibles par la mutualisation des infrastructures crée une distorsion de concurrence, entrainant un risque monopolistique que même les tenants de l’économie libérale ne cautionnent pas. Les librairies traditionnelles y ont déjà laissé leurs plumes et leur duvet, d’autres secteurs voient également leurs emplois menacés. Comment les commerces de proximité peuvent-ils soutenir la comparaison quand Amazon, en bon adepte de la technique du dumping, se permet de vendre à perte pour pénétrer un marché ?
  • 2) Parmi les 50,000 employés d’Amazon, il doit y en avoir deux ou trois qui sont particulièrement bien rémunérés : ceux qui sont en charge de mettre en place les montages fiscaux pour faire payer le moins d’impôts possible à la société. En Angleterre, par exemple, elle s’en sort avec un taux d’imposition que n’importe quel contribuable lui envierait : moins de 1%.
  • 3) Les conditions de travail dans les entrepôts, particulièrement en périodes de fêtes, ont été plusieurs fois dénoncées à coups de reportages, d’articles, de livres. Cadences folles, suspicion généralisée, absence de reconnaissance pour des intérimaires interchangeables, c’est ici.
  • 4) Venons-en à un sujet plus précis, celui des livres numériques. Le problème des entrepôts est naturellement écarté, mais tout n’y sent pas la rose pour autant. Le service Kindle Direct Publishing permet aux auteurs de s’autopublier tout en bénéficiant de la force de frappe marketing d’Amazon : une vitrine, la possibilité de récolter des critiques, d’apparaître dans le classement des ventes, d’entrer dans le jeu des recommandations, de se faire payer à hauteur de 70% du prix de vente. Et voilà comment on offre à Kylie Ravera la possibilité bouleversifiante de se retrouver aux côtés de Marc Levy dans un même panier. Mais : l’auteur pourra se plaindre des conditions d’exclusivité imposées par le géant s’il souhaite bénéficier de tous les avantages du programme KDP, tandis que le lecteur bien informé fera légitimement la moue en apprenant que les fichiers de la plupart des ebooks sont DRMisés pour en empêcher la copie incontrôlée* et que leur format est propriétaire. En cas de perte, on l’a dans le baba.

En résumé :

  • Vous pensez que « Small is beautiful », que « Local smells better » ou que “Too big is bad for economy”: boycottez Amazon.
  • Vous pensez que l’optimisation fiscale, c’est le mal : boycottez Amazon.
  • Vous pensez que l’être humain doit s’épanouir dans son travail : boycottez Amazon.
  • Vous estimez que les DRM et les formats propriétaires sont les tentacules du Malin sur la page immaculée de vos libertés : boycottez Amazon.

Bien. Maintenant, respirez un bon coup, détendez-vous un peu : nous allons changer de perspective. Laisser de côté ce que certains appelleraient les « bons sentiments » pour faire preuve, au choix, de lucidité, de réalisme, de cynisme. Et, oui, ça passe par une nouvelle liste.

  • Ok, Amazon s’étend partout. Mais peut-on reprocher à une entreprise de chercher des vecteurs de croissance, de les trouver, de les exploiter, de faire mieux que ses concurrents ? Une offre pléthorique, un moteur de recommandations efficace, un service après-vente qui vous renvoie n’importe quel article défectueux avant même que vous n’ayez eu le temps de remballer le vôtre, des livraisons en 24h même si vous habitez dans un trou perdu au fin fond de la campagne… Alors oui, il y a de la casse, des acteurs qui disparaissent. Comme d’autres ont disparu avant eux. Où sont les cordonniers, les couturières, les rémouleurs ? Et personne pour pleurer sur les crieurs publics ?
  • Ok, Amazon est un vilou qui ne paye pas ses impôts. Mais n’est-ce pas le rôle des services de l’Etat de lui faire cracher au bassinet ce qu’il lui doit ? En ces temps de disette budgétaire, à lui de se montrer ferme, de traquer la moindre entourloupe. A chacun son domaine de compétence, ce n’est pas à vous qu’il incombe de faire respecter la loi.
  • Ok, les conditions de travail sont mauvaises chez Amazon. Sont-elles réellement meilleures partout ailleurs ? Si le droit du travail est bafoué, oui, il faut le faire respecter. Sinon… combien d’employés à penser qu’il vaut mieux ça que rien ? Et que ce n’est que de l’intérieur, et à condition que le business perdure, que les choses pourront être améliorées.
  • Ok, la plupart des ebooks d’Amazon sont DRMisés et disponibles seulement dans un format propriétaire. Mais si votre crainte est qu’ils disparaissent de votre liseuse suite à un changement de conditions de ventes de la société et que vous soyez spoliés d’un droit d’usage que vous avez payé, autant imaginer qu’Amazon se ferait seppuku en dansant nu sous la pleine lune un soir de sabbat. Ce serait suicidaire commercialement parlant. Et, comme TheSFReader, pensez aussi à ces auteurs à qui Amazon a sauvé la mise, qui sont allés à la rencontre de leurs lecteurs grâce à sa plateforme.

En résumé :

  • Vous pensez qu’on ne peut pas reprocher à une entreprise de tout faire pour augmenter son chiffre d’affaire : ne boycottez pas Amazon
  • Vous pensez que c’est le rôle de l’Etat ou des organisations internationales de commerce de faire respecter les lois fiscales : ne boycottez pas Amazon
  • Vous pensez qu’il y a des gens qui ont besoin du travail qu’une multinationale peut offrir : ne boycottez pas Amazon
  • Vous voulez soutenir des auteurs qui ont choisi de mettre le fruit de leurs nuits blanches chez KDP : ne boycottez pas Amazon

La fin de l’article approche et je n’ai toujours pas choisi mon camp. Je suis d’accord avec les deux séries d’arguments qui mènent à des positions contradictoires. Le cœur contre la raison ? Ce n’est même pas aussi simple. Contrairement à ce que l’on voudrait nous faire croire, tout n’est pas blanc ou noir.

Une fois n’est pas coutume, je ne vais pas apporter de réponse définitive à cette FAQ et rester dans le gris du questionnement.

[Edit] *Le programme KDP laisse toutefois le choix de DRMiser les livres ou non, la grande majorité des auteurs fait celui de ne pas entraver les possibilités de copie. Encore faut-il trouver où est caché le fichier pour pouvoir le dupliquer...

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Le sondage "Le lecteur que vous êtes": des résultats ?

Oui! Ils sont là!

[wpdm_file id=46]

[wpdm_file id=47]

Le document pdf contient les graphiques présentant les résultats ainsi que quelques commentaires.

Le fichier excel contient les données brutes du sondage expurgées des informations liées à la Tentation ainsi que du contenu des champs libres. Si vous maîtrisez le concept de "tableau croisé dynamique" (j'adore le nom de cette fonction, même s'il ne veut absolument rien dire), vous y trouverez les informations nécessaires pour répondre à des questions existentielles comme : combien les femmes de 26-35 ans habitant en Région parisienne et considérant que les Particules élémentaires est LE livre ultime sont-elles prêtes à mettre au maximum pour acheter un livre numérique.

Et si jamais je me pose d'autres questions sur la Vie, l'Univers et le Reste, je vous redis :-).

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Comment fait-on pour s’abonner à ton blog ?

Voilà une vraie question de FAQ. C’est tout simple : vous voyez la petite étoile orange en bas à droite de votre écran, celle qui est suivie d’une inscription en une langue étrange et étrangère que l’on nomme « anglais » : Follow ? Eh bien c’est justement une invitation à suivre les posts de mon blog. Vous cliquez dessus, vous entrez votre adresse mail ce qui déclenchera l’envoi d’une demande de confirmation, à laquelle vous aurez tout loisir de répondre oui (ou non si vous avez des regrets). Une notification vous sera envoyée à chaque nouveau post.

Cet article manque totalement de fantaisie.

Bon, puisque vous insistez.

 

(Et si l'intégration ne fonctionne pas, voici le lien direct, parce que ce serait dommage de rater ça...)

http://www.youtube.com/watch?v=1TyQaWHcb-U

Voilà, vous l’avez cherché. (Spéciale dédicace à mon illustrateur belge qui se reconnaîtra.)

 

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Qu'est-ce qu'un Super-Lecteur ?

Je devine à vos sourcils levés qu’une définition s’impose. Un super-lecteur est un lecteur doté d’un super-pouvoir : celui de faire connaître votre livre grâce aux 1000 abonnés de son blog, à ses 1000 amis sur Facebook, à ses 1000 followers sur Twitter, aux critiques pertinentes et bien renseignées qu’il poste sur Amazon, Babelio et consort. C’est un prescripteur. Une rampe de lancement vers le firmament de la gloire. En plus accessible que le rédacteur de la rubrique Livres de Télérama ou son équivalent au Monde, mais sinon, c’est pareil.

C’est quelqu’un avec qui vous pouvez avoir ce genre d’échange :

— Bonjour. ( <-- c’est vous, là.)
— Bonjour.
— Alors j’ai écrit un livre que j’autoédite et comme vous avez un blog littéraire avec des chouettes critiques dessus et que vous avez l’air de savoir de quoi vous parlez, je me suis dit que ça vous intéresserait peut-être de chroniquer une saga humoristico-policière en 7+1 volumes.
— Oh. C’est gentil d’avoir pensé à moi ! Justement, ma PAL est toute vide. Envoyez-moi vite votre premier tome !
 

Enfin, ça, c’est la théorie. Dans la pratique, un Super-Lecteur avec une PAL vide, ça n’existe pas. Ce qui n’empêche pas certains d’entre eux de vous accueillir avec cordialité, une promesse de lecture pour quand ils auront le temps, et parfois même des remerciements.

D’autres fois, ça se passe différemment.

— Bonjour.
— Bonjour.
— Alors j’ai écrit un livre que j’autoédite et…
— Ah.
— Ah ?
— « Ah » comme dans « Allons bon, encore un écrivain maudit qui parce que je publie des critiques sur mon blog s’attend à ce que je me penche sur sa prose toute pas corrigée dont personne ne veut alors que la vie est bien trop courte pour lire des mauvais livres. »
— Mais…
— Ecoute, ma cocotte, tu es la douzième de la journée à m’envoyer ton epub qui ne passe même pas sur mon kindle. Alors si tu veux que je te lise, fais-toi d’abord éditer.
— Ben justement, j’ai essayé, mais…
— Tout livre valant la peine d’être lu trouve forcément un éditeur. C’est comme la gravitation et la connerie de Christine Boutin : une loi immuable de la nature. En attendant, je te range dans mon dossier « spam » à côté des propositions de vente de viagra.
— Mais je ne veux pas vous vendre du viagra…
— Ceci est un mail non sollicité. Veuillez prendre contact avec mon avocat.
 

Il faut reconnaître que lorsque cela arrive, notre ego en prend un coup. Surtout que lorsqu’on s’autoédite, nos chiffres de ventes contraignent déjà la plupart d’entre nous à l’humilité. Nos droits d’auteurs (qui n’en sont pas ; fiscalement, nous sommes des marchands, si nous gagnons de l’argent, nous touchons des bénéfices) nous permettent tout juste de financer la dose de caféine quotidienne indispensable à la prolongation de nos journées de ces quelques heures nécessaires à l’assouvissement de notre coupable passion. Pas de quoi se pavaner avec une Rolex au poignet, peut-être une Swatch, à la limite, avec un bracelet en plastique, et même pas waterproof. Bref, on peut parler de la fierté farouche de l’autoédité, mais on se doit d’admettre que parfois, le moral n’y est pas.

Et un jour, grâce à Google qu’on a sollicité pour surveiller notre e-réputation, on tombe sur ça : http://laboratoiredebricoles.hautetfort.com/archive/2013/05/12/kylie-ravera-la-tentation-de-la-pseudo-reciproque.html. On commence par écarquiller les yeux, et puis on fronce les sourcils, et puis on les défronce parce que ce n’est pas facile d’écarquiller les yeux avec des sourcils froncés, on butte sur des expressions comme « humour raverien » (ohmondieumondieu) et « littérature de personnages » (ohmondieumondieumondieu), on s’empresse de tweeter avant que l’article ne disparaisse dans une faille spatio-temporelle, on le relit un coup histoire de s'assurer qu’on en est bien l’objet et qu’on ne vient pas de se ridiculiser aux yeux de la blogosphère, et… on se pose la Question de la Légitimité.

Parce qu’entre ça et les retours que l’on a eus jusqu’à présent de la part des éditeurs, il y a comme un décalage.

Et puis on se dit qu’on s’en fout, de la légitimité, qu’elle ne mérite même pas de majuscule, et on savoure le moment présent.

De son propre aveu, l’auteur de ce blog n’est pas un Super-Lecteur, puisqu’il se déclare aussi lu que la Newsletter de l’Assemblée Nationale. Pas grave, je l’aime bien comme ça :-).

Il existe en revanche un site où on peut essayer d’en rencontrer, des Supers-Lecteurs; le concept d’AdopeUnAuteur (initié par Neil Jomunsi, auteur prolifique de la maison Walrus qui remet notamment au goût du jour les "livres dont vous êtes de héros" et dont je vous reparlerai bientôt) est très simple : en échange d’une promesse de critique, un auteur envoie à un lecteur une version numérique de son livre, gratuitement. Quelques heures/jours/semaines plus tard, le lecteur publie ses impressions sur le support de son choix.

A priori, une très bonne idée (d’ailleurs, vous avez reconnu, sur le wall des auteurs, la silhouette noire sur fond blanc ?). Mais elle soulève tout de même quelques interrogations, qui transparaissent de façon claire ici: http://armurerie.wordpress.com/2013/05/01/adopte-un-auteur/

Et oui, messieurs-dames, la question de la légitimité que l’on croyait avoir évacuée par la porte est revenue par la chatière. L’échange qui suit ce post mérite également une lecture plus poussée, pour ceux que le sujet intéresse. Les positions tranchées y sont plutôt bien expliquées.

Certaines remarques m’ont un peu déprimée. L’autoédition dégouterait de la lecture ? Seigneur, quelle responsabilité ! Trop ouvert, AdopteUnAuteur se montrerait incapable de séparer le bon grain de l’ivraie ? Ok, je suis donc un genre de graminée sauvage. Et à ce titre, je ne mérite pas de rencontrer un Super-Lecteur.

J’ai ruminé un instant sur ma condamnation de principe. Sur ce que j’ai déjà reçu de la part de mes lecteurs autrement supers et que je ne pense pas leur avoir extorqué. Sur les notions d’humilité, de modestie, de fierté et d’arrogance. Je me suis demandé où je me situais par rapport à tout ça.

Evidemment, je n’ai pas obtenu de réponse.

Alors, j’ai décidé d’en rester là et de retourner m’accorder un shoot de plaisir.

J’ai décidé de retourner écrire.

 

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