Comment ne pas gagner une thune avec sa plume ?

Parce que des sites qui vous expliquent comment convertir vos alignements de caractères en espèces sonnantes et trébuchantes, il en existe déjà une brouettée sur la toile. J’imagine qu’ils savent de quoi ils parlent. Et qu’ils ont permis à un paquet d’auteurs de se payer un loft à St-Germain-des-Prés ou une villa avec jacuzzi à Biarritz grâce à leurs droits d’écrivain.

Mauvais calcul.

Rien ne nuit tant à la créativité que l’inquiétude fiscale. Ou bien alors, une angoisse qui vous tombe dessus avec l’ouverture de votre premier PEA, une crainte qui ne vous quitte plus quand le CAC dévisse, et c’en est fini de cette insouciance primesautière qui permettait à votre moi profond de s’exprimer sur une page aussi vierge que votre compte en banque. Vous écriviez alors dans une urgence fiévreuse nourrie d’immédiateté ; vous voilà obligé de jongler avec les séances de dédicace, les cocktails littéraires et les invitations de Pivot à Apostrophe (oui, la télé, ça fait un moment que j’ai décroché). Du coup, vous ne savez plus raconter que des histoires d’avocats d’affaires gaulés comme des dieux, habillés par Versace pour faire leur jogging à Central Park (où ils rencontreront l’amour. Ou un teckel qui parle.)

C’est pour vous détourner de ce triste tropisme que j’ai décidé de partager avec vous quelques astuces qui vous permettront de conserver votre fraîcheur d’éternel wannabe en ne récoltant pas une piécette avec vos écrits. Vous pouvez me faire confiance : je suis une spécialiste de la question.

Tout comme la meilleure façon de ne pas acquitter l’ISF est de ne pas gagner de quoi y être assujetti, le moyen le plus simple de ne pas se remplir les poches en écoulant ses oeuvres est de ne pas les faire payer.

Palsembleu, vous dites-vous in petto, me prendrait-on pour un cruchon ? J’aurais pu, sans me farcir de prose raverienne, parvenir à la même conclusion.

Ha ha. Oui mais non. Parce que s’il ne s’agit pas d’aller embrasser Fortune et Gloire à pleine bouche, il s’agit tout de même de ne pas se retrouver sur la paille pour autant.

D’où ces quelques pratiques sur lesquelles j’attire votre attention :

 Astuce N°1 : proposer votre livre gratuitement de façon illimitée, certes, mais au format numérique.

C’est cool, le format numérique, ça ne coûte rien à produire. Mais si vous êtes d’accord pour offrir le fruit de vos nuits blanches contre que dalle, encore faut-il le faire savoir à la cantonade. En ces temps de connectivité débordante, la cantonade déambule sur Twitter, Facebook, Blogs et Forums. Là où vous irez vous présenter, votre bousin sous le bras. A l’esprit chagrin qui viendrait vous asséner « Achtung. Nein pub » (j’ai fait anglais-espagnol-latin, mais vous avez saisi l’idée), vous pourrez lui répondre « Oui mais, là, c’est gratuit ». Une bonne façon de clouer le bec du freluquet.

Et puis si le téléchargement d’un fichier numérique par un anonyme ne satisfait pas votre fibre sociale désireuse d’échanger avec son prochain, vous pouvez toujours choisir de remettre vous-même votre prose contre un petit message via un formulaire de contact.

Les astuces suivantes s’appliquent aussi bien aux livres papier qu’aux livres numériques.

Astuce N°2 : proposer votre livre en échange d’une critique

C’est propre, net, et potentiellement satisfaisant pour l’ego si la critique est bonne. Vous prenez également le risque de vous recevoir une savate dans la tronche, mais… « tout mais pas l’indifférence », s’pa ?

Astuce N°3 : proposer votre livre comme prix d’un concours

Comme celui-ci, par exemple. Encore mieux quand l’organisateur du concours vous a lu et est content de vous partager.

Les astuces suivantes sont spécialement réservées aux livres papier.

 Astuce N°4 : inscrire votre livre à un programme de bookcrossing

LTPR_LLGLe bookcrossing, c’est l’abandon de livre par consentement mutuel. Quoiqu’on n’a jamais vraiment su ce que pensait un livre laissé sur un banc et se prenant une saucée en pleine poire. Mais l’idée, c’est que le premier passant tout frétillant de curiosité s’empare de l’objet, le ramène bien au chaud chez lui, découvre le petit papier collé à l’intérieur où est référencé le site Internet permettant de suivre ses pérégrinations grâce à un code barre unique, lise, poste son avis et redépose l’objet dans un nouvel espace public.

Il peut arriver que le premier passant soit un chien tout frétillant de la queue. Ou un quidam déconnecté. Ou un agent de la propreté qui verra dans cet objet abandonné un vecteur de pollution. Auquel cas, vous ne saurez jamais ce qu’il est advenu de votre livre. Vous pourrez alors le considérer comme une offrande laissée au Dieu de l’inspiration.

 Astuce N°5 : déposer votre livre dans un kiosque d’échange

kiosque_LTPRUn rien moins aléatoire que le bookcrossing, quoiqu’assez similaire dans le principe. Au moins, le livre est à l’abri des intempéries et en bonne compagnie.

 

 

 

 

 

 

Astuce N°6 : offrir votre livre à une bibliothèque

Bibliotheque du théâtre (c) André PelleVotre bibliothèque municipale ne ressemble peut-être pas tout à fait à celle-ci, mais elle se montrera certainement ravie d’accueillir la production d’un écrivain local susceptible en outre d’intervenir en séances de dédicace. Voire, si le sujet s’y prête, de déclamation. Il y aura peut-être même du jus de pomme et des olives. Attention toutefois : il se pourrait que cette pratique vous rapproche dangereusement du loft à Saint-Germain, donc n’en abusez pas.

Et voilà, chers amis, quelques trucs et astuces pour ne pas gagner une thune grâce à votre plume. Si, malgré tout, vos envies vous poussaient plutôt du côté lumineux de la gloire et de la fortune, vous trouveriez ici meilleure compagnie 😉 . Et si vous pensez que je vis dans un monde de bisounours, vous… bref, je préfère laisser la parole à mon camarade Jean-Fabien, expert sur le sujet.

En attendant de vous croiser sur un banc, dans un kiosque ou via mon formulaire de contact (je vous ai dit qu’il permettait d’obtenir un tome I gratuit au format numérique de votre choix ?), je vous bise affectueusement les joues.

 

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Pourquoi un tome 7,5 ?

Excellente question. Bah oui, après un tome 7, en général, on n’a pas trop besoin de se prendre le chou pour numéroter l’opus suivant : 7+1=8, me dirait Junior, quatre ans. Et au cas où il s’agirait de quelque chose de différent, il suffirait de remettre les compteurs à zéro.

Oui mais voilà : « Mémoire(s) d’un tueur lambda », c’est à la fois une suite et quelque chose de différent dans le référentiel de la « Tentation de la pseudo-réciproque ». Une excursion du côté obscur de son univers, qui peut soit apporter un nouvel éclairage sur les 7 premiers tomes – façon lumière très noire, soit donner lieu à un voyage unique en terre inconnue.

Mémoire(s) peut en effet se lire comme un one-shot, une histoire à part. Une histoire comportant quelques zones d’ombre (tout en spoilant grave sa maman les péripéties narrées dans les tomes 1 à 7 de la Tentation – vous voilà prévenus).

Pour cette fois, je ne m’aventurerai pas à poser un diagnostic concernant le public-cible de ce livre ; au mépris de toutes les règles basiques du marketing, je préfère vous avertir, surtout vous qui avez aimé la Tentation : vous pourriez bien détester ces Mémoire(s).

Rassurez-vous cependant : le tome 8 renouera avec le ton de la série originale pour venir conclure la saga. La lecture du tome 7,5 n’est en rien indispensable à sa compréhension.

Mais je fais le pari de votre curiosité, de votre capacité à être désarçonné pour mieux remonter en selle après.

La balle du tueur est désormais dans votre camp.

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Tous les détails techniques pour tenter l’expérience (= comment acheter le tome 7,5 en pdf/ePub/mobi/papier brillant lulu/papier mat Amazon) sont disponibles ici : http://kylieravera.fr/tome-75/

La règle « une version numérique au format de votre choix offerte pour l’achat d’une version papier » est toujours valable – il suffit de m’envoyer un petit message via mon formulaire de contact.

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Bientôt la fin de l’année 2013 ; un bilan ?

J’avais le choix entre ça et un bêtisier. Et puis je me suis dit qu’en ce moment, la bêtise est un peu partout, alors autant ne pas en rajouter. Le bilan, ça a aussi un petit côté adulte et sérieux. Un petit côté comptable. Ça ne me ressemble pas du tout, mais comme j’aime bien surprendre, tout le monde sera content.

L’année 2013 a été riche. Point trop fiscalement puisque j’ai judicieusement réinvesti mes bénéfices d’auteur en impression de flyers et d’affiches à la gloire de la Tentation, en billets de train pour aller à la rencontre de mon public, et en réglant environ 8,3% de ma dette vis-à-vis de mon illustrateur. Mais riche en évènements, en rencontres, en échanges, en toutes ces petites et grandes choses qui comptent réellement, ça, oui.

 Des lecteurs

A voir ces chiffres, , je me dis, « Mazette ! Mais vous êtes de plus en plus nombreux ! ». Et l’envie me prend de faire un petit calcul idiot. 783 livres (je ne compte pas les tomes I gracieusement envoyés par mail, ni la circulation des copies privées) représentent au minimum 6264 heures de lecture, soit 261 jours que vous avez passés en compagnie de mes personnages. Ils vous ont pris un peu de cette chose si précieuse, qui ne se regagne jamais : votre temps. Ça me fait comme un vertige au creux de l’estomac.

Des super-lecteurs

J’ai un peu ironisé sur leurs super-pouvoirs, mais il se trouve qu’ils existent et que les chiffres évoqués ci-dessus leur doivent beaucoup. Mon wall of fame commence à ressembler à une quatrième de couv de best-seller américain, yahou !

Des séances de dédicace

Après l’IRL Geekzone de l’année dernière, j’ai de nouveau testé la rencontre avec des lecteurs en chair et en os. L’occasion de ma première dédicace numérique, un joyeux gribouillis informe sur une tablette pour lequel je m’excuse encore auprès de son aimable (et très indulgente) propriétaire.

Une présence en librairie

Pour les parisiens qui kiffent les arbres morts et le jus de poulpe, la librairie l’Harmattan, 16 rue des Ecoles dans le Vème, leur permet désormais d’économiser les frais de port sur les exemplaires papier de la Tentation. (Petite note saisonnière : jusqu’au 6 janvier, les frais de port sont également offerts sur Lulu.com avec le code CYBERSLED)

Une enquête : le lecteur que vous êtes

L’organisation de ce sondage a été mon petit coup de folie du mois de juin. Au final, plus de 300 téléchargements de la synthèse en 72 pages (et trois nuits à faire des cauchemars où je me faisais agresser par un graphe Excel).

Le tumblr « Les joies de l’autoédition »

Voilà ce qui est officiellement devenu la section la plus populaire de mon site. Vous aimez bien, hein, les images qui bougent ? :)

Le forum e-lire

The place to be pour les curieux de la lecture au format numérique. On y parle tablettes, liseuses, autopublication, édition numérique, éthique et DRM. Et c’est LE forum où il se trouve des membres assez jetés pour arborer un badge « Fan de Kylie Ravera »…

Des concours de nouvelles

Il y a eu celui organisé par AuFéminin pour gagner un sac Longchamp, celui de l’ENSTA-ParisTech pour gagner une croisière, et celui du forum Jeunes Ecrivains pour gagner… euh, rien.

J’en suis ressortie plus riche de trois nouvelles qui squattent désormais dans mon grenier.

Un tome 7,5

Mon OVNI à moi dans la saga de la Tentation, une petite dose d’imprévu sur une route tracée depuis sept ans, un exercice de style qui devient le jeu le plus sérieux auquel je n’ai jamais joué. La raison pour laquelle je suis moins « présente » depuis quelques mois. Et j’ai une p* de hâte que vous découvriez pourquoi !

Pas d’éditeur

Eh non, toujours pas. Mais il y a quelqu’un que ça dérange encore ?

Sur ce, je vous souhaite à tous un joyeux mois de décembre.

Et surtout: optimistez-vous ! 😀

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Combien de livres as-tu vendus jusqu'ici ? (Décembre 2013)

Nous sommes le jeudi 5 décembre 2013, il est 08 : 25, cela fait pas loin de 7 ans que je vends ma prose sur le web en autoédition, et en termes de chiffres, ça donne ça :

2013_dec_livres_vendus

On peut le voir sous forme de graphique, aussi :

2013_dec_graphe_livresAvec la répartition suivante entre les différents formats :

2013_dec_répartition_formatsEt en termes d'évolution, ça donne ça :

2013_dec_évol_ventes2013_dec_évolution_par_livre

Evolution_formats_absolu_LTPR Evolution_formats_relatif_LTPR

Et parce qu'il y a toujours une chanson qui colle à la situation :

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Et si tu devais associer une chanson à chaque tome de la Tentation ?

Aaaargh.

Une seule ??

Alors que chacun de mes chapitres est déjà porteur, de par son titre, d’une musique particulière ?

Bon, je me soumets à l’exercice pour la Radio des Auteurs – remarquable initiative d’iboux qui, elle-même auteur, sait bien ce que le son peut apporter à l’écriture.
écoutez la radio des blogueurs

La tentation de la pseudo-réciproque – T1 :

J’écris faux, je chante de la main gauche, Benoît Dorémus

Pourquoi ? Parce que quand j'écris, je suis exactement dans le même état.

A l’X, le bicorne est incontournable – T2 :

Devil dressed in white, Bel O Kan

Pourquoi ? Parce qu’il faut découvrir ce qu’est le métal symphonique…

Carrément à l’OUEST – T3 :

24ème caprice, Paganini

Pourquoi ? Parce que cette musique a été composée pour que j’en parle un jour dans un roman :-)

L’abominable canard des neiges – T4 :

Gained the world, Morcheeba

Pourquoi ? Parce qu’il est question d’argent et de perdre son âme…

Comme un chien dans un jeu de bowling – T5 :

Strawberry fields, The Beatles

Pourquoi ? Parce que c’est mon Angleterre à moi, donc celle de la famille Bowling…

Opération Platypus – T6 :

La déclaration, Debout sur le zinc

Pourquoi ? Parce qu’il y a comme deux voix qui se succèdent dans cette chanson, qui se répondent, et qui correspondent parfaitement…

Là où les tortues luttent – T7 :

Tamacun, Rodrigo y Gabriela

Pourquoi ? Parce qu’il y a de la vie, que ça bouge, que ça court, que ça pulse à cent à l’heure…

Le battement d’ailes de la chauve-souris – T8 :

Sous le pont mirabeau, Marc Lavoine

Pourquoi ? Parce que… Vous le saurez bientôt :-)

 

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Qu'est-ce qu'on trouve dans un donjon ?

Un dragon, évidemment.

mon-donjon-mon-dragon

Ah, Donjons et Dragons, la belle aventure ! Réminiscence de cette époque bénie par Gary Gygax où, d’un lancer de dé à x faces, vous fracassiez la tête d’un troll putride, forciez la serrure d’un coffre aux trésors, preniez une boule de feu dans la tronche parce qu’il était piégé (fumble !), avant de vous retrouver, au détour d’une forêt fatalement sombre, labyrinthique et mystérieuse, à taper le carton avec une wiverne (7D12+14 PV)*. Epoque, aussi, où vous découvriez que suivre la progression de deux pixels sur un écran peut s’avérer fascinant. Où Dorothée vous faisait enfourner gaiement du Ken le Survivant pour votre quatre heures, où Jeanne et Serge démontraient que l’amour au premier regard, c’est pas du flan.

Bram, comme approximativement 56,3% des trentenaires actuels, est un pur produit de cette époque. Il a connu l’Amstrad CPC 6128, celui avec le crocodile. Conséquence (peut-être) : il est devenu ingénieur informaticien. Il n’a pas connu le grand amour, celui qui vous laisse avec femme, enfants, et crédits sur vingt ans. Conséquence (à moins que ce ne soit la cause) : c’est un geek. Cheveux gras, boutons d’alcool, haleine de cadavre. Jusqu’à ce que surgisse LA femme. Et qu'elle lui propose un projet complètement fou.

Cliché ? Oui, cliché. Mais bon, si Bram avait été avocat d’affaires, gaulé comme un dieu, habillé par Versace pour faire son jogging à Central Park, Lilian Peschet se serait appelé Guillaume Musso. Et autant vous dire que je ne serais pas là à chroniquer son roman.

Le plaisir que procure la lecture de Mon Donjon, Mon Dragon tient pour beaucoup à ce goût de marbré Papy Brossard qu’il laisse dans la bouche, madeleine de Proust pour ex-fan des eighties, fourrée de références intelligemment exploitées. C’est drôle, bien que pas toujours fin, et très actuel dans son évocation nostalgique d’un temps qui n’a peut-être jamais vraiment existé.

Là où j’ai été moins convaincue, ça a été sur le fond de l’intrigue – que je ne peux évidemment dévoiler, mais qui m’a ennuyée par son invraisemblance – alors que le décor est tout ce qu’il y a de plus réaliste et de bien planté. Quand on quitte le domaine de l’ambiance pour entrer dans celui de l’histoire, qu’on met de côté la multitude de petites trouvailles stylistiques à faire ricaner les adulescents, la magie se dissipe quelque peu, le rythme se fait plus saccadé dans la deuxième moitié du roman, jusqu’à une fin au goût d’inachevé, un rien précipitée.

Malgré ce bémol, je conseille la lecture de ce court roman, ne serait-ce que pour ces quelques scènes hilarantes à la Scott Pilgrim où l’imaginaire fait un ouchigari au réel, et, à l’opposé, pour ces éclats de désespérante lucidité où l’enfant en nous reconnaît sa défaite.

Deux extrêmes pour atteindre une sorte d’équilibre : c’est sans doute notre époque qui veut ça.

*D’ailleurs, si vous avez un Manuel des Monstres V3.5 en bon état dont vous ne savez plus quoi faire, je suis intéressée, contactez-moi.

Mon donjon, mon dragon, Lilian Peschet, Editions Walrus

Le site de l'éditeur : http://store.walrus-books.com/mon-donjon-mon-dragon/

Autres critiques:

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Alors comme ça, tu as besoin d’un nouveau sac à main ?

Ah. Vous faites sans doute référence à ma participation au concours de nouvelles auFéminin-Muze-Longchamp, qui propose, parmi les prix à remporter, un sac à main de la marque Longchamp.

sac_longchampJe ne sais pas s’il s’agit de celui qui est porté à bout de bras par la demoiselle de la photo (et qui semble contenir un truc super lourd, genre dix kilos de mascara ou une cinquantaine de tubes de rouge à lèvres, à moins que, un moteur V8 HDi…) mais faut reconnaître qu’il est pas mal joli. Bon, le rouge se marie mal avec mon teint, mais j’imagine que si je gagne, j’aurai le droit de choisir la couleur… Non ?

Histoire que vous compreniez bien ce qui a pu me pousser à composer une nouvelle autour de thèmes aussi évocateurs que :

1. Mon sac, je glisse toute ma vie dedans. Mais… où est-il passé ?

2. Mon passeport est périmé, vous êtes sûr ?

3. Je suis des yeux l’avion dans le ciel. C’est maintenant que tout commence.

je vais étaler un peu de ma vie intime devant vos yeux et vous présenter ce qui, chez moi, tient lieu de sac à main pour le moment. (Afin de les rendre un peu plus sexy, je leur ai même donné un petit nom.)

 1) Wesh gros

photo (11)

Parce qu’au niveau de la contenance, il assure grave. (Le truc orange, à côté, c'est une règle et elle fait 30 cm). Quand vous partez au boulot tous les matins avec ça sur le dos, vous vous sentez prêt à gravir des montagnes. Ce sentiment se dissipe en général de lui-même une fois que vous avez monté à pied les deux étages qui mènent à votre bureau.

2) Bayeux

sac_beigeParce qu’il a vraisemblablement été réalisé à partir de morceaux de la tapisserie du même nom. Autrement dit, c’est une relique historique de grande valeur. Je ne vois pas d’autre explication.

 3) Expresso

sac_noirParce qu’il est petit et noir. Très pratique pour se faire piquer son portefeuille. Testé et approuvé par des pickpockets à Prague et à Londres, certificats de police disponibles sur demande.

 4) Sac Auchan

sac_auchanParce qu’il y a une vanne pourrie à ce sujet un peu plus loin dans ce billet et que je voulais vous préparer psychologiquement.

 5) Sac à mains

sac_roseParce qu’il semble effectivement avoir contenu… des mains.

Vous l’aurez deviné, à la vue de ces images, je n’y connais pas grand-chose en sac à main. Et je vous avouerais qu’avant de me rendre sur le site auFéminin pour y prendre connaissance des modalités du concours, Longchamp m’évoquait moins un conteneur d’objets de première, deuxième et troisième nécessité doublé en peau de vachette que le centre commercial où je vais acheter mes nems au tofu une fois par semaine (le mercredi).

Ce serait donc me rendre grand service que de voter pour ma nouvelle (vous n’êtes pas obligé de la lire), afin que, m’élevant tel un moine bouddhiste entré en lévitation dans le classement du concours auFéminin, je touche du doigt mon rêve : arpenter les rues de New York avec des talons hauts tout en trimballant des moteurs V8 HDi à bout de bras.

* * * * *

En fait, je ne me fais pas tellement d’illusion sur ma capacité à remporter un sac Longchamp (un sac Auchan, ce serait pareil) en m’appuyant sur mon réseau. Car ce genre de concours basé sur des Like Facebook mesure bien plus la puissance d’un réseau que les qualités littéraires d’un texte. Or, dans mon réseau, il y a des gens qui ne lisent pas, des gens qui ne parlent pas français, des gens qui ne sont pas inscrits sur Facebook et qui donc ne peuvent pas voter. (Des mecs qui refusent de se rendre sur un site qui s’appelle auFéminin, aussi, bien sûr, mais je pense qu’en réalité, il s’agit d’une posture et qu’ils sont juste un peu taquins).

Le concours prévoit également une sélection de textes par des professionnels, mais les professionnels et moi, on ne s’est jamais vraiment entendus lorsqu’il s’agissait d’évaluer mon travail :)

Reste la satisfaction d’avoir écrit, comme toujours.

Quoi qu'il en soit, si vous n’avez pas d’objection physiologique à vous rendre sur le site auFéminin, si vous avez un compte Facebook, si vous maitrisez suffisamment le français pour lire ma nouvelle, et uniquement si elle vous plaît : vous avez le droit de cliquer (jusqu'au 8 septembre).

Au moins, je saurai ce que mesure ce petit chiffre à côté du "Like" Facebook.

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C'est pas encore fini, cette histoire de Top100 ?

En réponse à l'article "En réponse à la polémique MyKindex" par Thibault Delavaud (oui, je sais, ça fait beaucoup de réponses...)

On pourra dire que cette histoire d’Amazon et de MyKindex aura fait couler pas mal d’encre numérique dans le petit monde de l’autoédition – vous me permettrez d’y ajouter le contenu de mon propre encrier.

Je suis moi-même auteur autoéditée depuis 7 ans et 7 romans – d’aucuns qualifieraient ça de persistance dans l’erreur mais j’y ai trouvé suffisamment de satisfactions pour ne plus accorder trop d’importance aux médisants. Malgré cela, si je m’en réfère aux chiffres, ceux de mes ventes me placent dans le camp des perdants. De ceux qui n’ont pas réussi à percer dans le Top100, à dépasser la barre des 1000 ventes, à forcer la porte d’un éditeur, à accrocher une Rolex à leur poignet avant leur vingt ans d’écriture. C’est avec ce pedigree, et du fond de mon tonneau amarré à la dix-sept et quelque millième place du classement d’Amazon, que je vais tenter d’expliquer pourquoi je suis en désaccord avec vous concernant un certain nombre de points que vous évoquez dans cet article :

  •  Vous récusez le terme de manipulation concernant l’impact de MyKindex sur le top100 d’Amazon. Techniquement, vous avez raison : vous avez bien obtenu le nombre de ventes qui vous permettent d’entrer dans ce classement. Mais vous savez très bien qu’il s’agit majoritairement de fausses ventes, de ventes achetées et payées, qui ne reflètent en rien l’intérêt que des lecteurs ont pu porter à vos écrits. Mettez-vous à présent à la place de l’auteur du livre classé à la 120ème place au plus fort de ses ventes réelles. (Il s’appelle peut-être Houellebecq ou Nothomb, ou alors Tartempion, je n’en sais rien.) Sans les vingt et quelques « propulsés » de MyKindex, son livre serait naturellement dans le top100 et bénéficierait de la visibilité associée. S’il s’agit d’un M. Tartempion, peut-être que le mot « manipulation » va lui trotter dans la tête pendant un petit moment…
  •  « Votre livre est dans le TOP100 ? Cela signifie qu’il est très apprécié » Justement… pas vraiment.
  •   « Mais, à moins d’acheter compulsivement ou les yeux fermés un livre, il est très facile de distinguer les « vrais » best-sellers des autres livres, propulsés ou non, figurant dans le TOP100. » Alors pour le coup, j’ai fait le test dit du « collègue lambda », lecteur-acheteur amazonien. A vrai dire, ils étaient même une dizaine. Je leur ai demandé s’ils associaient le top100 à la notion de best-seller et leur réponse a été rigolarde et unanime : évidemment. Bon, maintenant, ils sont au courant. Et quand je leur ai expliqué le truc, ils ont aussi été unanimes pour déclarer qu’ils « ne se laisseraient plus avoir ». On peut choisir de se voiler la face, de l’extérieur, ce système de propulsion reste vu comme une tentative de tromperie.
  •  « Outre les notes reçus, on remarque également que comparativement au nombre de lecteurs MyKindex qui ont acheté mes livres, assez peu d’entre eux ont finalement laissé un commentaire (environ 7 commentaires pour Dévotion Électrique pour environ 10 pour Eden pour 60 ventes garanties soit respectivement 12% et 17% des lecteurs). » Pour qui connaît un peu les taux de commentaires standards pour des livres publiés dans le circuit traditionnel : c’est énorme. Après, je ne prétends pas qu’il s’agit de faux commentaires. La même suspicion règne sur ceux que j’ai moi-même obtenus, d’autant qu’ils proviennent souvent de lecteurs qui n’ont pas commenté grand-chose d’autre. Je n’y peux rien, l’autoédition est capable de créer un engagement fort de la part des lecteurs qui choisissent de se bouger pour vous – et rien que pour vous. En revanche, si ces commentaires m’ont fait très plaisir, je ne pense pas qu’ils aient suffi à déclencher des ventes à eux tout seuls, on se rejoint là-dessus.
  •  « Pour rappel, si un lecteur s’estime lésé ou trompé sur le livre, il peut demander à Amazon le remboursement du livre jusqu’à 7 jours après l’achat. Dans ces conditions, quelle peut être l’arnaque ou l’escroquerie ? » La notion de Pile à Lire existe aussi pour les formats numériques. Quel est le pourcentage de lecteurs qui lisent un livre acheté dans les 7 jours ? Je crois que ça ne m’est jamais arrivé. Et si j’achète et lis un livre qui au final ne me plaît pas (je ne parle pas de fautes grossières et manifestes, mais de ce qui pourrait se produire avec un livre « potable » dont j’aurais attendu plus du fait d’une présence dans le top100), il ne me viendrait pas à l’esprit de me le faire rembourser… même si Amazon le permet.
  • Le fait que d’autres se livrent à des pratiques douteuses (achats de livres par les maisons d’édition, prix littéraires truqués, faux commentaires…) est à mon avis la pire des justifications pour vouloir faire la même chose tout en s’en défendant…
  •  Quant à Agnès Martin-Lugand, qui a utilisé le même système que MyKindex avec ses proches, on ne peut pas dire qu’elle ne s’en est pas pris plein la figure… Dans la vidéo que vous postez, déjà… Mince, on me payerait que je ne voudrais pas être à sa place, la tête sur le billot devant un aréopage de ricaneurs ! Dans une moindre mesure, on n’en dit pas non plus beaucoup de bien ici  (mais comme j’ai initié la discussion, peut-être est-elle suspecte ?). Bref, il reste toujours une odeur de soufre autour de l’auteur qui réussit en utilisant des « trucs » de ce goût-là.
  •  Qui sont les gagnants, qui sont les perdants ? Pas facile à déterminer, car cela peut vite changer. MyKindex a bénéficié d’une importante publicité dans le milieu des autoédités et y a sûrement gagné des clients. Mais en a perdu d’autres, aussi, ceux que cette polémique a effrayés. Les auteurs faisant appel à leurs services et qui l’ont reconnu ont été conspués… mais ont gagné en visibilité (car « Il n’y a pas de mauvaise publicité »). Tout comme ceux qui, blogueurs ou auteurs, ont rédigé de longs articles pour dire « hou, c’est mal… », il est vrai :-) . Amazon vend encore et toujours plus, et peut-être que M. Tartempion s’en fiche comme d’une guigne, du top100, tout occupé qu’il est (et sans doute comme nous devrions l’être…) à rédiger son prochain opus dans la fièvre de la création.

Au final, je ne trouve pas que cette polémique soit regrettable, puisque nous ne sommes pas tous d’accord et que nous sommes en démocratie :-) Ces discussions auront en outre permis de souligner la difficulté pour un auteur autoédité de se faire lire, de bénéficier de cette fameuse visibilité capable de créer un effet boule-de-neige entretenu, ensuite, par la seule qualité de ses écrits. Comme le dit très bien J. Heska dans l’article que vous citez, quand il s’agit de définir ce qu’on est prêt à tenter pour obtenir du « temps de lecteur », chacun place sa ligne jaune où il le souhaite. C’est pour cette raison que, en dépit de tous les points que je viens de citer et qui visaient essentiellement à souligner ce que j’identifie comme des inexactitudes, je ne condamne fondamentalement ni MyKindex ni les auteurs qui y font appel (s’il y a quelque chose de condamnable, ce sera à une entité spécialisée d’en juger, et même si j’ai pu avoir des doutes à ce sujet, je pense finalement que ce n’est pas le cas).

Mais une espèce de sens du moral ou de l’éthique m’empêche de trouver le procédé compatible avec mes propres exigences, avec le poids que j’accorde à une légitimation fondée sur le seul mérite et des efforts non monnayables, et qui ne s’accommodent d’aucune suspicion de tricherie. Je préfère fermer cette porte qui s’ouvrait peut-être sur le succès, parce que le succès tel que je le définis, et sur lequel je n’ai cessé de m’interroger à longueur de tomes depuis sept ans, je me rends compte que, sans le reconnaître, je l’ai déjà rencontré.

Je vous laisse, avec ce top100, ce à quoi je ne pourrai de toute façon jamais prétendre. Si, tous, nous voulons bien être lus, nous n’avons, chacun, pas la volonté d’y mettre le même prix.

[Réponse de Thibault à ma réponse à sa réponse - promis, j'arrête là - visible à la fin de cet article]

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Combien de livres as-tu vendus jusqu'ici ? (Juillet 2013)

Nous sommes le vendredi 2 août 2013, il est 12 : 00, cela fait pas loin de 6 ans que je vends ma prose sur le web en autoédition, et en termes de chiffres, ça donne ça :

Ventes2_juillet2013

On peut le voir sous forme de graphique, aussi :

Ventes1_juillet2013Avec la répartition suivante entre les différents formats :

Ventes4_juillet2013Et en termes d'évolution, ça donne ça :

Ventes5_juillet2013Ventes6_juillet2013Et parce qu'il y a toujours une chanson qui colle à la situation :

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C’est quoi le problème avec le Top100 d’Amazon ?

Et plus précisément, quel est le problème avec le Top100 des ventes de livres numériques via la fameuse (et à plus d’un titre, controversée) plateforme d’achats en ligne ?

Le problème, donc, c’est que la présence d’un livre dans ce classement s’achète. L’enjeu ? La visibilité. Ce qui fait que parmi la pléthore des livres numériques, édités ou autoédités, le lecteur potentiel va avoir l’occasion de se dire sur quelques-uns d’entre eux : « oh, tiens, voilà un bouquin que je mettrais bien dans mon Kindle », parce que, tout simplement, ces livres se seront retrouvés devant ses yeux avec une sorte de caution de qualité. Pour qu’un livre soit dans le Top100, se dit-on légitimement, c’est qu’il doit avoir suffisamment de mérites pour s’être constitué un lectorat conséquent. Et c’est là qu’on a tort.

La faute directe n’en incombe même pas à Amazon, mais à l’exploitation de ses algorithmes de classement par ceux qui ont compris le truc. Il suffit – pour le moment, à l’heure où je tape fiévreusement ces lignes, tout va si vite de nos jours – d’une centaine d’achats concentrés sur une journée pour placer un livre dans le Top100 magique. Pour un ebook vendu à 99 cts, ce n’est pas la mer à boire. Plutôt une coupette de champagne, la même qui vous servira à trinquer à votre réussite une fois l’objectif atteint.

Comment obtient-on cette centaine d’achats quasi-simultanés ? Soit en tapant la famille et les amis, comme l’a fait, par exemple, Agnès Martin-Lugand (pour prendre la plus médiatisée des auteurs-connus-grâce-à-Amazon) soit en rémunérant un intermédiaire, une société qui s’est fait une spécialité de je-te-booste-ton-bouquin-dans-le-top-my-friend grâce à un réseau d’acheteurs… payés pour acheter .

Tout ceci, à vrai dire, n’est pas vraiment nouveau. Alors pourquoi en parler aujourd’hui ? Parce que beaucoup pensaient, jusqu’à cette semaine, que ce genre de pratique ne dureraient pas, qu’Amazon viendrait y mettre le holà dans le souci de fournir à ses clients un service de qualité incompatible avec des recommandations faussées. Or, cette semaine, dans sa newsletter destinée aux utilisateurs du service de publication Kindle Direct Publishing, Amazon a mis en avant un auteur qui déclare ouvertement faire appel à un « booster » artificiel. D’où caution. D’où désillusion. D’où, en réponse, des articles comme http://lesoufflenumerique.com/2013/07/26/dans-les-coulisses-du-top-100-amazon/ ou http://www.actualitte.com/economie/ebook-mykindex-offre-le-top-20-des-ventes-d-amazon-pour-149-43996.htm qui exposent très bien, et avec plus de détails, ce que je viens de vous résumer. (Je vous laisse un peu de temps pour lire ces posts, vous repasserez ici quand vous aurez terminé.)

Vous avez pu le constater : l’histoire est finalement assez simple et déjà bien racontée. Pourquoi, alors, me suis-je sentie obligée d’ajouter mon grain de sel ?

Parce que j’ai le sentiment qu’en tant qu’auteur autoéditée, je dois choisir mon camp publiquement. Indiquer que je n'ai pas du tout envie de me retrouver avec un pistolet sur la tempe et un type mâchonnant un cigarillo qui m'assène: "Ecoute, fillette, si jamais tu ne me files pas du blé, le Top100 d'Amazon restera une pépite d'or inaccessible et tu ne pourras même pas t'en approcher". Surtout qu'il va falloir payer de plus en plus cher pour lui acheter sa pioche à ramasser des pépites, au type au cigarillo (je vous ai dit qu'il avait des petits yeux futés ?).

Pauline Doudelet, auteur adepte encore plus que moi du « je fais tout toute seule comme une grande », lance d’ailleurs une mise-en-garde énergique à ses pairs.

Je suis évidemment d’accord avec elle. Mais, je comprends aussi que nombre d'auteurs aient succombé à la tentation de faire appel à un booster. Parce que c’est tellement, tellement galère de se faire connaître. Et on a tellement, tellement envie d’être lu. Surtout si on en a déjà bavé à se prendre des torgnoles (ou pire, des vents) de la part des tenants du circuit classique de l’édition. Je n'ai donc pas envie de leur jeter la pierre (juste un petit caillou).

Mais en attendant que le géant du commerce en ligne réagisse en revoyant sa façon d’élaborer ses classements (en faisant preuve de moins de réactivité, peut-être, et en prenant en compte les remboursements), ou que la DGCCRF vienne mettre son nez là-dedans comme elle a pu le faire sur les faux avis postés sur des sites marchands, je vais relayer le message suivant : à ce jour, le Top100 d’Amazon pour les livres numériques ne vaut, par construction, pas un pet de lapin.

Trust noone, comme disait Mulder à Scully dans X-Files.

Et parce que toute action publique est communication et que quand on a quelque chose à vendre, c'est de la publicité, j'ajouterais, histoire de réveiller complètement votre esprit critique : not even me.

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