« 1962 – 1968, Six ans pour grandir » est un récit autobiographique qui couvre trois époques de la vie de l’auteur – trois années passées dans une classe prépa du prestigieux lycée Louis-le-Grand (grand frère du Pépin-le-Bref de Pete Agor), suivies de deux années à l’école Polytechnique et d’une année au service de la Marine Nationale. C’est en lisant le « Théorème de Kropst » (Emmanuel Arnaud, Editions Métaillié), que Patrice Urvoy a eu l’idée de raconter sa propre expérience de la prépa, au cœur des années soixante. « Trois années de bonheur », précise-t-il en sous-titre, qui ont confirmé chez lui le goût d’apprendre et l’amour des mathématiques. Loin du personnage ambitieux et arriviste à la Rastignac, héros du roman d’E. Arnaud, Patrice Urvoy met l’accent sur la solidarité et les relations de camaraderie tissées dans l’antichambre des Grandes Ecoles. A travers bon nombre d’anecdotes, il distille également quelques conseils de « bonne hygiène » qui restent largement applicables de nos jours. Et condamne au passage l’ineptie de certains dogmes, comme la séparation des « scientifiques » et des « littéraires » en deux camps que tout opposerait ou encore l’incapacité « naturelle » des filles à exceller en maths… Les années à l’X sont l’occasion d’autres rencontres et d’autres expériences, moins intellectuelles et plus sportives, mais tout aussi formatrices. Leur succède un an de service actif dans la Marine, engagement inattendu de la part d’un antimilitariste déclaré, mais qui s’inscrit néanmoins dans la cohérence d’une discipline que s’impose le personnage.
Ce livre se lit avec curiosité comme le témoignage d’une époque. Elle est bien différente de celle qui a vu Peter arpenter les longs couloirs ouverts aux vents de Pépin, différente aussi de celle où moi-même je tremblais devant les exigences de LLG. Nous avons chacun eu notre façon de vivre ces années si particulières censées nous transformer en adultes, mais il reste en commun le sentiment d’y avoir construit une part non négligeable de ce que nous sommes devenus.
Une version abrégée de cette critique a été publiée dans le magazine Tangente.
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