C’est quoi, une Exoconférence ?

C’est le titre du dernier spectacle d’Alexandre Astier (aka le-type-de-Kaamelott-qui-doit-en-avoir-raz-la-choucroute-de-se-faire-appeler-comme-ça).

Avant de vous en dire un peu plus sur le sujet, je vais commencer par vous présenter le contexte dans lequel je suis allée voir ce spectacle.

Utopiales-2014-affiche

Le contexte, c’est les Utopiales : un formidable évènement culturel qui se tient chaque année depuis l’an 2000 à la Cité des Congrès de Nantes autour de thématiques liées à la Science-Fiction. Des intervenants brillants, souvent auteurs de SF mais aussi scientifiques et journalistes, alignent des conférences et des tables rondes sur des sujets qui font frétiller les lobes du cerveau comme des loutres en goguette : cette année, par exemple, ça a parlé d’intelligence artificielle, de voyage interstellaire, de féminisme dans la SF et de formation par le jeu sous toutes ses formes. En plus des conférences, le visiteur peut accéder à des expositions d’art, à des concours de court-métrages, à des séances de cinéma, à des initiations aux jeux de société et à une immense librairie spécialisée avec séances de dédicaces et rencontres avec ses auteurs préférés. Dans les travées circulent également quelques adeptes de cosplay steampunk ou manga qui donnent une jolie couleur à l’ensemble.

En une journée sur place, j’y ai croisé Roland Lehoucq, Elisabeth Vonarburg et Catherine Dufour (qui m’a offert une petite discussion et un coca \o/), bref, c’est un endroit dont on ressort avec les yeux plein d’étoiles, la tête pleine d’idées, les mains pleines de bouquins et comme une foi retrouvée en l’humanité.

Revenons-en à l’Exoconférence et à son maître des cérémonies, Alexandre Astier.

Vous qui avez suivi avec un peu d’attention mes pérégrinations éditoriales, vous vous rappelez peut-être l’avoir croisé dans la dernière vignette de ce tumblr. (Je lui réserve l’exclusivité des droits d’adaptation de la Tentation de la pseudo-réciproque en série TV, même s’il ne le sait pas et que ça lui fait probablement autant d’effet qu’une génuflexion à Dieu.)

J’avais déjà un soft spot pour le personnage depuis ma découverte de sa capacité à manier humour, politesse et désespoir avec la même précision qu’un chirurgien sobre le scalpel (vous vous êtes déjà intéressé à son traitement de la relation Arthur / Guenièvre dans Kaamelott ?). En apprenant qu’il embrassait également l’art de la vulgarisation humoristico-scientifique dans son dernier spectacle, je me suis dit : crénom, tant d’awesomeness chez un type qui porte le bouc, faut que je vois ça.

Donc, j’ai vu.

Vous vous interrogez sur les différentes cosmogonies qui ont permis de représenter l’univers à différentes périodes et dans différentes civilisations ? Vous vous demandez comment Ptolémée a cartographié le ciel, comment Copernic a défendu l’héliocentrisme, mais aussi ce qui se passe quand un vaisseau spatial se rapproche de la vitesse de la lumière ou combien ça coûterait à un extra-terrestre d’une lointaine planète pour venir nous abducter pour nous chatouiller les doigts de pieds (et plus si affinité) ? Vous aimeriez connaître le goût de la Voie Lactée, l’origine des soucoupes volantes, toute la vérité sur ce qui est arrivé à Roswell en 1947 ?

Parce que moi, maintenant, je sais. Et comme cet apprentissage s’est fait dans une succession d’éclats de rires, peut-être même que je le retiendrai.

L’humour au service de la rigueur scientifique et de l’érudition, c’est en substance ce que nous offre Astier avec son Exoconférence où il joue les professeurs faussement irascibles (envers son Système d’Exploitation version 5, ok). Grâce à ce fameux burlesque qu’il sait faire naître par le décalage entre le sérieux d’un propos et le ton pour le tenir, des notions quelquefois complexes passent la barrière de nos écoutilles. En résulte une poilade intelligente, d’où on ressort avec la satisfaction d’avoir musclé nos zygomatiques en même temps que nos neurones, ainsi que la certitude qu’il n’est jamais trop tard pour s’intéresser, apprendre, comprendre et partager.

Et parce que les coïncidences sont le Sel de la Vie, peut-être que cette infime fraction de la population qui aura, à la fois, lu la Tentation de la pseudo-réciproque et eu la possibilité d’assister à l’Exoconférence, retrouvera-t-elle  une vieille connaissance dans l’injonction humaniste : « Lève la tête et regarde les étoiles ».

astier_exo

 Image tirée du Guide officiel des Utopiales que je dédicace évidemment à mon astrophysicienne de sœur.

Share
Publié dans Coups de coeur | Laisser un commentaire

La prépa peut-elle consister en trois années de bonheur ?

D'après Patrice Urvoy, oui.
1962_1968

« 1962 – 1968, Six ans pour grandir » est un récit autobiographique qui couvre trois époques de la vie de l’auteur – trois années passées dans une classe prépa du prestigieux lycée Louis-le-Grand (grand frère du Pépin-le-Bref de Pete Agor), suivies de deux années à l’école Polytechnique et d’une année au service de la Marine Nationale. C’est en lisant le « Théorème de Kropst » (Emmanuel Arnaud, Editions Métaillié), que Patrice Urvoy a eu l’idée de raconter sa propre expérience de la prépa, au cœur des années soixante. « Trois années de bonheur », précise-t-il en sous-titre, qui ont confirmé chez lui le goût d’apprendre et l’amour des mathématiques. Loin du personnage ambitieux et arriviste à la Rastignac, héros du roman d’E. Arnaud, Patrice Urvoy met l’accent sur la solidarité et les relations de camaraderie tissées dans l’antichambre des Grandes Ecoles. A travers bon nombre d’anecdotes, il distille également quelques conseils de « bonne hygiène » qui restent largement applicables de nos jours. Et condamne au passage l’ineptie de certains dogmes, comme la séparation des « scientifiques » et des « littéraires » en deux camps que tout opposerait ou encore l’incapacité « naturelle » des filles à exceller en maths… Les années à l’X sont l’occasion d’autres rencontres et d’autres expériences, moins intellectuelles et plus sportives, mais tout aussi formatrices. Leur succède un an de service actif dans la Marine, engagement inattendu de la part d’un antimilitariste déclaré, mais qui s’inscrit néanmoins dans la cohérence d’une discipline que s’impose le personnage.

Ce livre se lit avec curiosité comme le témoignage d’une époque. Elle est bien différente de celle qui a vu Peter arpenter les longs couloirs ouverts aux vents de Pépin, différente aussi de celle où moi-même je tremblais devant les exigences de LLG. Nous avons chacun eu notre façon de vivre ces années si particulières censées nous transformer en adultes, mais il reste en commun le sentiment d’y avoir construit une part non négligeable de ce que nous sommes devenus.

Une version abrégée de cette critique a été publiée dans le magazine Tangente.

Autres critiques

 

Share
Publié dans Uncategorized | Marqué avec , , | Laisser un commentaire

Un truc, pour filer la pêche et remettre en route la machine ?

Oui, la musique. Voici 14 morceaux qui marchent pas mal avec moi.

Poils aux yeux - Debout sur le zinc

 

Tamacun - Rodrigo y Gabriela

 

J’écris faux je chante de la main gauche - Benoît Dorémus

 

Happy - Walk off the earth

 

Sur un fil - Debout sur le zinc

 

Dans la maison monde - Aldebert

 

Smash - The offspring

 

Seven nation army - Ben l'oncle soul

 

L’agriculteur - Ridan

 

Feeling good - Mickaël Bublé

 

Le même train - Eiffel

 

La petite Léonine - K

 

C’est la vie - Celtas Cortos

 

Lambé an dro - Matmatah

 

Share
Publié dans My life | Laisser un commentaire

[#RaysDay] Vous connaissez des gens capables d’avoir douze idées par jour ?

Sûrement.

Vous connaissez des gens capables de les mettre en œuvre ?

C’est beaucoup plus rare, mais Neil Jomunsi en est un.

Le bonhomme cumule les casquettes : éditeur chez la maison numérique Walrus, auteur (Jésus vs Hitler, Je suis Rage…), blogueur sur la Vie des livres, l’Univers des livres et le Reste, humaniste végétarien, un peu Bisounours (et vous savez depuis cet article tout le bien que je pense des Bisounours), fan de Lovecraft et surtout de Ray Bradbury.

Bradbury qu’il a pris au mot en écrivant et publiant une nouvelle par semaine pendant un an, dans le cadre du bien nommé « Projet Bradubury ».

Bradbury qu’il a choisi comme parrain pour organiser une journée (le 22 août, bon anniversaire, Ray !) dédiée à la lecture sous ses formes multiples, et tout aussi bien nommée « Ray’s Day ».

A cette occasion, auteurs, éditeurs, libraires, lecteurs, bloggeurs, ont été invités à partager. Partager quoi ? Ce qu’ils ont à offrir, en témoignage de leur amour pour la lecture et l’écriture.

J’ai choisi pour ma part de vous proposer une courte nouvelle dans l’univers qui m’habite / que j’habite depuis bientôt huit ans : celui de la Tentation de la pseudo-réciproque.

J’ai essayé de respecter le cahier des charges suivant :

  • Une nouvelle qui puisse se lire sans rien connaître de la série de romans
  • Une nouvelle qui en conserve quand même le ton
  • Une nouvelle qui ne spoile pas ceux qui n’ont pas lu mais envisagent de tenter la Tentation
  • Une nouvelle qui contient quelques révélations pour les lecteurs existants (vous êtes au moins douze, je le sais !)
  • Une nouvelle qui crée un lien entre les tomes déjà parus et le tome 8 (le dernier !) prévu pour la fin de l’année.

Parce que, comme Neil, j’aime bien relever les défis compliqués 🙂

Vous pouvez donc télécharger "Top modèle mathématique" aux formats pdf, ePub et Mobi à partir de cette page.

Je vous invite également à suivre le hashtag #RaysDay sur twitter pour profiter de toutes les autres initiatives mises en place à cette occasion.

Bonnes lectures !

Share
Publié dans Uncategorized | Marqué avec , , , | Laisser un commentaire

Que faut-il penser du programme de lecture sur abonnement "Unlimited" d’Amazon ?

Je ne me permettrais pas de vous dire quoi penser sur quel que sujet que ce soit, l’idée de ce post est plutôt de vous exposer ce que j’en pense moi.

L’illimité appliqué aux contenus culturels numériques

L’histoire commence dans le noir puits de l’illégalité, avec la musique tout d’abord (quelqu’un se souvient du haro des majors du disque sur le format mp3 ?) suivi rapidement de la vidéo, la technologie du peer-to-peer ayant fait le lit de cette époque où nous étions tous des pirates (oui, toi aussi, là-bas au fond, comment expliques-tu la présence de tous ces tubes des années 80 sur ton walkman numérique ?). Il suffisait qu’un pékin uploade son contenu rippé et tout le réseau pouvait en profiter. Comme les pékins étaient nombreux, l’offre s’est vue d’un coup exploser par rapport à la capacité de stockage d’un disquaire ou d’un magasin de DVDs, et nous avons goûté à l’infini sans trop nous soucier de la sueur du créateur et de sa juste rémunération. L’illimité a commencé à sortir de son puits avec Deezer et Spotify pour la musique, il en sortira bientôt un peu plus avec des offres comme Netflix pour la vidéo. Il s’agit pour l’essentiel de streaming : les contenus ne sont pas disponibles hors connexion (à moins d’utiliser des logiciels compilés dans le puits pour contourner cette limitation, et même si Spotify offre une option de téléchargement à ses clients premium, cela reste avec des contraintes d’usage importantes). Pour la musique, en tout cas, ces offres ont semblé contribuer au déclin du piratage, même si la rémunération des artistes n’a pas de quoi faire sauter au plafond (je pense qu’ils préfèrent qu’on achète leurs albums en numérique sur iTunes ou… Amazon).

Quid du livre ?

Déjà, il faut accepter qu’à l’instar des contenus audio et vidéo, il s’envisage au format numérique. Ce qui est loin d’être acquis pour pas mal de gens. Ensuite, et même s’il y a quelques initiatives de type « puits » pour proposer de télécharger des ePubs pirates, la proportion de livres disponibles reste inférieure à ce que l’on a vu pour la musique et la vidéo. C’est pire pour les offres légales existantes. Car il y en a déjà, des librairies en lignes qui proposent de consommer la chose écrite sur abonnement. Seulement, elles n’ont pas réussi, pour le moment, à convaincre un panel conséquent d’éditeurs.

C’est sur ce terreau que débarque Amazon avec sa force de frappe cosmique.

Pour dix brouzoufs par mois, vous pouvez gorger votre Kindle de livres (que vous ne lirez peut-être jamais, faux boulimique que vous êtes !). Les livres ne sont toutefois disponibles que le temps que dure votre abonnement au service, il ne s’agit donc pas d’un achat définitif. Le contenu du catalogue reste également une incertitude de taille, puisque les accords se signent éditeur par éditeur dans le plus grand secret. Une hypothèse fait état du reversement d’un montant équivalent à celui généré par un achat, mais pour des formats numériques vendus à des prix situés entre 8 et 15€, ce n’est pas évident (et on comprend au passage pourquoi Amazon essaye d’imposer des prix plus bas aux éditeurs pour leurs livres numériques – ceci est une autre bataille sur un terrain attenant).

Quid des autoédités ?

La situation est plus claire pour la cohorte des auto-édités qui utilisent le service Kindle Direct Publishing.

Ceux qui ont souscrit au programme KDP Select, sa version premium, se trouvent enrôlés de facto. Ce programme, en échange d’une exclusivité de 90 jours, met à disposition de l’auteur indé quelques outils marketings, comme la possibilité d’offrir gratuitement un livre pendant une durée limitée pour en faire la promotion, ou d’entrer dans un système de prêt pour lequel il se fait rémunérer. Amazon a créé un fond renouvelé chaque mois que se partagent les auteurs affiliés en fonction du nombre d’emprunts.

C’est ce fond qui sera également utilisé pour rémunérer les auteurs lus dans le cadre de l’offre illimitée : pour chaque lecteur dépassant le seuil des 10% dans sa barre de lecture, l’auteur marquera un point donnant droit à rémunération.

Un exemple concret

Oui, parce qu'avec un graphique et un peu de maths, c’est plus parlant (et c’est ma marque de fabrique sur ce blog de toute façon ^^).

Amazon_1

En ordonnée : la rémunération mensuelle d’un auteur sur la base d’un fond s’élevant à 1 400 000 euros comme en ce mois de juillet.

En abscisse : le nombre de lectures totales, tous livres confondus, sur un mois.

La courbe rouge suppose 30 titres d’un auteur empruntés par mois, la courbe verte 15 titres. Les chiffres ne sont pas complètement choisis au hasard, je navigue en ce moment entre ces deux eaux avec mes huit livres disponibles sur la plateforme.

Les deux lignes droites représentent une rémunération basée sur des ventes à prix fixe : pour un livre vendu 2,99€, l’auteur perçoit dans les 2€.

Avec ces chiffres, courbes et droites se croisent à 700 000 exemplaires « Unlimited » lus par mois. Cela signifie qu’à partir de plus de 700 000 lectures illimitées au total, l’auteur aurait eu davantage intérêt à ce que ses livres soient achetés dans le cadre d’une offre standard plutôt qu’Unlimited.

De façon plus générale (on aime bien généraliser en maths), il suffit de diviser le montant du fond par le bénéfice rapporté par ouvrage vendu pour voir à quel niveau se situe la zone de basculement pour chaque auteur. Plus un livre vendu traditionnellement (oui, vendre un format Kindle via KDP, c’est en train de devenir traditionnel…) a un prix élevé, plus la bascule interviendra tôt.

Ok, vous allez me dire que je compare des poires et des carottes, qu’il n’est pas établi que l’offre illimitée ne fasse pas lire davantage de livres (je vous sens mûrs pour les doubles négations), que tous les livres achetés dans le cadre d’une offre illimitée ne l’auraient peut-être pas été autrement, que tout le monde ne va pas s’abonner à Unlimited et arrêter d’acheter à l’ancienne mode. Et vous aurez raison. Je vais donc faire un autre graphe.

Amazon_2

Voilà à quoi on arrive en supposant :

1) Cas 1 : que 30 ventes classiques à 2,99€ se sont transformées en 10 ventes unlimited + 25 ventes classiques

2) Cas 2 : que 30 ventes classiques à 2,99€ se sont transformées en 25 ventes unlimited + 10 ventes classiques

C’est un peu troublant d’intégrer que ses revenus varient en fonction d’une donnée qui n’a rien à voir avec notre performance individuelle…

Ce graphe est encore plus rigolo quand on regarde ce qui se passe pour un auteur qui gagne non pas 2€ par livre vendu mais 1€.

Amazon_3

A un chouia près, pour 2 000 000 de lectures Unlimited, tout se vaut.

Pour commencer à gagner de l’argent après avoir abondé un fond de 1,4M€, il suffit à Amazon de signer 140 000 clients à 10€/mois. Histoire de faire un peu de marge, ce qui est quand même le but, disons qu’ils visent 200 000 clients. Combien de lectures par client chaque mois ? 3 ? 5 ? 10 ? Allez, va pour 5.

1 000 000 de lectures Unlimited mensuelles : ça donne une petite idée de l’abscisse à considérer pour évaluer ses revenus.

Taratata

Bon, maintenant que je vous ai assommés de calculs pour ce qui est à ce jour le post le plus long (et peut-être le plus barbant) de ce blog, je vais quand même préciser que je ne souscrirai à l’offre d’Amazon ni en tant que lectrice ni en tant qu’auteur.

En tant que lectrice : je n’aime pas être dans l’incertitude d’avoir filé ou non à un auteur de quoi se payer un paquet de fraises Tagada. Je n’aime pas qu’un abonnement me pousse à consommer pour que je sente que j’en ai eu pour mon argent. Je n’aime pas la préselection, la paresse que cette offre risque d’induire chez moi et qui m’empêcherait de regarder ailleurs s’il y a mieux. Je n’aime pas l’idée qu’un livre disparaisse de ma bibliothèque à la fin d’un abonnement. Je n’aime pas sentir des menottes à mes poignets.

En tant qu’auteur : je n’aime pas qu’un fond administré de façon arbitraire décide de ce que vaut ma prose. Je n’aime pas l’idée d’exclusivité liée à KDP Select. Je n’aime pas sentir des menottes aux poignets de mes lecteurs.

Conclusion (enfin !)

Je comprends que la relation entre les auteurs autoédités et Amazon puisse être compliquée. Depuis le début de l’année, je réalise 80% de mes ventes sur cette plateforme. Le processus de publication est clair, j’ai pu coupler mes livres numériques avec leur pendant papier, j’y ai plein de petites étoiles laissées par des lecteurs. Mais ça ne suffit pas à m’acheter.

Vous allez me dire: pourquoi, dans ce cas, avoir passé une soirée à tracer des graphes sous Excel et à simuler des revenus sur des bases aussi solides que celles d’un article de Voici, au lieu d’avancer dans l’écriture du tome 8 de la Tentation de la pseudo-réciproque…

Et encore une fois, vous aurez raison.

Pour approfondir le sujet

Article lié

Share
Publié dans Uncategorized | Marqué avec , , , | 3 commentaires

Qu’y a-t-il de commun entre Bouddha, Shiva, le Rien et le Cricket ?

Un livre : celui de Claire Maen. Et aussi l’Inde, le pays dont il est question.

BSRC_couvDès les premières lignes, le lecteur est plongé dans le bouillonnement brouillon qui caractérise les grandes villes de ce pays-continent, une agitation qui enivre souvent, énerve parfois, ne laisse jamais indifférent.

En compagnie de Nali, jeune femme débarquant de Paris pour visiter la réalité de l’Inde, on se laisse porter de ville en ville, de rencontre en rencontre, toutes prétextes à des questionnements dont certains finissent par se voir proposer des réponses. Il n’y a pas d’autre fil directeur que ce cheminement dans la quête d’un certain apaisement, nourrie du besoin universel de trouver du sens à notre présence dans un monde qui ne tourne pas toujours très rond.

L’écriture est riche, globalement soignée, donne lieu à quelques très beaux passages et sert à merveille le propos parfois complexe de ce court roman.

On y trouve aussi une rapide introduction au bouddhisme, aux upanishads (textes philosophiques qui servent de socle à la religion hindoue) et une histoire d’amour – celle que l’auteur semble avoir noué avec l’Inde.

Un roman de dépaysement à lire pour se plonger dans une ambiance particulière, faire remonter quelques souvenirs pour ceux qui connaissent ce pays, et permettre aux autres de décider si l’aventure, qui remue forcément les tripes - dans tous les sens du terme ! - mérite d’être tentée.

Pour se le procurer:

Voir le site de l'auteur.

 

 

Share
Publié dans Coups de coeur | Laisser un commentaire

Qu'est-ce qu'un poisson-perroquet peut connaître à la félicité ?

lfddpImprobable. Vous savez à quel point j’affectionne ce mot et l’idée à laquelle il renvoie – il doit en traîner au moins un dans chaque tome de LTPR. L’improbable, c’est une promesse de surprise, un détour hors des sentiers battus, un petit coin d’inattendu. Improbable : c’est la façon dont on pourrait qualifier, au premier abord, l’affection particulière que j’éprouve envers « la félicité du poisson-perroquet » ; un roman qui, malgré son titre « LTPR-friendly », n’est ni policier, ni humoristique, ni politique, ni mathématique. Pas non plus truffé de trolls et de dragons, de vampires et de loups garous, pas plus que de vaisseaux spatiaux et de technologies du futur délirantes. Mais un roman qui parle de sentiments, qui raconte des personnages, dans une histoire au fil ténu mais néanmoins très dense.

 

Lisa, trentenaire, parisienne. Une rupture et dans la foulée, comme un besoin de se décrasser la tête. Pourquoi pas à l’autre bout du monde, en Indonésie, sur Nusa Kodok, « l’île aux grenouilles », lieu idéal pour pratiquer la plongée et se perdre au milieu des poissons ?

C’est l’expérience que nous raconte Hélène Reynaud dans un récit intimiste émaillé de références musicales, avec un style qui coule comme de l’eau de mer entre les doigts de pieds. On suit Lisa dans sa découverte d’un ailleurs qui s’impose peu à peu comme un ici, on rencontre sa bande de potes qui devient rapidement notre bande de potes. Ben, Alex, Nicole, Matt… Et pour dynamiter tout ça, le personnage de « la Mégère », dont je vous laisse découvrir l’essence véritable. Cela donne tout un petit univers à la simplicité trompeuse, parce qu’il n’y a rien de plus compliqué que la recherche du bonheur. C’est bien de cela qu’il s’agit, au fond : trouver cet équilibre fragile du corps et de l’âme, le point de flottaison, l’endroit où on doit être, avec la personne qu’il faut. En quoi, finalement, l’île aux grenouilles de Lisa n’est pas très différente de l’île aux tortues de Peter…

En conclusion : un roman dépaysant sur la quête du bonheur, plein de doutes et de questions, tricoté d’espoir et cousu de fils multicolores dans lequel je vous invite à plonger, au milieu des raies Manta et des poissons-perroquets.

Extraits:

" Comment n’ai-je pas plus de souvenirs de lui sous l’eau l’an dernier ? Sa fluidité aurait dû me frapper. Il bouge quasiment sans effort, un coup de palme de temps à autre. Mouvements parfaitement maîtrisés, économes en énergie. Jamais il n’effleure les coraux autour de nous en s'approchant pour observer le récif. Bras croisés sur la poitrine, parfaitement horizontal, il fait corps avec l’océan au même titre que les poissons qui évoluent autour de nous. Seules les bulles qui s’échappent de son détendeur rappellent qu’il respire. Au bout d’une demi-heure, nous commençons à remonter le long du tombant et comparons nos jauges : nous avons quasiment la même réserve d'air. Il doit faire deux fois mon poids et consomme à peine plus. En le voyant, je me dis simplement : moi aussi, je veux savoir plonger comme ça.

Immanquablement, être sous la surface me détend. À son côté, je me sens en sécurité. Dans l’eau, flottent entre nous une harmonie nouvelle, une quiétude apaisante. Je n'ai pas besoin de pouvoir lui parler pour lire dans ses yeux le même bonheur évident, celui qui rend toute parole inutile."

 " — Tu sais, la semaine dernière sous l’eau, je regardais les poissons, ceux que je vois tous les jours. Je suis restée à contempler un poisson-perroquet, en train de faire sa vie sur le récif, fouinant le corail, se baladant, tranquillement. C’est idiot, mais ça m’a fait envie. Certains jours, je voudrais être un poisson-perroquet. Pas d’emmerdes, pas de problèmes existentiels, pas de relations conflictuelles. Tu te promènes, tu fais ta vie, peut-être que tu te trouves une copine et tu fais des petits poissons-perroquets. Ou pas d’ailleurs. Et puis un jour, tu te fais bouffer ou pêcher. Et tu meurs. Voilà, simple. Ils doivent être heureux, les poissons-perroquets."

Pour se le procurer:

- Amazon: formats kindle et papier

- lulu.com: formats epub et papier

Le site de l'auteur: http://lafdpp.blogspot.fr/

Share
Publié dans Coups de coeur | Laisser un commentaire

Comment ne pas tomber du côté lourdingue de la force quand on a un truc à vendre ?

L'autoédition est un formidable champ d'expérimentation en ce qui concerne l'écriture - parce que oui, vous pouvez maintenant raconter l'histoire d'un phacochère neurasthénique champion du monde de sudoku envoyé sur la planète Vega pour y apporter un message de paix et d’amour, en alexandrin si ça vous botte, et vous donner des chances de trouver des lecteurs pour adhérer à ce fantastique projet - mais aussi pour tout ce qui touche à la communication.

Communication, oui mais : comment ne pas sombrer du côté lourdingue de la force quand on a un "truc" à vendre ? Le fait que le truc en question ait été tricoté avec vos tripes ne change rien à la perception du récipiendaire de vos messages publicitaires. Et même si, quoi qu’on fasse, on est toujours le lourdingue de quelqu’un (« Ne me SUIS PAS sur Twitter, c’est du HARCELEMENT ! »), on doit quand même tâcher de polluer le moins possible les yeux et les oreilles des gens avec notre « message à l’intention du monde ».

Tous les autoédités sont obligés de se poser à un moment ou à un autre la question de l’autopromotion.

Certains en font des articles de blog pour partager leur expérience sur le sujet – je vais en citer deux qui décrivent de façon assez complète les bonnes pratiques : Comment réussir dans l’auto-édition ? Être visible de Thibault Delavaud et surtout Réflexions sur l’auto-promotion de Jérôme Dumont.

La meilleure voie, à mon sens, est aussi la plus facile à suivre (pour une fois) : tant que promotion rime avec plaisir et sincérité, on ne prend guère de risque. En y ajoutant une pincée de « osef que ça marche ou pas », on a de bonnes chances d’atteindre la sérénité propice à ce qui reste l’essentiel : écrire.

J’insiste sur la pincée d’osef : sans elle, le risque est grand de succomber au « spleen de l’auteur » très bien illustré dans cet article de J. Heska.

Les réseaux sociaux et les blogs sont les outils de base des autoédités, mais il y a également quelques idées originales qui naissent dans les cerveaux fertiles de certains auteurs indés. Et quand ces idées se mettent au service non seulement d’un auteur mais aussi de la « communauté », on touche réellement à la promotion intelligente : celle où pour parler de soi, on parle d’abord des autres.

Quelques exemples :

Hervé Loth a mis en place le site http://www.poulpican.fr/ qui permet d’assurer la distribution de livres autoédités.

Isabelle Bouvier a lancé une radio des auteurs, où chaque auteur peut ajouter une chanson qu’il associe à un livre qu’il a écrit.

Chris Simon publie chaque semaine un « e-magazine » où elle référence des articles qui traitent de l’édition et du monde des livres numériques, avec une bonne place réservée aux autoédités.

Jérôme Dumont propose à nos personnages des « entretiens d’embauche » : voici d’ailleurs celui du chat Perlipopette (où l’on découvre qu’il a un melon de la taille d’une pastèque…).

Il y a certainement bien d’autres initiatives qui, si elles ne suppléent pas l’absence d’un éditeur, viennent apporter à l’autoédité, par petites touches, ce qui lui fait si cruellement défaut : un peu de visibilité.

Et à l’heure où le monde de l’édition classique semble plus fermé et inaccessible que jamais, cette somme de volontés au service de l’écrit et de son partage pourrait bien contribuer à transformer le statut d’auteur autoédité en celui qui, seul, fait réellement sens : celui d’auteur tout court.

 

Share
Publié dans Uncategorized | Laisser un commentaire

Qu'est-ce que ça fait de se faire pirater son livre ?

Ça fait dire: bonne lecture.

 

 

 

 

 

 

Share
Publié dans Making-of | Marqué avec , | 6 commentaires

Qu’est-ce que la réussite ?

Il arrive parfois, quand vous envoyez votre manuscrit à un éditeur, que ce dernier prenne le temps de vous expliquer avec un minimum de détails pourquoi il ne vous ouvre pas ses portes. Dans quelques rares cas, l’analyse est tellement poussée qu’elle tient à la psychanalyse, et vous vous retrouvez avec quelques questions existentielles sur les bras. Je vais garder la plupart de ces dernières pour moi, mais il y en a tout de même une qui mérite à mes yeux d’être partagée.

Il s’agit de la question de la Question.

Pour cet éditeur, un bon livre doit poser une question. Qu’il y réponde n’est pas indispensable, mais il doit au moins exister une interrogation fondamentale qui traverse le livre de la première page à la dernière. Telle une rivière souterraine faisant de temps en temps surface, elle doit conduire le lecteur (qui ignore en général que l’auteur l’a embarqué dans une pirogue) jusqu’à sa destination finale.

Je suis absolument en phase avec cette vision des choses.

Il s’avère (hélas pour moi) que l’éditeur n’a pas vu la « question » de la Tentation. Je me dis qu’il ne doit pas être le seul, alors tel un illusionniste dévoilant le « truc » derrière un tour raté, je vais vous la révéler.

Elle donne son titre à ce post.

Evidemment, que je consacre neuf ans et neuf livres à en faire le tour vous donne une idée de l’importance qu’elle a eue pour moi. Et j’ai fini par trouver « ma » réponse, celle qui me satisfait - la plupart du temps.

Puisque nous en sommes venus aux confidences, je vais vous avouer autre chose : si je ne me suis pas contenté d’une psychanalyse et d’une introspection accompagné de quelques p’tits verres de chouchen, ce n’est pas uniquement parce que l’abus de divan et d’alcool est dangereux pour la santé mais aussi parce que j’ai besoin que d’autres que moi se posent cette question.

Qu’est-ce que la réussite pour vous ? Tient-elle à ce que vous êtes ou bien à ce que vous avez ?

J’imagine que les réponses sont diverses… Au travers de mes romans, j’en ai pensé à quelques-unes.

- Un château à la campagne, un loft dans un immeuble parisien, un pavillon de banlieue ou bien la certitude d’avoir un toit sur sa tête, fût-ce seulement jusqu’au lendemain ?

- Au poignet, une Rolex, une Swatch, un truc quelconque qui donne l’heure, ou bien l’absence du besoin de savoir l'heure qu'il est ?

- Une Ferrari, une Mercedes, n’importe quelle bagnole qui roule ou bien des pieds qui peuvent vous porter jusque là où vous avez envie d’aller ?

- Une bibliothèque, une étagère de livres, une liseuse, ou bien une mémoire capable de se souvenir de tous les bons bouquins que vous avez lus ?

- Des amis, des amours, l’Amour ou bien la conscience profonde de tous les fils qui vous relient au reste de l’humanité ?

- Un empire, un patrimoine, un salaire fixe qui tombe tous les mois ou bien l’impression sans rapport avec vos émoluments de faire exactement ce pour quoi vous êtes venu au monde ?

- Des dizaines de milliers de romans vendus, un éditeur prestigieux, un livre dans une librairie ou bien une poignée de lecteurs prêts à vous suivre jusqu’au bout de votre histoire ?

- Le pouvoir sur tous, le pouvoir sur les siens, le pouvoir sur soi, ou bien celui de décider, indépendamment du regard des autres, qu’on a déjà réussi ?

Il n’y a pas de bonne réponse, surtout pas une succession hypocrite de « case D » - moi, par exemple, j’aimerais bien avoir une Mercedes 🙂

Mais en ces temps de pessimisme nécrosant et de nonisme buté, de désespérance complaisante et d’auto-apitoiement alimenté par une vue chromatiquement déformée du jardin du voisin, je pense qu’il n’est pas inutile de prendre quelques instants pour se remettre en tête ses objectifs. Le seul risque que l’on court est de découvrir que l’on en a déjà atteints quelques-uns.

Et d’ailleurs… Si la réussite se mesurait en réalité en une unité qui ne nous sera jamais totalement accessible : en nombre de sourires qu’on aura su faire naître sur notre parcours ?

Ça y est, je l’ai lu sur vos lèvres, le terme consacré qui balaie d’un ricanement moqueur tout ce qui porte la marque infamante de la gentillesse : « bisounours ».

« Nous ne vivons pas dans un monde de bisounours. » Je ne sais pas ce que ces personnages de dessins animés ont pu faire aux jeunes téléspectateurs français des années 80, mais je sais que cette expression me fait saigner des oreilles. (Surtout depuis que je l’ai entendue dans la bouche d’Eric Zemmour pour justifier les casseroles de nos hommes politiques.) Cette phrase d’apparence anodine est dangereuse. Elle légitime n’importe quel comportement, n’importe quel coup bas, et bloque toute aspiration à « un monde meilleur ».

Nous ne vivons peut-être pas dans un monde de bisounours, mais ce serait à mes yeux une réussite ultime que les réflexions de mes personnages vous donnent envie de mieux le définir. De ne plus le mépriser. De ne plus en avoir peur. De l’inscrire à nouveau dans le champ des possibles.

Et pourquoi pas, de m’aider à le construire.

 

Share
Publié dans Uncategorized | Marqué avec | 4 commentaires